Conditions de vie des marins et des colons français
Nos ancêtres étaient à bord des navires vers la Nouvelle-France
Partie 2
La Marine
Navires de guerres français et anglais
À l'inspiration de Colbert et au prix d'un énorme effort collectif, le royaume de France s'est doté d'une formidable flotte de guerre qui en fait la première puissance navale européenne d'alors: de tente et une unité en 1661, elle monte jusqu'à cent cinquante-quatre en 1691.
Navire à 74 canons
Les plus gros navires jaugent 2,500 tonneaux et mesurent 60 mètres de long pour 15 mètres de large. Les coques sont en bois de chêne, les mats en sapin. Un seul vaisseau à deux ponts nécessite la coupe de près de trois mille arbres.
Les cordages et les voiles sont faits de chanvre. Chaque vaisseau est aussi une œuvre d'art, ses balustrades, ses figures sculptées et peintes.
Qu'est ce que un Corsaire ou pirate?
Vu du point de vue du navire attaqué, la différence ne saute pas aux yeux. Les deux se lancent à l'abordage de son navire pour le dépouiller.
Le corsaire est titulaire d'une "lettre de marque" en provenance d'un État (pas forcément le sien) et il ne doit attaquer que des navires de commerce d'un pays ennemi en temps de guerre. Il doit ensuite soumettre des prises à la décision d'un "tribunal de prise" qui jugera si ces conditions ont été respectées.
Un procès par navire capturé ... on imagine les frais et les délais. Les tribunaux de prise étaient considérés comme un fléau mais, quand on était corsaire pour le compte de la France, on n'y échappait pas.
Entre pirate et corsaire, l'équilibre est toujours instable. Tout bon forban rêve de posséder une lettre de marque, (l’assurance-vie qui lui évite en principe, en cas de capture, d'être pendu haut et court pour piraterie), mais sans les contraintes des tribunaux de prise. Un tel rêve fut réalisé dans les eaux américaines, où la présence étatique était faible. Les corsaires jouissant de ce statut de contrôle allégé étaient des "flibustiers".
Les Pirates et flibustiers
La vie à bord
Beaucoup de ceux qui s'engagent comme pirates sont déjà marins et savent ce que voyager en mer signifie. Pourtant, les campagnes sont parfois longues, la patience des hommes est
mise à l'épreuve et le manque de nourriture peut se faire cruellement sentir. Pour maintenir fermement l'équipage, le capitaine, seul maître à bord, impose une discipline sévère qui peut entraîner des révoltes chez les marins. Afin de limiter les soulèvements, les bagarres et les injustices, les flibustiers des Antilles établissent des codes de conduite bien définis qui s'appliquent à tous les membres de l'équipage.
L'engagement pirate
Ceux qui s'engagent dans la piraterie rêvent de fortune et d'une vie meilleure, mais ils se retrouvent souvent dans une aventure où il y a peu à gagner. Le bateau se transforme en véritable prison flottante où sont distribués coups de fouet et corvées, et où la nourriture manque. Les révoltes sont alors fréquentes.
Les règlements des flibustiers
Les flibustiers avaient mis en place des règles de conduite strictes afin que à bord soit juste pour chacun. Ainsi capitaine est élu par l'équipage et peut tout aussi bien le destituer de son poste s'il ne convie pas. Une personne est choisie pour les disputes. La plupart des règlent prévoient que le butin soit distribué équitablement et que l’homme est perdu un membre lors des assauts soient indemnisés. En revanche, ceux qui désertent leur poste de combat, volent à bord prennent le risque d'êtres abandonnés sur une île déserte.
En réalité, comme nous l'avons vu plus haut, la piraterie des îles s'insère dans un système dont le cœur est aux Provinces Unies, et il est fictif de faire trop de distinctions entre d'une part une Europe où la distinction pirate ou corsaire serait respectée à la lettre, et d'autre par des îles exotiques où l'anarchie règnerait en maître.
En sens inverse, la puissance étatique rêve de transformer le corsaire en officier de marine, un officier de marine qu'elle n'aurait pas à payer mais qui attaquerait toute cible que l'autorité lui désignerait, qu'il y ait ou non possibilité de s'emparer d'une cargaison pour se rémunérer. C'est beaucoup demander.
Jean-Baptiste Colbert Marquis de Seignelay 1651-1690
Les intérêts ne convergent pas aisément, et le recours aux corsaires est toujours un pis-aller que les États cessent d'utiliser quand leur marine de guerre devient suffisante.
La vie à bord d'un navire corsaire
Un navire corsaire est petit pour rester maniable. Dans l'idéal, c'est une frégate.
Ce qui caractérise d'abord un navire corsaire, c'est l'entassement. Le capitaine devait en effet prévoir que le combat pouvait causer beaucoup de morts et qu'ensuite, en cas de victoire, l'équipage devrait pouvoir conduire non seulement son propre navire mais aussi le navire capturé; un nombre insuffisant de survivants sur le bateau corsaire l'obligeait à "embaucher" pour la manœuvre des matelots du navire capturé et l'exposait au risque de "rescousse". L'entassement des marins était une caractéristique des bateaux pirates ou corsaires, le seul critère qui ne trompait pas.
Navire corsaire ou pirate
Les navires corsaires ou pirates étaient experts en tromperie. L'usage d'un faux pavillon ne les gênait en rien. Il arrivait qu'il ferme ses sabords pour cacher ses canons (en sens inverse, un navire de commerce pouvait peindre de faux sabords sur sa coque pour avoir l'air redoutable); ce n'est donc pas sur de tels critères qu'un capitaine devait se fonder pour savoir s'il était approché par un prédateur; en revanche, quand l'observation à la lunette révélait un nombre anormal d'occupants, il était temps de fuir, si l'on pouvait.
Barbe-Noire – Edward Teach – Blackbeard – 1630 – 1713 Angleterre
En conséquence de cet entassement, dès que le voyage est un peu long, les provisions sont insuffisantes faute de place où les mettre, et la faim est du voyage quelle que soit l'éventuelle bonne volonté du capitaine pour nourrir ses hommes correctement (cette volonté existait parfois; Jean Bart essayait de nourrir ses marins de bon fromage de Hollande).
Ajoutez à cela les maladies, les blessures, le danger.
Les techniques de combat des corsaires ou pirates
Le corsaire est un professionnel du combat inégal, d'où des techniques de combat très particulières.
Les corsaires dunkerquois ont inventé la frégate, navire plus petit et plus maniable que le vaisseau de ligne. Dans le meilleur des cas, le capitaine corsaire commande une frégate d'une trentaine de canons (contre plusieurs centaines pour un vaisseau); plus souvent, s'il n'a pas encore fait fortune, il opère à partir de n'importe quoi qui flotte.
L'objectif est donc d'éviter que le combat soit un échange de coups de canon, non seulement à cause du déséquilibre des puissances de feu, mais aussi parce que le corsaire, dont les motivations sont économiques, espère ramener une prise en bon état.
Navire anglais 1710
Pour approcher de sa proie, toutes les ruses sont de mise, y compris l'usage de faux pavillons.
Obtenir une reddition sans combat est l'idéal. Elle se produit assez souvent, pour de multiples raisons. Soit parce que le navire attaqué est un navire marchand sans capacité militaire. Soit parce que l'équipage est terrorisé, soit encore par tactique, pour provoquer la "rescousse", c'est à dire la "rescousse", le deuxième combat.
Il importe ici de connaître un point de la bizarre jurisprudence des tribunaux de prise : lorsqu'un navire a été capturé par un corsaire et qu'il est repris par son équipage lors de la rescousse", le navire et la cargaison appartiennent aux marins qui l'ont repris et non aux propriétaires d'origine.
Il peut donc être approprié de se laisser capturer (à condition d'être certain de tomber dans les mains d'un corsaire). En effet, le vainqueur est bien ennuyé, car il doit conduire deux bateaux avec l'équipage d'un seul. Les prisonniers finissent donc parfois par se voir "embauchés". Il arrive même qu'ils se voient confier la tâche de conduire au port leur propre navire pour le compte de leur vainqueur, accompagnés par une poignée de gardiens. Certes, la poudre du navire prisonnier est mouillée, ses canons sont cloués, et le vainqueur navigue à proximité. Mais tout peut quand même se produire. Pour peu que les vents séparent les deux navires et que les gardiens soient en petit nombre, l'équipage d'origine peut espérer reprendre le navire.
Si le combat est décidé, le capitaine corsaire ouvre le coffre qui contient les armes (celles-ci, en temps ordinaire sont sous bonne clé : à bord, la confiance ne règne guère) ; il laisse chaque homme choisir la sienne. Les armes à feu ont peu d'amateurs, leur recul est traitre dans l'espace restreint du navire. Le choix type : une hache à la ceinture, un couteau entre les dents, les mains devant être libres pour l'abordage. Le capitaine, s'il tient à combattre avec élégance, choisira un sabre à lame courbe (une lame droite s'enfoncerait dans la cuisse lors de l'abordage).
Le corsaire attaque si possible sa proie par l'avant (on connait la chanson Au trente et un du mois d'aout :"Vire lof pour lof en arrivant, Je l'abordions par son avant»); en tous cas il essaie d'éviter les flancs et leurs rangées de canons alignés. Arrivé à proximité, il lance les grappins pour l'abordage.
Si, par un rare malheur, la proie se défend et que le combat s'engage, c'est la boucherie. Plusieurs centaines de morts sur un seul bateau ne sont pas chose rare. D'abord pour des raisons techniques : le combat naval est sans équivalent à terre. L'espace restreint du navire ne permet pas de reculer d'un pas. L'expression "vaincre ou mourir" n'est pas une exagération. Ensuite parce que la résistance de la proie chauffe à blanc la fureur du corsaire, qui s'attendait à une reddition sans combat.
Suite 3
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