Les besoins naturels sous l’ancien régime
Satisfaire ses besoins naturels est alors simple et compliqué : à domicile, on utilise le plus couramment le pot «de chambre», simple seau en bois ou petit récipient de faïence. Certains sont même en porcelaine décorée de motifs. Les plus riches ont une «chaise percée», sous laquelle on glisse le pot, qui permet d’être plus confortablement installé
Le roi pour sa part l’utilise entouré de ses médecins et d’une foule de courtisans. Mais il est le seul à recevoir sur sa «chaise d’affaires». Si le «porte-chaise» a aussi la charge de lui présenter le «coton» pour essuyer, il peut arriver qu’il doive remplir son office jusqu’au bout. À l’intérieur, nécessité fait loi : hommes et femmes s’isolent derrière un buisson à la campagne, ou dans une encoignure de rue, en ville. Pour éviter de telles situations, les femmes de la bonne société ne sortent pas sans leur «pot de chambre». Ne portant pas dessous, il leur suffit de le glisser entre leurs jambes… dans leur carrosse ou à l’église : avec les sermons interminables du prédicateur Louis Bourdaloue, le «pot de chambre» gagne même au sermon, le «boudaloue»…
Les résidences royales n’offrent pas plus de confort : à Versailles, il n’y a que deux toilettes communes… pour plusieurs milliers de personnes. Chacun se soulage où il peut dans les jardins mais aussi dans les cheminées, les couloirs, les escaliers au vu et au su de tous. On Crache sur le sol, même dans les églises, et l’on pète sans retenue. Les manuels de civilité conseillent tout au plus de faire semble tousser. Quant aux vesses, «vent qui lâche le derrière sans éclat, et qui est d’ordinaire for puant», il est recommandé aux dames d’en faire porter la responsabilité à leur chien.
Son origine daterait du VIIe siècle. Très appréciée dans les maisons royales, elle est un cadeau de valeur. On l'offre pour des anniversaires ou autres évènements. Il en existe deux variantes, l'une avec tiroir incorporé (contenant le pot de chambre) et une autre sans tiroir. Henri III y était tranquillement installé quand il reçut son assassin, Jacques Clément, un moine dominicain à la solde de la Ligue Catholique, qui le poignarda (1589). Louis XIV, comme tous les grands de ce monde avaient à sa disposition une chaise percée sur laquelle il s’asseyait pour y faire ses besoins tout en continuant à discuter avec ses courtisans, visiteurs, invités. Ni la vue ni l’odeur ne semblaient alors gêner....
Ce n'est donc pas le roi seul qui recevait sur sa chaise percée, c'était tout le monde. On ne se cachait pas, pas plus qu'on ne la cachait, on y écrivait, on y jouait, les ministres y donnaient audience, les généraux y donnaient des ordres, les dames y causaient. C'était tout simple... même si ça choquait Saint Simon ! Dire comme certains que son utilisation serait l'expression d'une marque de puissance destinée à montrer à son interlocuteur le peu de cas que l'on faisait de lui, nous parait une explication farfelue. Quand la duchesse de Bourgogne parlait, alors qu'elle était sur sa chaise percée, à ses amies, Madame de Nogaret et Madame du Châtelet, elle n'était pas le moins du monde gênée par ces fonctions naturelles. Il paraît même que… c'est là qu'elle s'ouvrait le plus volontiers. La chaise percée s'est perpétuée jusqu'au XXe siècle dans la marine et continue d'être utilisée en gérontologie (ainsi que dans certains jeux très particuliers.)
L'évacuation des matières fécales de la vie urbaine sous l'Ancien Régime
Le 4 juin 1684 Vauban entre dans la ville de Luxembourg après 28 jours de siège, il est choqué par la saleté qui s'entasse entre les maisons et les fortifications ruinées par les bombardements. Pris par un sentiment de répugnance, il note dans son carnet que «cette place est toute pleine d'ordures et d'immondices parce qu'il n'y a pas de latrines, celles qui «estaient cydevant» ayant été rompues. L'armée de Louis XIV n'avait pas seulement coupé les assiégés de tout ravitaillement venant de l'extérieur. Elle les avait aussi forcés de vivre pendant des semaines dans leurs propres excréments et déchets, empêchant l'évacuation des immondices hors des murs. Luxembourg, ville immonde « l'évacuation des déchets de la vie urbaine sous l'Ancien Régime au 18e siècle une demeure nobiliaire se reconnaît par la quantité de fumier déposé devant sa porte.»
Une ville qui étouffe dans les déchets, véritable désastre en cas de crise, l'élimination des rejets de la cité était loin d'être une partie de plaisir en temps normal. La population civile qu'on peut estimer au 18e siècle à 8000 habitants, l'effectif variait fortement mais pouvait facilement atteindre 6000 personnes sans oublier les inévitables chevaux, vaches, cochons et autres animaux domestiques, produisaient chaque jour une quantité impressionnante de matières fécales et de détritus de tout genre. Comment s'en débarrasser?
Depuis que la ville s'était entourée d'un formidable carcan d'enceintes, elle s'isolait littéralement dans l'ordure. Chacun avait la mauvaise habitude de se délester des immondices le plus près possible de chez soi, dans les fosses à fumier des jardins, dans les citernes désaffectées, dans les fossés urbains ou sur les terrains vagues qui cependant deviennent de plus en plus rares à l'intérieur des remparts au fur et à mesure que la densité de la population citadine augmente. La ville menaçant l'asphyxie, le Magistrat, c.-à-d. l'autorité communale de l'époque, prend des mesures préventives dès le 15e siècle. Une des premières actions est de nettoyer les rues. Mais ce dernier garde un caractère tout à fait anecdotique. Quand la ville s'apprêtait à recevoir la visite d'un personnage de marque, il fallait bien une garnison pour désencombrer les axes d'accès et tacher d'embellir la cité.
En mai 1476 on annonce le passage de Marie de Bourgogne à Luxembourg. Aussitôt toutes les ruelles de la ville haute sont nettoyées. Il fallait 800 voitures nécessaires pour évacuer les immondices hors de l'enceinte. Lorsque à la fin de l'année 1540 la ville se prépare à l'arrivée de l'empereur Charles Quint, la grande opération de nettoyage produit 1 448 charretées de déchets. Au 17e siècle les épidémies de peste fournissent l'occasion de nettoyer les rues de la ville. En 1636 quand le fléau sévit dans la capitale du duché, le Conseil provincial ordonne aux magistrats d'employer quelqu'un pour enlever les boues et les fumiers susceptibles de répandre des odeurs nauséabondes. Ce qui fait peur à cette époque où l'étiologie est encore incertaine, ce sont les émanations putrides des immondices. Jusqu'à la deuxième moitié du 19e siècle la transmission des maladies infectieuses est expliquée par la théorie des miasmes.
Ces derniers sont des poisons qui flottent dans l'air et qui émanent des cadavres d'animaux, des plantes pourrissantes, du sol boueux ou des eaux croupies. Le discours médical ancien confond puanteur et contagion. Les immondices n'incommodent pas seulement l'œil. Elles touchent désormais aussi l'odorat. La merde est dangereuse parce qu'elle pue. Ces réflexions 30 étiologiques ont amorcé un lent processus de «désodorisation» qui aboutit finalement, après plusieurs siècles et de désinfection, à un d'assainissement environnement désodorisé, le nôtre. Les débuts d'une police sanitaire plus rigoureuse au 17e puis au18e siècles on assiste aux balbutiements d'une police sanitaire qui se fait progressivement plus cohérente et plus régulière. Le 17 décembre 1673 le Magistrat émane un règlement qui prévoit le nettoyage hebdomadaire des quartiers de la ville. D'autres ordonnances vont suivre, souvent des rappels.
Peinture de Sébastien Bourdon les médiants
En 1723 les autorités communales constatent que plusieurs bourgeois n'ont pas de latrines ou lieux communs dans leurs maisons ou que celles qu'ils y ont sont remplies, jettent nuitamment les ordures sur les rues, qui causent des puanteurs et infections capables à faire naître des d'autre part les suppôts du Conseil maladies. Les nobles, les avocats et les ecclésiastiques prétendent ne pas dépendre du Magistrat et font obstruction contre les règlements municipaux. Ainsi un visiteur étranger passant par les rues de la ville «pouvoit sans difficulté cognoistre les maisons des supposts du Conseil d'entre celles des bourgeois par la diligence, que fait la police pour la ville de 6 soient cecy pour maisons, et par les saletés qui restoient devant supposts, et qui les distinguoient des aultres». Au 18è siècle une demeure nobiliaire se reconnaît par la quantité de fumier déposé devant sa porte. Celles de nettoyer devant leurs L'ordonnance de Luxembourg du 19 août 1749 marque une nette matière d'hygiène publique, du papier.
Par ce décret, le Magistrat ordonne à tous les habitants qu'ils soient progrès en moins sur ecclésiastiques, nobles, militaires ou simples bourgeois, de balayer chaque jour devant leurs habitations et ceci dès huit heures du matin en été respectivement neuf heures en hiver. Les places publiques comme la place d'armes, le marché aux poissons ou la petite autour du puits rouge sont nettoyées place deux fois par semaine par les pauvres de la ville sous la conduite du «maître des pauvres». Lors du balayage quotidien les riverains doivent amonceler les immondices près de leurs maisons et les entasser de manière à ce qu'elles embarrassent le moins possible la circulation.
Chaque jour douze voitures de ramassage, bien closes pour que rien ne s'écoule sur la chaussée, passent à travers les rues de la ville. Une clochette avertit les habitants qui apportent alors leurs ordures ménagères, soit en panier soit autrement. Après le passage des éboueurs il est interdit de jeter quoi que ce soit sur la voie publique. Bien entendu il est expressément défendu «de vuider pot de chambre puant, ou chaise percée de jour, ou de nuit dans la
Tableau La peste Michel Serre
rue, ni aussi de jeter par les fenêtres aucune eau claire, ou puante, ni ordure, ni la moindre chose, sous quel prétexte que ce puisse être, à peine de deux florins d'or d'amende, qui sera doublé si la contravention arrive nuitamment après le soleil couché». Le but visé est «la propreté des rues» qui est considérée comme «une partie essentielle de la bonne police, surtout dans une ville aussi peuplée que l'est celle-ci». Si on croit le règlement du 19 août 1749, Luxembourg était une des villes les plus propres du siècle des Lumières. Mais comme pour tout texte de loi on peut se demander s'il a été effectivement appliqué par les autorités et observé par les habitants.
Déjà en 1756 le Conseil provincial, le tribunal doit demander sa republication car tout le monde a l'air d'ignorer son contenu. D'autre part le caractère répressif du règlement et le élevé des amendes qu'il inflige, montant semblent indiquer que la propreté n'est pas encore entrée dans les manières de tous les Luxembourgeois. Sans doutes à Luxembourg comme dans d'autres villes du 18e siècle, les piétons continuent de raser les murs de peur de recevoir le liquide fétide d'un vase de nuit expédié par la fenêtre et «tiennent le haut du pavé» pour ne pas marcher dans la fange nauséabonde qui s'étale au milieu de la chaussée. Au 17e siècle pisser en pleine rue semble une pratique tellement répandue et si peu choquante que des peintres comme Teniers ou Adrian Brouwer n'ont pas hésité à reproduire la scène dans leurs œuvres.
Cependant au siècle suivant, on assiste à un abaissement du seuil de tolérance. Les mœurs s'affinent. On s'efforce désormais de David de cacher les besoins incommodants et de protéger les citadins d'impressions par trop rebutantes. L'excrément humain tout comme l'ordure ménagère est en quelque sorte privatisée. Ils sont tous les deux bannis de la rue. Le règlement de 1749 interdit d'uriner sur la voie publique sous peine d'amende. En cas de besoin le bourgeois doit se retirer dans les latrines dont l'aménagement avait été imposé aux propriétaires des maisons par une ordonnance de 1723. Quant aux soldats, ils utilisent des cabines en bois suspendues aux remparts comme des guérites. Les vidanges tombent directement dans le fossé d'où le surnom de «Mauerschësser» donné aux hommes de la troupe. Une affaire d'État autour d'un cabinet En 1786 la construction de latrines plein centre sur la place d'Armes dégénère en affaire d'État. L'année précédente le commandant de la forteresse, le lieutenant général baron de Bender,
avait exigé l'aménagement d'un lieu d'aisances a proximité de la Grande Garde. Faute d'un approprié les soldats pour «se retirer avec la plus grande indécence sur le rempart de la forteresse au risque de la désertion et d'une infinité d'autres inconvénients». D'aucuns abusaient apparemment équipement profitaient faction en ment de la solitude du ensuite
Peste à Paris
disparaître dans la nature. Le Magistrat argué que l'érection de latrines incombait au budget des fortifications et non avait d'abord la caisse municipale pression du commandement général Bruxelles, les autorités communales doivent finalement se résoudre à effectuer la dépense. Mais une fois cette question résolue un nouveau point de discorde surgit. Où faut-il aménager l'entrée du chalet de nécessité? Doit-elle faire face au corps de garde ou aux maisons bourgeoises qui bordent la place? Le commandant craignant pour la santé de ses troupes veut que l'entrée soit tournée vers les habitations de sorte que la garde ne soit pas importunée par l'odeur des commodités.
Les riverains par contre trouvent qu' «il seroit plus naturel que le soldat qui n'est jamais de garde que pendant 24 heures soit gêné par son propre fait que les remontrants [les le soient pour toujours ne pouvant habitants] quitter leurs habitations jointes à. cet inconvénient.» D'autre part l'accès se situant à. l'écart de l'œil vigilant des factionnaires, «ces commodités pourroient devenir l'asile des personnes les plus débauchées et donner occasion aux manques des mœurs et de décence qui tourneroient au plus grand scandale des familles des remontrants». Après avoir adressé une pétition au ministre plénipotentiaire de Sa Majesté l'Empereur à. Bruxelles, les riverains obtiennent finalement petit coin pour mais vain. Sous la en 32 gain de cause. Du corps de garde mais la maisonnette qui vis-à-vis contient les latrines est chapeautée d'une cheminées pour «attirer toute exhalaison et puanteur» et pour que «ni la garde ni les habitants des environs ne puissent souffrir de la mauvaise odeur».
L'effroyable puanteur de l'espace public est de moins en moins acceptée. Autrefois on n'osait sans doute pas se plaindre. Désormais les effluves nauséabonds qui s'élèvent des fosses d'aisance agressent la nouvelle Les élites éclairées tout comme les sensibilités. Les riverains se préoccupent des dangers de la mauvaise odeur et manifestent leur mécontentement. La même année, 1786, une ordonnance règle la conduite des vidanges qui
Tableau Michel Serre Paris
jusqu'à cette date s'étaient effectuées le jour. Dorénavant les vidangeurs doivent curer
Tableau Michel Serre Paris
jusqu'à cette date s'étaient effectuées le jour. Dorénavant les vidangeurs doivent curer
les latrines pendant la nuit, entre dix heures du soir et cinq heures du matin, pour à la fois ménager le confort des habitants et limiter les émanations nocives. L'obscurité nocturne dérobe à la vue des habitants le transport désagréable des immondices. Ici est amorcé un processus qui aboutit au 19e siècle à. l'enfouissement complet des conduites dans le sous-sol de la ville et finalement à. l'invisibilité totale du tout-à-l'égout.
L'opération de vidange ne peut se faire que pendant la saison froide, en hiver, entre le 15 novembre et le 15 mars de chaque année. Les cureurs doivent conduire le contenu des latrines «dans des tonneaux bien fermés au bastion de Sainte Marie, pour de là les laisser couler (...) dans le premier fossé de la ville, où se trouve un bassin propre A les recevoir.» L'entrée est aménagée Mais scrupules ces n'étaient pas l'égout soit rebouché et que le flot pour que des immondices naturel. Au cours au 18e siècle n'est pas la ville proprette que nous connaissons aujourd'hui.
L'âge d'or de l'hygiène publique ne débutera que cent ans plus tard, après le démantèlement de la forteresse, quand la municipalité introduira l'adduction d'eau, la canalisation et un service de voirie. Toutefois la réglementation du régime autrichien marque déjà clairement une volonté d'assainissement. C'est une première Luxembourg encore L'argent ne pue pas Les habitants ne paient en principe taxe ni pour la vidange des latrines ni l'enlèvement des immondices. Les deux pour ouvrages sont adjugés A des entrepreneurs qui se remboursent de leurs frais sur la vente des boues comme engrais.
En effet les déchets urbains de l'époque sont avant tout organiques. Ils renferment le crottin des rues et la litière des animaux domestiques. Aussi les cultivateurs des abords de la ville apprécient-ils leur valeur fertilisante. Néanmoins la recette communale, le brumairien, a parfois des difficultés à trouver des adjudicataires de sorte qu'elle doit elle-même employé des ouvriers et vendre ensuite la gadoue au plus offrant. Longtemps vider les latrines avait été considéré comme une action infamante et le magistrat avait payé les bourreaux de la ville pour le faire. Même si au 18e siècle les édiles «éclairés» considèrent cette «terreur aucune partagés de tous. Certains ne se gênaient aucunement de faire de l'argent avec les déjections de leurs concitoyens.
Ainsi depuis des temps immémoriaux le contenu des latrines situées derrière le couvent des pères militaires capucins s'écoulait par un «aqueduc» et voûté le long de la descente du souterrain Pfaffenthal pour se déverser finalement dans l'Alzette. Cette rivière qui recevait les eaux usées d'une dizaine d'autres «aqueducs» ainsi que les rebuts des tanneries, hôpitaux et autres établissements polluants, installés dans les faubourgs, jouait le rôle du Cloaque maxime de la ville. Mais, pour arrondir leurs fins de mois, les officiers de la garnison ont l'idée de monnayer la crotte de soldat. De l'égout est attribuée à des L'exploitation marchands de fumier. Ceux-ci pratiquent alors une ouverture dans la voûte du souterrain et retiennent le flot des excréments en y jetant de la paille, des pierres et du gazon.
Eugène Poubelle maire de Paris inventeur des poubelles
Le canal d'évacuation ne tarde pas à être complètement bouché et quand éclate un gros orage la masse boueuse coule parmi les rues de la basse ville infectant de puanteur les maisons et les caves, gâtant les marchandises et les boissons. Mais malgré que les habitants du Pfaffenthal se plaignent de la «puanteur intolérable» et craignent une «maladie contagieuse», les militaires ne veulent pas renoncer au gain de la vente des excrétions. Il faut l'intervention du Conseil des Finances au puisse A nouveau suivre son tentative d'organiser de façon systématique des immondices que produit l'évacuation l'activité d'une importante ville- incessamment garnison.
Guy Thewes ignominieuse» comme une «ridicule persuasion», quelque chose de l'opprobre initial doutes restée attachée était sans maniement des immondices. Louis XII décide, en 1506, que la royauté se chargera du ramassage des ordures et de leur évacuation. À la taxe prévue pour ce service s'ajoute celle destinée à financer l'éclairage axial des rues.
La taxe prend le nom de «taxe des boues et des lanternes». L'hostilité générale enterra cette ordonnance pour longtemps. En 1750, Rousseau quitte la Capitale en la saluant par un «Adieu, ville de boue !». Il est vrai que Paris était connu depuis longtemps sous ce vocable puisque Lutèce [viendrait] du latin lutum qui signifie boue. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Louis Sébastien Mercier, véritable reporter parisien de l'époque, signe de belles formules dans son Tableau de Paris, exemples : «O, superbe ville ! Que d'horreurs dégoûtantes sont cachées dans tes murailles !» Ou encore, «En général le Parisien vit dans la crasse».
En 1799, une ordonnance de police impose aux propriétaires et locataires parisiens de balayer chaque jour devant leur logis. En mars 1883 est créée une taxe spécifique «balayage». Au même moment, les découvertes de Pasteur se révèlent décisives dans l'histoire de l'hygiène. C'est aussi la période des grands travaux, entrepris par Haussmann, qui transforment le paysage urbain parisien. Le 24 novembre 1883, Eugène Poubelle, préfet de la Seine, signe le fameux arrêté qui oblige les propriétaires parisiens à fournir à chacun de leurs locataires un récipient muni d'un couvercle. Ainsi naissent les poubelles (voir plus bas l'histoire de l'arrêté Poubelle).
Parallèlement commence le ramassage de la boîte à ordures qui prendra rapidement le nom de poubelle!
Le préfet Eugène Poubelle avait tout prévu: dimension et contenance des boîtes. Il avait même imaginé la collecte sélective. Trois boîtes étaient obligatoires : une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons, et une dernière pour le verre, la faïence ou les coquilles d'huîtres! Ce nouveau règlement ne fut que partiellement respecté. Concernant le tri, plus d'un siècle après, on le redécouvre... Il aura fallu attendre près d'un siècle entre l'invention de la poubelle et la mise en place d'une véritable collecte et de lieux de stockage des déchets. En 1975, la loi confie aux collectivités locales la responsabilité d'organiser la collecte des déchets ainsi que leur traitement ou leur stockage dans un lieu agréé.
(c) Alain Laprise 15 décembre 2013
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