dimanche 31 janvier 2016

Cathrine Mercier matyr et les scaps- Ancêtre Laprise-Mercier-Trépanier

Martyre de Catherine Mercier et les scalps - Ancêtre des familles Mercier
 
Il est question du rapt et du martyre de Catherine Mercier dans plusieurs ouvrages sur la Nouvelle-France. Elle épousa Jean Boudart à La Rochelle, France, en 1642. Le jeune couple est-il arrivé à Montréal en même temps que son fondateur, Sieur de Maisonneuve?  Peut-être!


 
La première fois dont il est question de Jean Boudart et Marie Mercier en Amérique du Nord remonte à 1649.  Le 29 août, ils firent baptiser, à Montréal, un enfant du prénom de Marie qui mourut peu après la naissance et fut inhumée le premier septembre de cette année-là.

C'est en 1651 qu'eut lieu à Villemarie, à la vue du Fort, la mort cruelle de Jean et l'enlèvement à l'improviste de Catherine par les Iroquois.  Le 6 mai, huit ou dix de ceux-ci surprennent le Grand-Jean Boudart et l'un de ses voisins, Jean Chicot, défrichant la terre à l'orée du bois.  Ils se lancent à la poursuite des deux colons.  Dans sa fuite, Chicot se cache sous un arbre récemment abattu, alors que Jean Boudart se dirige vers sa demeure.  À proximité de sa maison, il rencontre sa femme et lui demande si le logis est ouvert.
 
Non, lui répond-elle, je l'ai fermé.
Ah! s'écrie alors Boudart, voilà notre mort à nous deux! 
Fuyons promptement!'.

Jean Boudart et Catherine Mercier se dirigent à la grande course vers la maison. Les Iroquois saisissent la femme qui ne peut courir à la même vitesse que son mari. Rendu près du logis et presque sauvé, le Grand-Jean se laisse attendrir par les cris et la voix de Catherine et revient sur ses pas pour la défendre contre leurs ennemis. Il saute sur les Iroquois à coups de poing. Ne pouvant se débarrasser du mari assaillant, ni le faire prisonnier, les barbares le massacrent sur le lieu même. Ils lui coupent la tête qu'ils vont emporter comme trophée de guerre. Ils retiennent sa femme comme captive et se lancent à la recherche de Jean Chicot.


Dès qu'ils le découvrent, l'infortuné compagnon de Grand-Jean résiste violemment à ses agresseurs. Il se défend, même sans arme, contre tous ces barbares avec une très grande vigueur. Il les frappe si durement des pieds et poings que les attaquants ne réussissent pas à l'entraîner avec eux, ni à le faire prisonnier. Craignant la contre-attaque des français alertés qui viennent au secours de Chicot, les Iroquois décident de scalper le compagnon de Grand-Jean.

Vainqueurs de cette attaque furtive sur des pionniers de la jeune colonie naissante de Ville-Marie, les assaillants se dirigent en vitesse vers le Saint-Laurent, le vieux port du Montréal d'aujourd'hui, avec le scalp de Jean Chicot, incluant une petite partie de son crâne, la tête de Grand-Jean Boudart et l'infortunée captive, Catherine Mercier.  Quel butin pour ces barbares qui retournent dans leur pays!

Les funérailles de Jean Boudart eurent lieu le lendemain de sa décollation.  L'acte de sépulture rédigé en latin, renferme les détails qui suivent.  La traduction est du Père Adrien Pouliot S.J.

L'an du Seigneur 1651, le 6 mai, Jean Boudart a été tué par les Iroquois (Hirocis); sa femme, Catherine Mercier, a été faite captive.  Tous deux étaient d'une grande vertu; tous deux avaient reçu, peu auparavant, les sacrements qu'ils fréquentaient très souvent.  Le lendemain 7 mai, le même Jean Boudart a été inhumé dans notre cimetière par moi Claude Pijart, prêtre de la Compagnie de Jésus'.

Ou se trouvait le cimetière des Jésuites dans l'Ile de Montréal?  A quel endroit a-t-on déposé le corps sans tête de Jean Boudart eurent lieu le lendemain de sa décollation.  L'acte de sépulture rédigé en latin, renferme les détails qui suivent.  Impossible à l'auteur de préciser l'endroit exact de l'ensevelissement.
 
Le Scalp
 
D'après Faillon, le scalpé Chicot survécut près de 14 ans sans chevelure ni une partie de la boîte crânienne que les Iroquois lui avaient enlevées le 6 mai 1651.

La pauvre Catherine Mercier fut mise à mort quelques deux mois après son enlèvement.  Elle était encore en vie le 5 juillet 1651.  Les Iroquois la firent mourir 'dans les supplices ordinaires' lesquels comportaient la mutilation et le brûlage du corps de la victime.  Le 28 octobre 1651, le Père Paul Ragneau décrit son martyre comme suit:


Une femme Française fut prise à Ville-Marie, au mois de mai, par une cinquantaine d' Iroquois, tout à la vue du fort, et emmenée captive.  Depuis, elle a été brûlée cruellement par ces barbares, après qu'ils lui eurent arraché les mamelles, qu'ils lui eurent coupé le nez et les oreilles, et qu'ils eurent déchargé, sur cette pauvre brebis innocente, le poids de leur rage, pour se venger de la mort de huit de leurs hommes qui étaient demeurés dans un combat de cet été.  Dieu donna du courage et de la piété à cette pauvre femme; au milieu des tourments, sans cesse elle implorait son secours.  Ses yeux furent collés au ciel et son coeur fut fidèle à Dieu jusqu'à la mort.  En expirant, elle avait encore à la bouche le nom de Jésus, qu'elle invoqua aussi longtemps que durèrent ses peines.'

D'après Faillon, la guerre des Iroquois contre les Français et leurs alliés amérindiens avait 'autant la religion pour motif que la politique.  La plupart des autochtones de la résidence de Trois-Rivières, nouvellement convertis au catholicisme, disaient dans ces mêmes circonstances. C'est pour combattre les ennemis de la prière que volontiers nous exposons nos vies et si nous mourons en combattant, nous croyons mourir pour la défense de la Foi.
La mentalité guerrière européenne qui, depuis des siècles prévalait outremer, a-t-elle été transportée par les Français et les Anglais en terre nord-américaine?  Pourquoi Catherine Mercier n'est-elle pas montée sur les autels en même temps que les Pères Jésuites et leurs donnés qui ont été martyrisés vers le même temps en terre nord-américaine et canonisés au début du siècle en cours?  Probablement parce qu'elle était femme et qu'elle était mariée.



Le scalp
Le scalp est la chevelure d’un ennemi, prélevée après avoir fait une incision autour du cuir chevelu. C’est une pratique rituelle symbolique ancienne des sociétés Iroquoiennes.

Les Amérindiens croyaient que l’esprit, l’âme résidait dans le cuir chevelu, car les cheveux continuent de pousser après le décès. Le scalp était pour les guerriers une façon de s’emparer de l’âme des morts, de leur énergie vitale. On allait jusqu’à manger le cerveau des combattants pour s’approprier leur force. C’était aussi pour retrouver une partie des proches, morts au combat et mangés par les ennemis.

Soleil, guerre et cheveux sont intimement liés dans la croyance Iroquoise. Ils sont d’ailleurs désignés par le même mot. La peau du crâne avec sa chevelure était fixée à un cerceau décoré d’une vannerie faite de lamelles de frêne.



« A l’instar de la fourrure, le scalp et le prisonnier acquirent même une valeur d’échange sur le marché colonial nord-américain » avec l’arrivée des Blancs.

Le sort des prisonniers

Les prisonniers qui n’étaient pas adoptés étaient utilisés comme esclaves ou tués. La mort violente était considérée comme une mauvaise mort: idéalement, il fallait mourir parmi les siens, après avoir épuisé ses forces. La torture aurait eu pour but de vaincre la résistance de l’ennemi. Aussitôt qu’il montrait sa défaillance, on pouvait l’exécuter.

Le mot «Iroquois » vient du surnom « Irinakhoiw » que leur donnaient leurs ennemis et qui signifie « langues de serpents ». Les hommes Iroquois étaient les plus féroces guerriers d’Amérique.

La maladie, qui a tué davantage que les fusils, a décimé les populations, ce qui forçait les clans à entreprendre plus de guerres.

Le scalp pratiqué par les Amérindiens n’est pas, contrairement à ce qu’on a longtemps pensé, un simple trophée de guerre.

La paix de 1622, léguée par Champlain, s'effrite peu à peu au fil des années trente, alors que les Iroquois obtiennent des Hollandais, établis à Fort Orange (aujourd'hui Albany, dans l'État de New York), des armes à feu en échange de leurs peaux de castors. Les Français, pour leur part, refusent ce genre de troc, ou le font de façon très limitée avec des Hurons convertis au christianisme. Désireux de se venger des défaites qu'ils ont subies aux mains des Français, et désormais armés pour le faire, les Iroquois se montrent de plus en plus hostiles.



Le conflit larvé éclate finalement en 1641, quand le gouverneur Montmagny, accompagné de toute sa suite, part en chaloupe à la rencontre de leurs chefs près de Trois-Rivières, afin de parlementer avec eux. Dans le plus pur style européen, il fait monter dans un canot un guidon - le porte-étendard de la compagnie - et un héraut - le messager protocolaire.



« Le canot, et le guidon, et le héraut » sont reçus avec mépris par les Iroquois, qui huent les émissaires, tirent des flèches sur leurs embarcations, arborent le scalp d'un Algonquin allié aux Français. Outré de « toutes ces insolences », Montmagny répond par des décharges de pierriers et de mousquets. C'est le début d'un quart de siècle d'hostilités...

La situation en est à ce point quand, en mai 1642, un groupe de colons, sous la direction d'un ancien officier, Paul Chomedey de Maisonneuve, se rend à l'île de Montréal pour y fonder un établissement. Il faut pour cela une bonne dose de témérité, car l'endroit, situé à proximité du territoire des Iroquois, est particulièrement exposé à leurs attaques. Les nouveaux arrivants construisent un fort et, l'année suivante, y installent l'artillerie. Si les habitants de Québec connaissent une relative sécurité, il n'en va pas de même pour ceux des établissements de Trois-Rivières et de Montréal, d'où l'on ne sort jamais « sans avoir son fusil, épée et son pistolet ». En fait, le danger est tel que chaque habitant doit se constituer son propre défenseur. Il n'est pas étonnant dès lors que l'on préfère demander au roi des colons qui soient « tous gens de cœur pour la guerre », sachant manier « la truelle d'une main et l'épée de l'autre ».


La défense de la colonie s'organise néanmoins. Au mois d'août 1642, le gouverneur Montmagny, ayant reçu de France un contingent d'une quarantaine de soldats, ordonne la construction d'un fort à l'embouchure de la rivière Richelieu, là où se trouve aujourd'hui la ville de Sorel, afin de bloquer la route traditionnelle des invasions iroquoises. De plus, la reine de France, Anne d'Autriche, qui s'intéresse aussi aux affaires canadiennes, quoique surtout du point de vue de la protection des missions, débourse 100 000 livres pour lever et équiper une compagnie de 60 soldats. Ce qui fut fait durant l'hiver de 1643-1644. « Laquelle compagnie fut distribuée dans les différents quartiers de ce pays », rapporte une chronique de l’époque.

Ces soldats arrivèrent à Québec en juin 1644. Le 7 septembre, ayant parcouru 1 300 kilomètres à pied et en canot, vingt-deux (22) d'entre eux parvinrent « aux Hurons », c'est-à-dire à la mission de Sainte-Marie, sur les rives du lac Huron, où ils logèrent chez les jésuites et partagèrent leur table. En septembre 1645, ils revinrent à Ville-Marie, escortant un convoi de quelque 60 canots « chargés de quantité de castors » Cette expédition fut remarquable à plusieurs points de vue. D'abord, c'était la première fois qu'une garnison française, ou même européenne, était envoyée défendre un poste aussi loin dans l'ouest. Ensuite, les soldats montèrent la garde non pas dans un fort solidement construit, pourvu de canons, mais dans une mission protégée d'une simple palissade à la mode amérindienne. Enfin, l'impact économique du convoi de pelleteries, rendu à bon port grâce à la vigilance de leur escorte, fut considérable.


Ces « soldats de la reine » étaient cependant en nombre insuffisant pour garantir la sécurité des Français et de leurs alliés. Passé 1645, leur détachement semble se fondre dans la garnison régulière, car il n'en est plus fait mention. À cette époque, la colonie compte peut-être une soixantaine de soldats, répartis entre Montréal, Trois-Rivières et Québec.  
 
31 janvier 2016