samedi 25 juillet 2015

Sainte-Cécile de Whitton ou Audet - Nos ancêtres - Laprise - Mercier - Trépanier - Autres - Deuxième partie



Sainte-Cécile de Whitton
Paroisse de Saint-Hubert-de-Spaulding 
et cette municipalité a été renommé
sous le nom d’Audet
Deuxième partie


Morin


La colonisation s'y développa avec beaucoup de difficultés, au prix de beaucoup de sacrifices et de privations; l'absence de communication avec le monde extérieur rendit bien pénible la condition de ces hardis pionniers. Leur courage et leur intelligence les avaient guidés vers un sol de qualité supérieure. Ils avaient su admirablement choisir un point favorisé de la nature, un territoire bien boisé, parsemé de lacs, de montagnes, de sources, de cours d'eau; mais ils n'en furent pas moins séquestrés, isolés du reste du monde par l'absence de chemins.
Chapelet en famille
 
Ce désavantage ne les empêcha pas de progresser d'une façon étonnante et, lorsque le gouvernement du Québec fit construire une route à travers Sainte-Cécile, tout le monde fut surpris d'y trouver une chapelle, des fermes avancées, des constructions importantes et une population se chiffrant par quelques centaines d'âmes. Inutile de dire que ces cœurs généreux et dévoués, ces nobles soldats de la plus belle des causes, se montrèrent reconnaissants envers tous ceux qui, en contribuant à leur procurer les bienfaits de ce chemin, avaient mis un terme à leur solitude, à leur captivité et assuré une nouvelle ère de prospérité à leur paroisse naissante.


Voilà comment Sœur Albertine Morin, petite fille de David Morin, nous décrit notre premier colon, en 1982: « Comme je suis la plus âgée des survivants de la famille de Frédéric Morin et que j'ai eu le bonheur de connaître le grand-père David Morin, il m'est agréable de tracer une esquisse de la personnalité de ce bon vieillard aux cheveux longs blancs et à l'abondante barbe blanche aussi ... ceci spécialement pour les générations plus  jeunes. En plus d'une nature honnête et pacifique, quelle amabilité se trouvait dans cet homme.  


Pour ses petits-enfants, il possédait une réserve de tendresse qui savait se manifester de mille et une manières. Vous dirais-je même que sa longue barbe ne lui appartenait plus quand la fantaisie des petits-enfants les poussait à la tresser. Que dire des échanges affectueux que les plus petits multipliait, des baisers donnés il s'engageait à remettre voilà un commerce bien enfantin auquel il se soumettait joyeusement. Jouer aux cartes avec lui était une récompense suprême. Le «Quatre Sept» était alors en vogue, et il en connaissait tous les trucs.
Chanson à répondre
 
Quand il avait une «Poulitaine», il chantait le chant de la poule, mais jamais deux fois sur le même ton, ce qui nous faisait rire à plein. Durant les dernières années de sa vie, son chapelet ne le quittait pas. Nous pouvions pénétrer chez lui à n'importe quelle heure, et nous étions sûrs de le trouver son chapelet à la main. Si on lui demandait: «pourquoi, grand-papa, dites-vous toujours votre chapelet?» Il nous répondait invariablement: «c'est pour vous autres, bande de petits malcommodes».  


C'était pour nous une réponse d'amitié et nous l'embrassions encore. Il manquerait un point important si je ne signalais pas sa fidélité à réciter l'Angélus: aux premiers coups des cloches de l'église, il s'arrêtait, même que je l'ai vu une fois au milieu d'un escalier, il récitait cette prière, en latin, s'il vous plaît  C'était la langue de l'église et l'on s'y confirmait du mieux qu'on pouvait «Oremous?» Aujourd'hui, on appellerait cela «parler en langues ». Il était sûr que le Seigneur comprenait, et cela suffisait. Mais il était dont bien pieux, le grand-père David, me direz-vous. Oui, il a certainement porté bien haut le flambeau de la Foi. Demeurons dignes de lui; il nous attend là-haut».


David Morin est né le 18 mars 1832 à Saint-Henri-de-Lévis, fils d'Henri Morin et Rose Paradis. Il épouse, le 28 janvier 1856 à Lambton, Cécile Fortier, née à Saint-Henri-de-Lévis, dont les parents Michel Fortier et son épouse Angèle Bouffard demeuraient à Lambton depuis plusieurs années.


Lambton, Québec


De leur union sont nés six enfants: Henriette Morin, née le 6 novembre 1856 à Lambton, Célina Morin, née en 1858, Léon Morin, né en 1860, Oliva Morin, née le 30 mai 1861, Mary Morin, née le 14 avril 1864, Frédéric Morin, né le 18 mai 1866 à Lambton. À cette époque, la paroisse de Saint-Henri comptait déjà un siècle d'existence; les terrains étaient rares, les jeunes s'éloignaient. Ce sont ces colons intrépides, qui ont formé bon nombre de nos paroisses des Cantons-de-l'Est. David, qui était de cette lignée de jeunes défricheurs, a su choisir la femme « idéale» qui pouvait demeurer d'accord avec les idées qu'il avait sur la vie. À Sainte-Cécile où ils se sont fixés.


Ce couple plein d'espérance vint, en 1870, jeter les fondements de la paroisse qui éternisera leurs noms. Comme tous les colons d'alors, ils arrivent avec les seules ressources de leurs bras et de leur courage. David a 38 ans et Cécile en a 45 et leurs six enfants ont de 4 à 14 ans. Au tout début, avant qu'une construction soit faite pour recevoir la famille, grand-père s'est bâti un petit «camp», il fallait le chauffer.
 
Le colon, ardent et fort, part du rang 5 de Saint-Romain (9 à 10 milles) à pied, à travers la forêt, avec un poêle à deux ponts sur le dos. Les parties désassemblées placées dans un sac, sont bien accablantes pour les épaules mais il n'y a pas d'autre moyen de transport avant l'ouverture des chemins praticables avec le cheval; et ces chemins, c'était le colon qui s'en chargeait, la voirie n'y aidait pas. Vraiment, ce n'était pas commode pour le ravitaillement. On nous a raconté qu'un printemps, la neige tardait à disparaître, qu'il n'y avait pas de voie de transport possible et l'on avait plus que de la farine pour nourriture. Pendant trois semaines, pas de pain, pas de patates, impossible de faire le levain nécessaire à la pâte.


On cuisinait une espèce de sauce qui ressemblait plutôt à de la colle de pâte, seule alimentation possible. Où étaient les gourmets? Cependant, pas un n'en mourut! Pour le défricheur, la forêt, le sol, ce sont les éléments de survivance. Mais c'est petit à petit que la culture et l'élevage des animaux lui apportent la subsistance et même l'aisance. Pour être féconde, la terre est exigeante. Tôt le matin, elle sort son homme du lit et le talonne jusqu'au soir. C'est à ce prix que le laboureur s'enracine, se stabilise en « royaume ». Aussi, cette vie laborieuse, obscure, sans recherche et sans histoire est pourtant cause de la sagesse qu'on admirait tant chez nos ancêtres.
  St-Romain


Le premier lot que David Morin s'est choisi est presque en plein centre de la paroisse; l'église a été construite à moins d'un mille de cet endroit sur le rang 6 et 7. Il prit sur ce terrain l'espace nécessaire pour faire la route qui mène à Saint-Romain. Le deuxième pionnier, M. François Roy choisit le lot voisin de l'autre côté de la route. Peu après, d'autres colons s'ajoutent, et cette partie du rang devient «le petit village».


C'est ainsi qu'on appelait ces quelques 15 arpents, garnis de 12 propriétaires de ferme dont plusieurs familles nombreuses, toutes bourdonnantes d'enfants éveillés. Aussi, il y avait une école d'une trentaine d'élèves dans le «nid bien chaud».  Aujourd'hui, c'est bien triste à constater, il n'y a presque plus rien de cette animation.  A peine deux terres ont été vendues et revendues finalement à un «gros» cultivateur.


Certaines maisons et granges sont disparues enfin le seul unique propriétaire est le grand champ de culture.  On ne voit même plus la trace des maisons.  Quelle différence avec l'esprit d'il y a cent ans!  Et pourtant, les sources de vie seront toujours: la famille d'abord et les classes rurales qu'on devait stabiliser. 
 
Revenons au grand-père. Sa vie simple, laborieuse, se continue. Il travaille ferme pour l'amélioration de sa terre et avec ses fils, ils rendent propres à la culture deux autres lots qui deviendront leur propriété. David s'intéresse aussi au développement de la colonie qui progresse sensiblement; il attire ses beaux-frères, les Fortier, dont un s'installe au premier rang: «La languette» et cinq autres choisirent de bons lots dans les rangs 8 et 9. Ces famines «Fortier» sont encore là; c'est une richesse durable pour la paroisse. Puisse leurs descendances couronner leur noble passé par un avenir fructueux et fécond!
Ferme à Audet


Durant les premières années, ils ne pouvaient assister à la messe le dimanche, mais c'était jour de repos. En 1879, ils sollicitent et obtiennent les services d'un prêtre. Encore, en sa vieillesse, grand-père parle avec émotion de ce privilège qu'il a si bien apprécié: sa foi; elle était si profonde. En 1882, ce fut la construction de la chapelle, le 7 mai 1883 eut lieu la première messe. En 1898 on a construit l'église actuelle. Chacun y allait de ses dons et de sa main d'œuvre.
 
Longtemps après, il fallait les écouter ces «vieux» qui racontaient avec un tout petit brin d'orgueil, ce qu'ils avaient fait pour leur église: dons de grosses pièces de pin pour la charpente, la sablière, dons de pièces de telles longueurs pour les colonnes d'autres qui les avaient polies à la plane, etc.  Tout ceci illustrait bien le bon esprit paroissial qui régnait.  David Morin fut le premier marguillier en charge.  Il ne s'en prévalait pas: premier pionnier, premier marguillier, ça ne changeait rien à son humble comportement. 


Durant l'année 1894, David Morin eût la douleur de perdre son incomparable épouse; en 1895, sa fille perdit six enfants, ce qui affecta beaucoup ce vieux grand-père.  Puis en 1897, ce fût son fils Léon et l'année suivante, sa fille Oliva qui laissa une nombreuse famille.  Tous ces deuils pénibles et les efforts parfois surhumains que la vie a demandés, ont usé ses forces.  Vers 1900, il se retire au village avec sa fille Mary. L'ancienne sacristie, qu'il achète à la Fabrique, devient sa maison. Il a vécu des années de paix, de repos, tout près de l'église, et son chapelet à la main.


 
Puis un jour, sa fille Mary, qui pourtant a sacrifié sa vie pour prendre soin de son vieux père, accepte de se marier à l'âge de 48 ans. Le futur mari veut bien que son père suive la fille. Le pauvre père, déjà malade, se soumet à cet exode si dur à son cœur. Quitter sa paroisse, son église, ses amis, bien qu'il y en ait un plus grand nombre dans l'autre monde, s'ennuyer de ses petits-enfants qui ne seront plus là pour le cajoler. Après le labeur de la journée de sa vie, il s'incline devant la volonté du Bon Dieu.


Plongé dans un si grand renoncement, il va finir ses jours à Piopolis. À peine deux ans plus tard, il revient à son dernier repos, chez lui, à Sainte-Cécile. Il avait conservé un sourire, étrangement doux! Il fut inhumé dans son cimetière, qu'avec ses concitoyens, il avait aménagé. C'était le 27 juillet 1914. Je n'ai pas connu ma grand-mère Cécile.
 
Maman, après son mariage, a vécu plus d'un an avec ses beaux-parents. Elle nous parlait souvent de sa belle-mère qu'elle aimait et appréciait beaucoup. Jamais, disait-elle, je l'ai vue changer d'humeur. De plus, elle était très forte et aidait beaucoup aux travaux des champs.  A cette époque il y avait toujours un «morceau» d'abattis à ensemencer. Là, tout le travail se faisait à la main. Ainsi, pour les patates qui étaient semées à «la mule» et les grains à faucher à la faucille.



En ces travaux, «on ne connaissait pas un homme qui aurait réussi à la suivre, nous ont répété les oncles et les tantes. C'était une femme extraordinaire! Les gens d'aujourd'hui connais séné-ils la semence des patates en abattis? Il s'agit de bêcher pour ramasser assez de terre pour faire une petite «mule»; on y insère trois ou quatre plantons «germes de patates». J'ai moi-même, chez papa, fait ce genre de semence et, cette année-là, pour un minot de «germes», nous avions récolté 85 minots de belles patates blanches, bien lavées «à la cendre de bois».


Grand-mère était aussi très habile dans la confection des vêtements; elle cousait à la petite aiguille. Elle n'avait pas de machine à coudre. Dans sa fierté et son amour du beau travail, elle n'achetait jamais de mouchoirs parce que, disait-elle: «c'est trop mal fait». Elle aimait les ourler elle-même, à petits points imperceptibles et bien réguliers, d'après ce qu'en disait maman qui l'a tant admirée. Il faut rendre hommage au courage, à l'endurance, à la psychologie naturelle de cette femme sans pareille.


La première maison de David Morin fut construite en bois rond dans un maigre défriché où abondaient les roches «mais des roches de qualité, apparentées au granit des carrières voisines», faites de longues pièces d'épinettes équarries à la hache, les fentes calfeutrées avec de l'étoupe. Plus tard, les murs furent recouverts de planches. On fit aussi pour fondations, une maçonnerie de belles pierres prises et taillées sur le terrain non loin de la maison. Après 70 ans, encore solide, elle fut déménagée dans le rang 5 où, quoiqu'en ruines en 1982, elle existait toujours.


En parlant de Frédéric Morin, fils de David, elle nous dit: je m'en voudrais de ne pas faire connaître aux jeunes générations comment celui-ci, qui ne savait ni lire ni écrire, était fort en arithmétique; ça tenait tout simplement du prodige! Quand à la classe, on nous donnait des problèmes à faire comme devoirs, nous les lui expliquions et il nous donnait toujours la réponse exacte, même avec les fractions. On lui demandait la solution, il disait : Vous avez la réponse, arrangez-vous avec vos «solutions».


Nous travaillions fort pour trouver le joint car l'institutrice, bien entendu, exigeait que toute l'opération soit détaillée pour trouver la «réponse» (ou le résultat). Quand eut lieu la construction du presbytère de Sainte-Cécile, on transportait sable et gravier en «banneaux» de différentes dimensions, quelqu'un prenait note de la charge et remettait le tout à M. le Curé Dodier. Quand il y en avait une certaine quantité, on faisait venir Frédéric au presbytère pour lui faire calculer le cubage de ces matériaux, afin que chacun soit payé en toute justice. M. le Curé ménageait son temps et ses papiers, car il comptait tout cela dans sa tête. N'avons-nous pas droit d'être fiers de nos ancêtres, déclare-t-elle!


Pierre Fortier et Suphérine Cameron
 
On peut dire qu'avec cinq générations de Fortier à Sainte-Cécile, on remonte aux premiers colons arrivés dans la paroisse. Pierre Fortier, né à Saint-Romain en 1831, et décédé à Sainte-Cécile le 2 septembre 1920, à l'âge de 89 ans; il épousait, à Winslow (Stornoway), Suphérine Cameron, née en 1835 et décédée à Sainte-Cécile en avril 1903, à l'âge de 68 ans.


Ces ancêtres ont donné 14 descendants: Alma (Baptiste Nadeau), Oliva (France Duquette), Pierre (Marie-Louise et Ida Chenette), Marie Joseph Guay), Caroline (Napoléon Beaudry), Alexandre (Zélia Godbout), Octavie (Adolphe Lemay), Georges (Azilida Roy), Michel, Obéline (Louis Blais), Joseph, Thomas (Marie-Louise Plante), Alyre (Maria Beaulé) et Napoléon.


La famille déménage à Sainte-Cécile pour s'installer sur un lot de colonisation vers 1884. Pierre était reconnu par ses pairs pour la facilité avec laquelle il pouvait obtenir des lots du « gouvernement ». Il en a profité pour défricher le rang 9 afin d'y installer ses fils. Au recensement de 1889, il possédait 100 âcres de terrain sur le lot 6, rang 8, d'une valeur de 300 $ et 100 âcres de terrain sur le lot 29, rang 3, d'une valeur de 100$.


François-Xavier Roy et Suphérine Chamberland  
 
François-Xavier Roy, originaire de Saint-Vallier, arrive alors dans la section Est-des-Hautes Appalaches, soit successivement Lambton, Saint-Romain et pour terminer à Sainte-Cécile. En 1861, François-Xavier est considéré résident de Lambton lors de son mariage avec Suphérine Chamberland, en la paroisse de Saint-Michel-de-Bellechasse.


Comment a-t-il parcouru la route de Saint-Vallier à Lambton? La distance entre ces deux points est d'environ 160 kilomètres. Comment est-il venu? Avec d'autres colons quittant les environs de Saint-Vallier! Voici ce que rapporte l'Abbé Nazaire Leclerc, missionnaire à Lambton en 1851 : «Après plusieurs jours de marche la plus pénible, trente habitants sont arrivés plus morts que vifs, tous couverts de boue, en disant que la mort est cent fois préférable à l'exil». 


Mais François et Suphérine résident peu de temps à Lambton, puisqu'on les retrouve à St-Romain, lors du baptême de leur premier entre François Amédé en 1864.
 
Ils sont alors domiciliés sur le rang 1, Nord-est à Saint-Romain. En 1871, au recensement officiel, ils résident à Saint-Romain. Pendant les années précédant son établissement à Sainte-Cécile, François-Xavier parcourt à pied de nombreuses fois la route de Saint-Romain à Sainte-Cécile. Il porte alors ses provisions sur son dos pour les séjours de débroussaillage, d'abattis et construction de la première résidence pour établir sa famille.
Mont Sainte-Cécile


Voici le parcours suivi de sa terre au rang 1, «Nord-est» : il accède directement à la première route vers Sainte-Cécile. On contourne le mont Sainte-Cécile au sud-ouest, jusqu'au rang 5, pour arriver à la fourche nord de son lot 9, rang 6, Nord-est.


Il longe son lot jusqu'à l'intersection des rangs 6 et 7. Ce site, choisi pour la future résidence, est sur une légère élévation près de la pointe Nord-est. Il est permis de croire que François-Xavier participe à l'ouverture d'une route carrossable à l'époque pour mieux accéder aux nouvelles terres. Au recensement de 1871, il possède alors deux bœufs pour cultiver la terre. Au recensement du 10 septembre 1889, il possède 200 âcres de terre dans les rangs 5 et 6, lot 9, d'une valeur de 610$.
Honoré Duquette et Marie Bouffard
 
M. Honoré Duquette est né le 14 septembre 1838 à Saint-Henri-de Lauzon. Vers les années 1860, il déménagea à Saint-Romain. M. Duquette se maria à Marie Bouffard, le 5 mars 1864, à Stratford. Ils déménagèrent et s'installèrent dans le rang 7 à Sainte-Cécile. Le 14 octobre 1878, la place de la chapel1e est finie, le terrain de huit âcres a été donné par MM. Honoré et Ferdinand Duquette. M. Duquette fut membre du premier conseil municipal formé le 28 janvier 1890. Il fut également secrétaire de la première session de la Commission Scolaire, le 16 août 1891.


 
Duquette et Mme Bouffard eurent 14 enfants. M. Duquette décéda le 18 juin 1913 à Sainte-Cécile et Mme Duquette décéda le 20 octobre 1918, elle aussi à Sainte-Cécile. Au recensement du 10 septembre 1889, il possédait 96 âcres de terre dans le rang 7, sur le lot 15, d'une valeur de 300$.


Le 7 septembre 1911, voici ce qu'écrivait Mgr. Paul La Rocque, évêque de Sherbrooke: «Vous n'ignorez pas les grands changements qui se sont opérés dans votre paroisse depuis son origine, vous n'étiez alors qu'un petit nombre de colons établis au milieu de la forêt vierge. Aujourd'hui, ce petit nombre de colons s'est accru au point de former une grande et belle paroisse.


A cette époque, la culture des céréales était l'unique source de revenus de la population, les changements survenus dans le mode de culture font que la culture des grains n'est, pour ainsi dire, qu'un accessoire sur la ferme.  C'est vers la production de foin, qui permet l'élevage des bestiaux pour la boucherie ou pour la production du lait, que tend aujourd'hui le travail de la plupart des cultivateurs. 



Fait cocasse raconté par Georges-Émile Roy
 
Un dimanche, M. Célestin Cameron, habitant du rang 9, était absent de chez lui, car il était parti chez de la parenté. Les gars de Noël Roy et ceux de Jérémy Cameron viennent pour rendre visite à Célestin. Voyant que celui-ci n'était pas chez lui, il décide quand même de lui laisser un souvenir de leur visite.


Ils attellent le bœuf, qui était dans l'étable, sur la belle voiture de promenade de M. Célestin, qui était un homme très fier de sa voiture et en prenait un soin jaloux. Imaginez le spectacle. Lorsque le bœuf fut attelé, ils s'installent dans la voiture pour faire une promenade, mais le bœuf n'a pas pris la bonne direction. Il s’enligne dans le clos de pacage, à travers les talles d'aulnes; impossible de l'arrêter. Finalement, la voiture est restée accrochée aux talles d'aulnes et le bœuf a pris le bois avec l'attelage sur le dos. Les joueurs de tours, voyant que le tout ne tournait pas comme ils prévoyaient, se dépêchent de ramener la voiture à sa place avant le retour de Célestin. Mais le bœuf avait disparu. Ils en furent quittes pour réparer la voiture et effacer les traces de leur tour.
  
Ouverture du canton de Spaulding
 
Dans son organisation interne, la municipalité des Cantons Unis de Ditchfield et Spaulding changera son nom le 18 avril 1959 pour celui de la municipalité de Frontenac, qui compte aujourd'hui 1,573 habitants, appelés les Frontenaçois et les Frontenaçoises. Cette situation nous amènera plusieurs changements dans notre région. 
 
Qui de nous n'a pas, un jour ou l'autre, arrêté sa voiture au bord de la route pour admirer certains paysages si particuliers à notre paroisse? N'avons-nous pas déjà éprouvé ce sentiment de fierté et d'appartenance à la vue de toutes les richesses qu’offre notre région? Nous habitons dans une des plus belles régions du Québec, les Appalaches. Alors soyons en fiers, car nos ancêtres ont sué dur pour nous léguer ces biens inestimables.
Sentier des Appalaches


Le canton de Spaulding est situé dans le canton du sud-est de la province, en Estrie. Soit borné par la rivière Chaudière au nord-ouest et au sud-est par les lignes américaines qui ont été déterminées par la coulée des eaux soit vers le nord pour le Canada et vers le sud pour les États-Unis. La ligne séparatrice des frontières américaines (Boundry) a 6 milles de longueur.


Du côté nord-est par le canton de Risboraugh et au sud-ouest par la municipalité de Frontenac. Aujourd'hui le canton est d'une largeur de 6 milles et ailleurs et d'une longueur irrégulière de ± 9 milles. Nom du canton proclamé en 1868, évoque une ville du Lincolnshire anglais, au nord de Peterborough. Il s'agit de l'une des plus hautes localités du Québec.


Une contrée faite de rivières et de montagnes avec une altitude de 325 mètres au plus bas niveau et le plus haut point d'observation à plus de 725 mètres. Le centre du village perché sur un haut plateau domine les environs à 535 mètres. Quelle vue extraordinaire nous avons sur la région!


Le canton de Spaulding est doté de trois monts soit le mont Dostie (653 mètres) en l'honneur d'un maire Dostie qui a vécu au pied du mont le mont Round top (±100 mètres) un nom d'influence américaine et la montagne du Porc-épic (±725 mètres) par sa forme et ses majestueux pins qui y poussaient au début de colonisation. II est doté aussi de trois rivières majeures soit la Kokombis (origine amérindienne), la Samson (origine anglaise) et la Chaudière par la forme d'une chaudière à son arrivée près de Québec.


  École de rang


L’éducation


Aujourd’hui, nous avons au Québec un système scolaire bien organisé. À l’aide de taxes et d’impôts, le gouvernement s’occupe de collecter de l’argent pour ensuite le redistribuer dans différents ministères dont le ministère de l’Éducation. Ce ministère est responsable de la gestion de tout le système scolaire. Celui-ci s’occupe de transférer de l’argent aux commissions scolaires qui à leur tour s’engagent à employer des professeurs et à payer pour un établissement. Le système scolaire n’a pas toujours été ainsi organisé.
 
Au 18e siècle, la population de la Beauce était peu nombreuse; ainsi, en 1762, on ne comptait que 730 habitants. À cause du climat et du mauvais état des routes, il était pénible pour les enfants de se déplacer. La majorité des habitants vivaient dans la pauvreté et il était difficile de trouver des instituteurs. Cette situation a nui à l’établissement d’écoles en Beauce. L’éducation était à ce moment un luxe que seules les familles riches pouvaient s’offrir, car on devait faire venir un instituteur de la ville. Avant 1800, il n’y avait pas d’écoles dans la Beauce. 
 
Ce sont les curés qui devaient s’occuper eux-mêmes de l’enseignement. Ils donnaient, dans leur presbytère, quelques cours de lecture, d’écriture, de calcul et surtout de catéchisme pour préparer les enfants à leur première communion. La famille jouait également un rôle dans l’éducation. En effet, c’était souvent les mères de famille qui transmettaient à leurs enfants les connaissances qu’elles avaient elles-mêmes apprises.
 
La première école est apparue à Sainte-Marie en 1814. Le premier maître de l’école enseignait dans sa résidence 4 heures par jour. Les matières enseignées étaient le français, le latin et l’anglais. Dans les années 1820, d’autres écoles ont fait leur apparition mais peu d’enfants les fréquentaient. Plusieurs familles étaient encore trop pauvres, elles ne pouvaient dépenser d’argent pour l’éducation. En effet, même si « l’instruction est gratuite, la construction et l’entretien des maisons d’école demeurent à la charge des habitants »
 
En 1824, une loi a été votée. Cette loi permettait aux fabriques de contribuer à l’établissement et à l’entretien des écoles en leur donnant un quart de leurs revenus annuels.  La gestion des écoles se faisait par les fabriques.
 
En 1829, une autre loi a été votée. Elle donnait au Parlement l’autorité dans le domaine de l’éducation. Dans chaque comté, les députés s’occupaient de distribuer l’argent nécessaire au fonctionnement des écoles. À partir de ce moment, l’école devenait accessible à tous les enfants car les plus pauvres étaient instruits gratuitement. Entre 1831 et 1836, le nombre d’écoles à Sainte-Marie est passé de 8 à 35. Malheureusement, cette loi a été abolie en 1836 et plusieurs écoles ont dû fermer leurs portes.
École de rang abandonnée
 
En 1841, on assistait à la mise en place de notre premier système d’instruction publique. Chaque district municipal était responsable de récolter les taxes et de les redistribuer aux différentes écoles. On retrouvait des commissaires, élus par le peuple, qui s’occupaient d’engager les instituteurs, d’adopter les programmes d’études et les manuels scolaires. 
 
« En 1846, la taxe scolaire redevint obligatoire dans le but d’inciter les parents à envoyer leurs enfants à l’école ».  Cette taxe imposée a provoqué une vive réaction chez la plupart des gens. Bon nombre de parents préféraient garder leurs enfants à la maison plutôt que de payer cette taxe. Plusieurs écoles ont fermé leurs portes. À Saint-François (Beauceville), des personnes sont même allées jusqu’à mettre le feu aux écoles. Les autorités ont dû non seulement éteindre les incendies dans les écoles mais aussi la colère des Beaucerons. C’était la « guerre des éteignoirs ». Il a fallu attendre 1851 avant que la situation revienne à la normale. Les premiers inspecteurs d’écoles ont été nommés et le nombre d’écoles a augmenté lentement.
 
Au fil des ans sont apparues de nombreuses petites écoles de rang fréquentées par les garçons et les filles. Dans les villages, on a plutôt assisté à la construction de couvents pour l’éducation des filles et des collèges pour les garçons.


  École de rang abandonnée


Les filles pouvaient étudier l’enseignement ménager. Le système scolaire préparait très rapidement les jeunes filles à leur futur rôle de mère et d’épouse.
 
En 1943, une loi rendait obligatoire la fréquentation des écoles. Le nombre d’étudiants a augmenté et de nouvelles écoles ont dû être construites. Ce système d’éducation a perduré jusque dans les années 1960. 
 
À partir de ce moment, on a pris de plus en plus conscience de l’importance de l’instruction pour l’avenir. Les filles, comme les garçons, avaient besoin d’une formation adaptée à la société québécoise de l’époque. Des polyvalentes et des cégeps ont fait leur apparition.


Voir la suite en troisième partie



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