vendredi 1 mai 2020

Estrie ou Cantons de l'est ou Eastern Townships en français

Estrie ou Cantons de l’est ou Eastern Townships, Québec
Villes à visiter
Bury, Chartierville, Courcelles, Ditfield, Frontenac, Gould, La Patrie, Lac-Mégantic, Lingwick, Milan, Notre-Dame-des-Bois, Piopolis, Sainte-Cécile-de-Whitton ou Audet, Saint-Romain, Saint-Samuel-de-Gayhurst ou Lac-Drolet, Scotstown, Sherbrooke, Val Racine et plusieurs autres villes.
Scotstown 1900
Les Américains
L’Estrie était appelée initialement en anglais «Eastern Townships », nom que les premiers colons anglophones (fin XVIIIe siècle) utilisaient pour désigner la région, Au 19e siècle, l'on avait d'abord traduit l'appellation anglaise Eastern Townships en français par Townships de l'Est, qui fut ensuite concurrencées par Bois-Franc et par Cantons de l'Est. La traduction française Cantons de l'Est était une référence aux cantons suisses, suggéré par l'écrivain Antoine Gérin-Lajoie en 1858.
Son nom vient de la création du système de tenure britannique, le canton, en 1791, permettant la concession de terres aux colons loyalistes venus s'établir dans cette région après l'indépendance des États-Unis d'Amérique. À l'époque, le Québec rural francophone utilisait la tenure française, c'est-à-dire le système des seigneuries. Comme la plupart des loyalistes s'étaient établis dans la partie de la colonie qui forme aujourd'hui une partie de l'Ontario (et par conséquent à l'ouest des francophones), la dénomination «Eastern Township» permettait de distinguer cet établissement.
En 1946, Monseigneur Maurice O'Bready proposera de changer cette désignation officieuse par le terme Estrie, plus facile à intégrer à la langue française par l'adjectif estrien (et d'autant plus distinct de l'anglais que le vocable «Cantons de l'Est» est une traduction littérale).
Astrolab observatoire du Mont Mégantic
Située à un peu moins de deux heures de voiture au sud-est de Montréal et à quelques heures seulement de Québec, l'Estrie est à la frontière nord de trois États des États-Unis : le Maine, le New Hampshire et le Vermont. Ses régions touristiques voisines sont la Montérégie à l'ouest, le Centre-du-Québec au nord et Chaudière-Appalaches à l'est.
Certains villages estriens (comme Beebe Plain, près de Rock Island, et Stanstead) sont divisés en deux par la frontière américano-canadienne.
Histoire
L'Estrie forme un territoire d'une superficie d'environ 1,6 million d'hectares, s'étendant des seigneuries au sud du fleuve Saint-Laurent jusqu'aux frontières américaines et de la rivière Richelieu à la rivière Chaudière.
La richesse de son sol et de son sous-sol, la splendeur de ses collines et de ses montagnes, la beauté sauvage de plusieurs centaines de lacs en font l'une des plus magnifiques régions du Québec. Cette région, fortement appréciée de nos jours par les villégiateurs et les touristes, était, sous le régime français (1534-1760), un immense territoire réservé aux Abénaquis de la grande famille Algonquine qui ont été refoulés des États de la Nouvelle-Angleterre, à la fin du XVIIe siècle.
En 1792, le gouvernement impérial fait tailler en 93 « cantons » le territoire dénommé Comté de Buckinghamshire et désigne chacune de ces sections d'un nom emprunté à la carte d'Angleterre.
Paysage Estrie
1792 Division du Buckinghamshire en Townships, naissance des Cantons de l'Est.
Il semble que l'on a pris au hasard et sans beaucoup d'efforts d'imagination, des vocables d'endroits affectionnés dans la Grande-Bretagne et rien dans cette nomenclature ne rappelle un fait glorieux ni même une particularité géographique. Remarquons qu'aucun nom francophone n'est attribué.
Désigné sous le nom de Haut Saint-François, ce paradis de chasse et de pêche fut longtemps parcouru seulement par les Amérindiens et les Coureur des bois. À cette époque, aucune colonisation n'avait été faite, on retrouvait seulement un Poste de traite situé aux confluent de la Rivière Saint-François et de la Rivière Magog; Grandes-Fourches fut la première appellation de la ville de Sherbrooke.
Sous le régime Anglais, à partir de 1760, cette situation s'est maintenue jusqu'à la déclaration d'Indépendance américaine. À cette date, les habitants de la Nouvelle-Angleterre, demeurés fidèles à la Couronne Britannique, durent s'exiler. Une bonne partie de ces gens, que l'on nommait « loyalistes », choisirent de s'installer au Canada ; les autorités décidèrent alors de leur concéder des terres situées dans cet immense territoire encore inhabité.
Estrie en automne
Mais il faut faire attention avec le terme «loyaliste». Les terres étaient offertes gratuitement sur base d'un serment d'allégeance à la Couronne britannique. L'attrait de la gratuité des terres fit que de nombreux Américains de sentiments politiques divers n'ont pas hésité à prêter serment pour avoir accès à ces terres. Il serait donc plus juste de parler de peuplement américain pour cette région.
La concession de ces terrains s'effectua sous forme de canton (township) d'une superficie de 100 milles carrés (10 milles x 10 milles).
C'est à ce moment qu'apparaît la désignation de Eastern-Townships, par opposition aux Western Townships du Haut-Canada ; ce territoire est la province actuelle de l'Ontario, créée par l'Acte constitutionnel de 1791 parce que les loyalistes refusaient de vivre sous la même loi que les Canadiens, d'origine française.
Bury en Estrie
La colonisation est lente à s'affirmer. Le gouvernement du Bas-Canada (Québec actuel) reste méfiant à l'endroit des colons, ces Américains arrivés 30 ou 40 ans après l'indépendance américaine et refusés en Ontario pour mauvaises mœurs. Plusieurs squatteront les terres avant même qu'elles soient concédées. De plus, vu que cette région n'est pas encore défrichée, plusieurs Américains ignoreront être en territoire du Bas-Canada lors de leur établissement illégal. De ce fait, après 1792, une forte majorité des colons des Cantons de l'Est proviennent des États-Unis.
Le gouvernement laissera se débattre avec peu de ressources ces colons. Il ne leur ouvre qu'en 1811 le Chemin Craig, reliant Québec à Richmond, en passant par les cantons de Leeds, Halifax, Chester, Tingwick et Shipton.
Église Sainte-Agnès à Lac-Mégantic
Sans l'aide des administrateurs, les Cantons de l'Est se développeront conjointement avec les États de la Nouvelle-Angleterre. Avant l'arrivée du chemin de fer dans la région, il est plus facile de faire du commerce avec Boston et Portland aux États-Unis qu'avec Montréal et Québec. Les colons américains avaient développé plusieurs routes passant au travers des montagnes pour communiquer avec les États-Unis et faire des échanges commerciaux.
Vers 1840, on assiste à l'arrivée massive d'immigrants irlandais et d'Écossais attirés via la compagnie de vente de terres « The British American Land & Co ». Ils occuperont la région à l'est de Sherbrooke et Compton. Pour leur part, les Irlandais catholiques seront surtout présent en ville, étant peu habitués au type d'agriculture pratiqué dans cette région. Ils seront nombreux à Richmond et Sherbrooke.
Même si les premiers Canadiens-français arrivent vers 1812 dans la région, il faut attendre vers 1840 pour y voir un début d'immigration francophone. Leur nombre deviendra appréciable à compter des années 1850-1860.
Aujourd'hui, la population de l'Estrie est majoritairement francophone (près de 90 %).
Diligence sur le Chemin Craig, en 1811


En 1810, le Chemin Craig relia Lévis à Shipton, jusqu'à Richmond, en passant dans le canton de Chester; aussi la Route du Saint-François et le chemin Sherbrooke-Stanstead, ouvrent les premières voies de pénétration.
Les chemins de fer
Le premier chemin de fer au Canada ouvrit en 1836, et s’ensuit une période frénétique de construction ferroviaire qui n’épargna pas l’Estrie qui fut desservi dès 1851 via Richmond. En 1853 cette même ligne, le St-Lawrence & Atlantic fut prolongée jusqu’à Portland, Maine, aux États-Unis. En 1854, Richmond fut relié à Charny (au sud de Québec) et en 1861, ce fut au tour de Waterloo d’être relié par le Stanstead, Shefford & Chambly Railroad. Ces deux compagnies furent ensuite absorbées par le Grand-Trunk, qui devint plus tard le «CNR», ou le Canadien National, par après le CP ou Canadian Pacific. À la suite de tous ces développements, l’Estrie se retrouva avec le réseau ferroviaire le plus dense du Québec.
Les premiers arrivants francophones
Le surpeuplement des seigneuries amène les habitants riverains du fleuve à rechercher de l'espace vital. On voit alors quelques hardis bûcherons s'enfoncer dans la forêt, se construire des cabanes et s'y installer à titre de « squatters ». Vers 1850, le travail du clergé 


catholique en faveur de la colonisation contribue à arrêter l'émigration massive de la jeunesse du Bas-Canada vers le voisin américain.


On voit alors des milliers de familles canadiennes-françaises pénétrer dans les derniers cantons encore vierges que l'on appelle, à cette époque, « Terrains des Prêtres » ; non pas parce que ces cantons, Ham, Wotton, Weedon, Garthby, Stratford et Winslow et autres appartiennent au clergé, mais plutôt parce que celui-ci en prêche intensément l'occupation par les Canadiens français.
Tourisme
Aujourd'hui le nom « Estrie » est utilisé pour désigner la région administrative, alors que le nom «Cantons-de-l'Est» désigne la région touristique. Les territoires de ces deux régions ne coïncident pas parfaitement.
Situé au sud du fleuve Saint-Laurent, la région touristique des Cantons-de-l'Est fait partie du Québec du Sud, regroupement destiné à la promotion touristique des régions du sud du Québec sur les différents marchés internationaux.
La région touristique contient trois parcs nationaux offrant de nombreuses activités de plein-air :


Le parc national de la Yamaska se retrouve dans la région touristique des Cantons de l'Est, mais dans son territoire fait partie de la Montérégie.
Le relief varié, l'architecture typiquement loyaliste de certains villages (quelques-uns font partie de l'Association des plus beaux villages du Québec) et la présence de plusieurs lacs font partie des attraits touristiques de la région.

© Alain Laprise 28 décembre 2014