mardi 17 juin 2014

Différences Idéologiques entre tribus arabes Chiites et Sunnites

Guerre des tribus arabes Chiites et Sunnites


Lorsque l’on évoque le Proche et le Moyen-Orient, ces mots reviennent sans cesse. La Ligue arabe est composée essentiellement de pays sunnites, l’Iran est la grande puissance chiite, le clan de Bachar el-Assad «Président de la Syrie» représente la minorité alaouite de Syrie… Quelles sont les différences entre ces branches de l’islam?


Entre chiites et sunnites le schisme en 632


Tant que le prophète Mahomet est en vie, l’Islam ne forme qu’un seul et même courant. En l’an 632, à la mort de Mohamet, des divergences de vue apparaissent.


Premièrement les chiites et les sunnites ne lui reconnaissent pas le même successeur.


Ceux qui choisissent Ali ibn Abi Talib, cousin et gendre du prophète Mohamet, deviendront les chiites, tandis que ceux, majoritaires, qui préfèrent suivre Abou Bakr As-Siddiq, compagnon de Mahomet, deviendront les sunnites.


Ali ibn Abi Talib: Le gendre du prophète Mahomet et quatrième calife (remplaçant du prophète) est assassiné d'un coup d'épée empoisonnée devant la mosquée de Koufa, en Mésopotamie (Irak aujourd'hui). Son assassin n'est autre qu'un de ses ex-partisans devenu adepte de la secte kharidjite. La mort d'Ali entraîne un grave schisme dans le monde musulman entre les shiites d'Ali ibn Abi Talib, qui prônent une grande rigueur dans la pratique de la religion, et les sunnites, défenseurs d'une application souple de la doctrine musulmane. Le prochain calife, Moawiya, un sunnite, établira la capitale de l'empire arabe à Damas et fondera la dynastie héréditaire des Omeyyades.


Abou ou Abû Bakr As-Siddîq: Lorsque Muhammad s'isolait dans la grotte de Hira pour méditer et se recueillir, Abû Bakr, son futur compagnon et beau-père était alors un des plus riches commerçants de la Mecque.


Était-il au courant de la quête spirituelle de son compatriote? Il avait dû apprendre, comme la plupart des gens de la Mecque, que Muhammad, l'époux de la riche Khadîja, avait une attirance pour la méditation et la spiritualité. Il devait être au courant de son comportement moral, rare à l'époque, qui lui avait valu le surnom d'Al-Amîn (Le digne de confiance).
C'est pour cela, sans doute, qu'il a dû le suivre dès qu'il a commencé à prêcher ce que l'Esprit Saint lui a révélé.


Par ailleurs, les sources islamiques mettent l'accent sur le caractère doux et spirituel d'Abû Bakr. Il en était de même de son penchant pour l'ascétisme et le détachement des choses de ce monde. On rapporte à cet effet, que même devenu calife, successeur temporel du Prophète, il vaquait à ses affaires personnelles, en vendant des vêtements au marché pour subvenir à ses besoins. C'est dire combien cet homme illustre était disposé à recevoir les enseignements du Prophète et à devenir un de ses plus intimes compagnons.


Abû Bakr appartenait à la célèbre tribu de Quraysh. Ayant un ancêtre commun avec le Prophète, il était donc un pur produit de la noblesse arabe... Comme s'il était prédestiné au rôle qui serait le sien, les histoires qui se rapportent à son sujet indiquent que son comportement et sa morale durant son enfance et sa jeunesse furent aux antipodes de ceux de ses concitoyens. On louait son honnêteté dans les affaires du commerce. On admirait sa sagesse et sa pondération. Certaines sources rapportent que le surnom d'As-Siddîq (le véridique, le sincère) lui fut attribué par ses concitoyens pour son intégrité morale.


D'autres, par contre, estiment que cette appellation lui avait été donnée par le Prophète parce qu'il avait été le premier à croire au message divin sans avoir jamais douté, même dans les moments les plus pénibles. Quoi qu'il en soit, ceci n'enlève rien au mérite de ce grand homme que la Providence divine a choisi comme un solide pilier pour soutenir la mission du dernier des messagers.
 
Déjà, lorsque le Prophète revint de son fameux voyage céleste (al-mi'râj), et que ses concitoyens se mirent à le tourner en dérision, Abû Bakr, à qui ils s'adressèrent pour lui faire remarquer la prétendue folie de son compagnon, répondit, imperturbable:


«Par Dieu, je crois à plus que cela; je crois avec certitude qu'il reçoit la révélation de
son Seigneur du haut du septième ciel.»
 
Cet homme hors du commun est né à la Mecque deux ans après le Prophète. Son père s'appelait 'Uthmân, mais on le surnommait Abû Quhâfa. Quant à sa mère, elle s'appelait Salma, mais était connue sous le surnom d'Umm al-Khayr. Il reçut une solide éducation faisant de lui l'une des personnes les plus en vue de la société mecquoise.
 
Dès son jeune âge, sa réputation d'honnête homme, loyal, sage et intègre, s'imposa à ses concitoyens. On rapporte que la tribu des Quraysh l'avait choisi pour la représenter dans les discussions lors des conflits tribaux où il y avait mort d'hommes. Ces discussions servaient à fixer le prix du sang (ad-diyya). Il est évident que pour pouvoir être désigné à tenir ce rôle-là, il fallait avoir fait ses preuves en matière de sagesse et de maturité.


On rapporte aussi qu'il était très sollicité par ses concitoyens pour ses conseils qui étaient d'une grande utilité.


Figure d'une grande noblesse, il était très généreux envers les pauvres et les nécessiteux. Toutes ces qualités ne pouvaient que susciter l'estime et la sympathie des gens de bon caractère et de bonne moralité que connaissait alors la Mecque.


Deuxièmement une organisation clérical très différente


Les chiites reconnaissent 12 imams, réputés infaillibles dans l’interprétation du Coran. Parmi ces 12 imams se trouvent les deux fils d’Ali. Les chiites croient que le douzième imam reviendra à la fin des temps pour juger les hommes.



Mahi victoire de l’Islam sur les autres religions


Pour les chiites, le Coran est une œuvre humaine, alors que pour les sunnites il a un caractère divin.
L'attente d'un Mahdi


Pour les sunnites, le cycle de la prophétie est clos. A l'opposé, le chiisme attend et prépare l'arrivée du "Mahdi", sorte de Messie qui "comblera la terre de justice et d'équité autant qu'elle est actuellement remplie d'injustice et de tyrannie". Cette attente, qui implique souvent chez les chiites un rejet de l'ordre actuel et la préparation de l'arrivée du Mahdi, est un facteur de déstabilisation.
Imamat contre califat


Pour le chiisme, l'existence dépend de la présence d'un imam, vivant intercesseur entre le monde spirituel et temporel, entre le Prophète et les croyants. L'imam est doté, dans le cadre de l'exégèse du Coran de la "connaissance" et de "l'infaillibilité".


Le Coran a un sens évident et un sens "caché" qu'il faut étudier, et que les imams sont chargés de transmettre aux fidèles les plus méritants. Cette importance accordée à l'imam


n'a pas d'équivalent dans le sunnisme et explique l'organisation, la hiérarchisation et l'autorité du clergé chiite (par exemple, en Iran).


Prédétermination contre action


Le chiisme pratique la méthode du Kalam (raisonnement déductif), qui insiste sur le raisonnement, l'argumentation, le libre arbitre et le caractère créé du Coran, à l'opposé du sunnisme. Les chiites croient en la liberté de la volonté individuelle. Le sunnisme vient en effet de Sunna, c'est-à-dire la Tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Être musulman sunnite revient davantage à perpétuer mimétiquement la Tradition du Prophète. Les sunnites croient que le Coran, la parole divine n'a pas été créé, et que l'univers et l'Histoire sont prédéterminés.


Au-delà du Coran, les sunnites sont également fidèles à la "sunna", les faits et gestes de Mahomet. À travers la sunna, les sunnites tentent d'imiter le Prophète. Ils considèrent que l'Histoire est prédéterminée, alors que les chiites accordent plus d'importance à la liberté individuelle.
La fidélité à la sunna


Le sunnisme correspond donc à l’ensemble des communautés musulmanes se caractérisant par l'accent mis sur la fidélité à la sunna (tradition du Prophète) qui, relatant l’enseignement, les dires, les faits et les gestes de Mahomet, sert de législation, d'exemple et de modèle aux sunnites. Consignée dans les hadiths, la sunna constitue la deuxième source de l’islam sunnite, après la parole révélée du Coran.


À travers la sunna, le Prophète est pour les croyants une source d'imitation, un modèle de comportement, aussi bien sur le plan de l'éthique individuelle que sur celui du droit communautaire.


Cette soumission à l'ordre divin et à la tradition, quelle que soit la situation historique, a pu quelquefois essuyer des reproches de fatalisme. En fait, le sunnisme possède une très grande force d'adaptation et d'assimilation: pour les conservateurs, qui interdisent toute innovation (bid'a), comme pour les libéraux, qui l'autorisent par le raisonnement analogique, l'orthodoxie des sunnites se définit par le respect du principe du consensus (idjmaa).


En ce sens, une innovation à son début peut être considérée comme condamnable (kofr), mais si, à la longue, cette pratique est reconnue salutaire par l'unanimité des docteurs, il devient alors impossible d'en faire la critique historique ou de chercher à montrer qu'elle n'a aucun fondement dans le Coran sans se mettre en position d'hétérodoxie. Ainsi, on ne peut se séparer de l'ensemble des idées de la communauté de son temps sans se séparer de cette communauté.


Le chiisme se distingue également du sunnisme par l’existence d’un clergé très hiérarchisé. Alors que les sunnites acceptent que l’autorité politique et religieuse soit fondue dans une même personne (comme au Maroc où le roi est commandeur des croyants), chez les chiites le pouvoir politique doit compter avec le pouvoir, distinct, des autorités religieuses (les ayatollahs en Iran, par exemple).


Troisièmement les sunnites ultra-majoritaires


Les sunnites constituent le courant majoritaire, et même très largement majoritaire, de l’islam. Dans le monde, les musulmans se divisent entre environ 85% de sunnites contre 15% de chiites.


Les chiites sont toutefois majoritaires en Iran, en Irak depuis quelques année et au Bahreïn.


Au Liban, les chiites sont aussi devenus récemment la communauté majoritaire (ils sont maintenant plus nombreux que les chrétiens et les musulmans sunnites).


Avec environ 20% de chiites, le Pakistan compte aussi un grand nombre de disciples d'Ali.


Quatrièmement les kharidjites, les alaouites, les druzes : de petites branches dissidentes


Le kharidjisme est une secte qui s'est constituée en 660. Comme le chiisme, elle est apparue au moment des querelles de succession après la mort de Mahomet. Les kharidjites ont reproché à Ali de s'en remettre à une décision humaine et non divine pour décider qui allait diriger la communauté. C'est d'ailleurs un kharidjite qui a assassiné Ali. Cette tradition est présente chez les Berbères du Maghreb.


Les alaouites sont une branche dissidente du chiisme, alaouite signifiant "partisan d'Ali". Ils considèrent ce dernier comme l'incarnation de Dieu sur terre. Beaucoup moins rigoristes que les kharidjites, ils prient chez eux et boivent de l’alcool. Très peu nombreux, ils sont au pouvoir en Syrie, à travers le clan Bachar el-Assad, président actuel de la Syrie.


Les alaouites partagent avec une autre communauté, celle des druzes, l'habitude de garder leurs rites secrets. Répartis entre le Liban, le Nord d’Israël et la Syrie, les 500,000 druzes pratiquent une religion non prosélyte: si l'on ne nait pas dans une famille druze, on ne peut devenir druze. Formant une branche "hérétique" du chiisme, à forte dimension ésotérique, les druzes croient que Dieu se manifeste périodiquement sous une forme humaine.




© Alain Laprise 14 juin 2014









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