dimanche 2 novembre 2014

FR Louis XIV Conditions de vie des marins et colons français - Rhum du Père Labat - Habillement du marins - Règlements à bord - Expéditions - Partie 8

Conditions de vie des marins et des colons français
Nos ancêtres étaient à bord des navires vers la Nouvelle-France
Alcools et vin


Partie 8
Rhum Père Labat
 


Nous la vîmes en effet distinctement quelques moments après, avec un navire qui était sur le côté. Aussitôt grande dispute entre nos gens ; les uns voulaient que ce fût une île qu’on n’avait pas encore vue et peut-être de nouvelle création ; le capitaine et le pilote soutenaient que ce ne pouvait être que la petite île d’Avès ou des Oiseaux, qu’il ne faut pas confondre avec celle du même nom qui est au vent de Corossol, où le maréchal d’Estrées alla se casser le nez avec toute sa flotte en 167..., mais la petite île d’Avès est cinquante lieues sous le vent de la Dominique, est et ouest de la grande savane, et il ne paraissait pas naturel que nous eussions pu faire ce chemin en sept heures.


C’était pourtant la petite île d’Avès, nous y mouillâmes sur les sept heures du matin, à un demi-quart de lieue au vent du navire échoué. La pluie cessa sur les huit heures, le vent d’est commença à se faire sentir et la mer fut aussi tranquille à dix heures que s’il n’y avait point eu de tempête peu d’heures auparavant. Nos gens changèrent d’habits, c’est- à-dire qu’ils prirent des chemises et des caleçons secs ; quelques coups d’eau-de-vie réparèrent les forces perdues par le travail de la nuit passée, nous fîmes la prière et puis nous déjeunâmes de grand appétit; nous tînmes conseil en mangeant et aussitôt après le capitaine, le quartier-maître, autant d’hommes que le canot en put contenir et bien armés descendirent à terre.

Le commandant d'un bâtiment du Roi le plus élevé en grade donne ordinairement un banquet. Il accueille alors à son bord les autorités gouvernementales et portuaires.
 
Les officiers écoutent parfois de la musique dans leurs moments de loisir et jouent même de certains instruments:

Monsieur de Fontenu qui aime beaucoup la musique et qui chante proprement avait mené un musicien avec lui: Il avait un clavecin, une Basse et d'autres instruments aux quels trois Hautbois de la Compagnie de Monsieur le Chevalier de Chavagnac joignaient les leurs. Dans le beau temps on concertait et le plaisir que nous y trouvions faisait oublier que nous étions sur les flots.
Louis-Joseph Montcalm

Cette note est extraite du journal de voyage de l'écrivain Dièreville, alors qu'il rentre de Port-Royal en France en 1701 à bord du vaisseau l'Avenant. Chavagnac est le commandant et Fontenu, commissaire de marine.

Ces distractions mises à part, les matelots peuvent toujours fumer la pipe, danser sur le gaillard, ou tonitruer quelques chansons. Nous pouvons lire en encart une version un peu gaillarde de la chanson, " M'en revenant de la Jolie Rochelle». S'ils jouent aux cartes, aux échecs, ou aux dés, ils ne peuvent pas y engager de l'argent. Quant aux passagers, ils n'ont souvent que la lecture et l'écriture pour se distraire. " «J'écris uniquement pour m'amuser et passer le temps», déclare l'enseigne Parscau Du Plessis.

Mais comme l'écrit Dièreville, « on ne scaurait toujours être dans la lecture", ou selon Montcalm, « il n'y a que ceux qui ne sont jamais allé sur la mer qui s'imaginent qu'on peut s'y livrer a des études suivies et sérieuses ». Les passagers n'ont plus qu'à converser et à observer les autres bâtiments au hasard des rencontres. Pour l'auteur d'un mémoire de 1762 qui écrit, « On ose avancer que la récréation est nécessaire à l'homme comme les aliments », ces quelques divertissements en mer ne satisfont sans doute pas tous les besoins.
Vêtements des marins


-Deux sacs dans lesquels se sont trouvé les hardes et linges
-Quatre chemises de differente toile a demye usées
- Quatre vieux mouchoirs de poche de col
- Un autre mouchoir très vieux et déchiré
- Cinq vielles paires de bas a trois laines
- Deux vieux bonnets drapes
- Trois bandages de toile
- Une vielle varuze de grosse toile
- Deux vielles paires de grande culotte de toile
- Trois paires de culottes dont une de panne vielle et trouée couleur bleue et les deux autres d'étoffes de couleur brune et bleu
- Une paire de vieu soulier avec ses boucles detain
- Un paltot de bure double d'étoffe blanche presque neuf
- Une veste et une camizolle d'etoffe rouge doublé la veste seulement de serge blanche, le col presque usé
- Un mauvais « vieu » gilet sans manche avec une vielle camisolle
- Un vieu buriot raccomodé de taille a vaille
- Un vieu capot avec un capuchon de grosse etoffe blanche
- Une paire de botte demi use etant meme perce
- Deux sacs de toile contenant les guenilles. »

Règlements à bord des voiliers

« Il est ordonne a l'équipage et soldats qui sont a bord du Superbe d'observer les ordonnances sy apres sur penne de subir les pennes sy apres.
Scavoir «à savoir»
 
Premier
Toute officiers majors que mariniers et les matelots se trouveront exactement a le sus penne de perdre la rancion a moins d'incommodite. 


Deuxième
Toute personne qui feumera san capuchon et en derriere du grand mast il perder racion.


Troisième
Tout ceux qui seront surpris de fere leur urines le Ion du courcibe perderont leur ration de la journée.
Quatrième
Ceux qui fairant leur ordure entrepont aura 50 coup de garsette amarre sur un cable
Cinquième
Ceux qui manqueront au quarts perdront la rancion de la journée a moins d'incommodite
Sixième
Sy on se bat soit matelot ou soldat seront amarres sur un cannon et on le metenu pin a lau pendant 4 jours.
Septième
Si on se donne aucun coup d'arme les uns aux autres auront 50 coup de garses - à un cannon et de la au fers pandt 8 jours aupin a lau.
Huitième
Sy quelquun savise de voiler quel cosse que ce soit a son camarade sera passe pa ,. et perdera la rancion pandt 15 jours.
Neuvième
Sy quelquun est insulte par ces compagnons portera sa plainte a loffice de quel matelot sy cet un soldat a ses officiers illuy sera randujustice.
Dixième
Tous ceux qui ne porteront pas leur bidon pour la rancion a lapel perderon 
Onzième
Sy soit mastelot ou soldat sil a se plindre sur la rancion portera sa phinte a quart.
Deuxième
Sy quelquun savise de feumer la pipe a lentrepon ou sa painne sera privé pour clon et mis au fers au pin a lau.

Conclusion

Les communications transatlantiques se résument
en quatre mots les idées maîtresses de cette période


Soutien – Incertitude - Effort - Dénuement


Entre la France et la Nouvelle-France, des voiliers, jaugeant entre 35 et 1 500 tonneaux, sillonnent l'Atlantique. Ces bâtiments peuvent porter jusqu'à 80 canons. Ils assurent leur propre défense ou en convoient d'autres. Ils permettent les échanges commerciaux ou le ravitaillement en poissons des pays européens. On crée ainsi tout un réseau de liens politiques et économiques entre la métropole et sa colonie, dont le voilier est le support nécessaire.

Avec deux catégories d'armement, regroupant chacune cinq types de bâtiments, la présence de l'État et de l'entreprise privée est assurée sur l'Atlantique Nord.


En temps de paix, un ou deux bâtiments suffisent à assurer la présence royale soit pour soutenir le développement de la colonie, soit pour défendre les intérêts de la marine marchande.


En période de conflit, la participation de l'État est un peu plus grande et, en 1757 par exemple, le quart de la puissance maritime française navigue dans les eaux nord-américaines. La présence française diminue par la suite, conséquence logique d'une politique imprévoyante de Construction navale plutôt que geste volontaire. La stratégie métropolitaine est moins, cependant, d'assurer le contrôle d'une route que d'apporter des secours à sa colonie.


Ce soutien nécessite des déboursés importants se chiffrant dans les millions de livres afin d'armer tous ces bâtiments. Les coûts sont d'autant plus élevés que les vaisseaux, partant pour le Canada, sont armés en flûtes, ce qui signifie des opérations plus longues de chargement, des approvisionnements en plus grande quantité et un personnel plus important pour suffire à la tâche. Sous leur escorte voyage des bâtiments marchands dont le tonnage obéit aux exigences du commerce avec une activité qui suit une courbe directement reliée à la protection reçue.

Les tempêtes, brumes et glaces, cartes et instruments imprécis, pirates et corsaires, tous ces facteurs peuvent se conjuguer pour rendre incertaines les traversées de l'Atlantique Nord. La route suivie doit sans n'échappent pas à la violence des éléments lorsqu'ils se déchaînent. Et pour les matelots, la literie est sommaire, les vêtements sont limités, l'hygiène est inexistante et le régime alimentaire souffre de carence nutritive. La maladie peut donc facilement faire des ravages sur les voiliers. Les matelots se déplacent dans un monde fait d'obligations et d'interdits où il devient difficile de distinguer entre les convictions et l'obligatoire. Leur réputation souffre du mépris dans lequel leurs contemporains les tiennent, mais même s'ils ont peut-être des raisons, les matelots n'ont pas l'occasion d'être plus indisciplinés ou querelleurs que d'autres groupes sociaux.

Entre France et Nouvelle-France est peut-être un titre général, vaste comme l'océan qui les sépare. Il n'est certes pas plus grand que l'ambition et le courage de ceux qui s'aventurent sur l'Atlantique Nord.


Entre France et Nouvelle-France, c'est la description d'un moyen de transport, d'une voie de communication, d'une expérience humaine, et d'un milieu de vie. Aventure militaire, commerciale et scientifique, la traversée de l'Atlantique Nord est aussi aventure de société. Elle illustre des stratégies de développement politique et économique. Elle invite des hommes au dépassement dans l'effort. Victoire sur la peur, le voyage, même avec toutes ses contraintes matérielles, ne réussit pas à effacer les préjugés. Dans l'univers difficile où il se déroule, il constitue cependant une belle réussite.

    «Récit dune conversation tenue entre il s'emporta fort et bien mal à propos.»

Je venay de bord du vaissaux le Mercure metans le pied a mon bord je trouve mais officiers a droit et a gauche de mot qu'est venu me recevoir je les salué et ayant fait un pas en avant japersue Monsieur Dupierrie fils que je Salué aussy qui estet dans le devant de mon batiment qui estet venu a mon bord pour fairre prandre de l'eau.

Ayant entré en comersation nous tombames sur le chapitre dais femmes et dais aumonier, Je lui di quil a dais aumonier qui estet aussi genant a bord dun vaissaux.
Corsaires Je luy repondy que je croyais que Ion punissait tous seux que le meritait lais un dune fasson et lais autre dune autre il me dit que non je luy demandé pourquoy il me repondy que dans leurs cors il ny avet que dais gantizommes et dans le notre il ny avet que dais manant Je luy dy quil ny avait point de regle sans equeseption, qui! se trouvet dans notre cors de tres honeste gans et de bonne famille qui se trouvet obligé de prandre se party en fautte de bien a quoy il ma repondu qui! sans trouvet rarement, et tout deun coup le feu luy montant au vizage il me dit que je l'annuyay et quejavay moy maimme lair d'un manant se servant en maimme tant de terme que le papier ne permet pas que je sitte don je donne apancer. Ensuitte de quoy je luy dit quil ce trompet que quoy quejaytay au servisse du marchandjaytay gantizomme comme luy.

Ne me faizent point d'autre réponce que de me dirre que javay lair deun manant, Et que sil prenet un baton quil me batonneret Je luy repondy que je netay point un homme a treter a coup de baton et quil ny avet jamay eu personne dans ma famille a treter de cette fasson quil navet qua sinformer dans lesquadre qui jaytay que jy avay dais parant et que mon perre estet lieutenant colonel dans le regimant de quoaquien et chevalier de St. Louis et que javay mon frerre ené capne dans le regimant Detrenel, autrefois mon conseil.


M. Dupierrie mayant ecouté sait un peu apaizé et ma dit que sil setet emporté de la fason set a cauze que je lavay pas salué en entrant a mon bord, je luy dy quil avet tort que javayeu Ihonneur de luy fairre ma reverance mais que peutaitre comme il estet en avant il ne sans etait pas aperseu que je navay pas este ases mal elevé pour ne pas saluer un honestome quand je me trouvay a la proquesimité et que je me faisay toujour honneur de saluer toute sorte doneste gans.

Je pances que si monsieur pierrie est fache contre moy que sait aveq grand tort et que je devray estre plus faché que luy car dais coup de baton sais une chosse bien durre a un honeste homme.

D'un incident survenu à bord de la goélette la Marguerite appartenant aux Leneuf de Beaubassin, de Louisbourg. La goélette est alors frétée par le roy et sert comme bâtiment d'approvisionnement dans l'escadre du duc d'Anville en 1746. Pierre Robin en est alors le capitaine.
 
Hécatombe dans l’équipage de la Renommée le jeudi 19 novembre 2009, par Jean-Yves Le Lan.
 
La Renommée est un navire de la Compagnie des Indes (500 tonneaux) qui quitte le port de Lorient pour une opération de traite à Juda. Le navire part le 22 décembre 1738 avec un équipage de 96 hommes (88 pour l’équipage de base et 8 en complément) sous le commandement du capitaine Ignace Bart (ou Bazt) de Port-Louis. Il y a aussi 9 passagers comprenant un aumônier et du personnel pour Juda.

Après avoir chargé sa « cargaison humaine » composée de 460 noirs dont 207 hommes, 165 femmes, 59 garçons et 29 filles, la Renommée navigue vers la Martinique. Le navire revient ensuite sur Lorient le 12 août 1740.
 
Cette opération de traite triangulaire est une opération qui décime l’équipage de la Renommée, probablement en grande partie par maladies. En effet, il y a 47 personnes qui décèdent pendant cette campagne: 33 personnes en mer ou dans les ports d’escale et 14 personnes à Juda et à l’île au Prince. Le navire est obligé d’embarquer 19 marins en Martinique pour remplacer les pertes subies.
 
Pour ceux qui auraient un ancêtre ayant embarqué sur ce navire, je donne ci-après la liste des personnes décédées pendant ce voyage avec la date du décès et les conditions quand elles sont précisées sur le rôle d’équipage.


Histoire du navire La Renommée


La première expédition de La Renommée a lieu, l'année de sa construction, sous le capitaine de vaisseau Pierre Le Moyne d'Iberville. En 1697, d’Iberville parti explorer la Nouvelle-France est rappelé en France par le ministre de la Marine qui le nomme chef d’une expédition d’exploration destinée à redécouvrir l'embouchure du fleuve Mississippi et à coloniser la Louisiane que les Britanniques convoitaient. D’Iberville embarque à Rochefort-sur-Mer, à bord de La Renommée, en compagnie de son frère Joseph Le Moyne de Sérigny, capitaine du Palmier.
Pierre LeMoyne d’Iberville


L'escadre française met les voiles de Brest le 24 octobre 1698. Le 25 janvier 1699, après trois mois de navigation, elle arrive à l’île de Santa Rosa face à la colonie espagnole de Pensacola, en Floride. D’Iberville part pour la baie de Mobile, et commence à explorer l’île Massacre, appelée plus tard île Dauphine. Il s’arrête entre Cat Island et Ship Island le 13 février 1699, puis continue ses explorations jusqu’au continent, à Biloxi, avec son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville. Il y construit un fort, appelé Fort Maurepas ou Old Biloxi, au nord-est de la Baie de Biloxi, le 1er mai 1699, proche de la ville actuelle d'Ocean Springs.
Rentrée en France, La Renommée est mis au mouillage aux ports de La Rochelle et de Rochefort-sur-mer pendant l'été 1701, dans l'attente de recevoir des instructions, découlant des discussions entre les Cours françaises et espagnoles.


Début novembre 1701, elle échappe de peu à des vaisseaux corsaires, au nord d'Hispaniola. Le 7 novembre, elle fait escale au port de Cap-Français à Saint-Domingue (actuelle Haïti) pour réparation, le Palmier ayant perdu son mât, après avoir été frappé par la foudre. Ces réparations effectuées, l'escadre reprend la mer en direction de Mobile, où d'Iberville avait envoyé son frère en éclaireur, elle contourne le cap Saint-Antoine (en espagnol : Cabo San Antonio) à l'ouest de Cuba et s'enfonce dans le golfe du Mexique et atteint Pensacola le 15 décembre.


Dans les années 1710, le vaisseau sert entre la France et les Antilles et participe au développement de la Louisiane française.
La Renommée sert jusqu'en 1723, date à laquelle le vaisseau est retiré du service.




Suite voir partie 9


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