William Wallace et Rémi Blanchard
Pendus à la prison Winter de Sherbrooke
Puis vint celle de William Wallace Blanchard, trouvé coupable du meurtre de C.A. Calkins commis le 18 novembre 1889 à Rock Island.
Ordre d’exécution de pendaison
Calkins, ami intime de Blanchard, avait été assassiné lors d'une orgie par ce dénommé Blanchard, un Américain de naissance originaire de Reading Massachusetts et qui était âgé de 31 ans lors de la commission du crime.
Les jours précédant la date fatidique du 12 décembre 1890, Rémi Blanchard, se repentant amèrement du geste qu'il avait commis, s'était recueilli et réfugié dans la plus ardente dévotion, trouvant auprès de son aviseur spirituel, M. l'abbé E.C. Fisette, curé de la paroisse de Saint-Patrice, le courage nécessaire pour affronter cette dernière épreuve. Il s'était même réconcilié avec son épouse de laquelle il vivait séparé depuis quelque temps.
Enfin le 12 décembre 1890 vers 8h55 a.m., le glas de la Cathédrale Saint-Michel se faisait entendre à travers les quatre coins du hameau de Sherbrooke et on pouvait même apercevoir, hissé à la hampe de la prison, le drapeau noir, signe précurseur du jour de deuil.
Et voilà qu'on fit sortir William W. Blanchard de la prison et qu'on lui fit traverser la cour. Une fois monté sur l'échafaud, il s'adressa aux gens présents et plus particulièrement à l'abbé Fisette en disant : " Messieurs, je vous remercie tous pour votre bonté. J'espère vous rencontrer dans l'autre monde, Adieu ! "
Et à 9 heures 6 minutes, le bourreau Radcliffe, l'exécuteur des hautes œuvres, sur l'ordre reçu du shérif Webb, fit déclencher la trappe; le corps tomba dans le vide en faisant rebondir le supplicié au bout de la corde. Blanchard, le cou disloqué, eut plusieurs convulsions et les médecins, après dix-sept interminables minute, purent enfin constater le décès.
L'affaire Rémi Lamontagne
Une semaine après la pendaison de William Wallace Blanchard, Rémi Lamontagne, un fermier de 33 ans de St-Ferdinand d'Halifax, connut à son tour le même sort pour avoir assassiné, dans la nuit du 18 juillet 1888, son beau-frère Napoléon Michel.
Rémi Lamontagne avait toujours éprouvé un amour démesuré pour sa sœur. Puis un jour, alors qu'il était particulièrement obsédé par l'image de celle-ci et par sa jalousie maladive, il se rendit à la demeure de cette dernière située dans la paroisse de St-Julien de Wolfstown. Trouvant son beau-frère seul, Lamontagne se rua sur lui le battant presqu'à mort pour ensuite l'enrouler entre deux matelas avant d'y mettre le feu. Il se sauva laissant derrière lui sa victime agonisante.
Dans un ultime effort, avant que le feu ne l'atteigne, Napoléon Michel réussit à se dérober de sa prison de flammes, pour sortir par un châssis et se traîner jusqu'à une maison voisine. Il pu désigner l'auteur de son agression avant de rendre l'âme.
Après le drame, Rémi Lamontagne, qui s'était sauvé et se tenait terré depuis le meurtre, finit par se rendre aux autorités, accompagné de son beau-frère, un dénommé Grimard, qui en l'occurrence reçut la prime de 1000$ promise à quiconque aiderait la justice à retrouver l'assassin de Napoléon Michel.
Lamontagne défendu par Me F.X. Lemieux, passa à procès et fut condamné à la peine capitale pour le meurtre de Napoléon Michel. L'exécution fut fixée au 19 décembre 1890.
Au matin du 19 décembre, vers 8h30 a.m., on fit sortir le coupable de sa cellule pour le faire monter au gibet. Comme le shérif Webb allait donner l'ordre au bourreau de s'exécuter, Webb fut soudainement pris d'une crise d'apoplexie.
Il s'affaissa et mourut en quelques secondes. On suspendit temporairement la procédure afin de trouver un remplaçant au shérif car, point de shérif, point de pendaison.
Enfin vers 9h20 a.m., le shérif Witcher arriva et avant que l'ordre fatal ne soit donné, Lamontagne s'écria : " Le Bon Dieu m'appelle, je suis content. Priez pour moi. Adieu ! "
Le vide se fit alors sentir sous les pieds de la victime, provoquant un bruit sourd dans la foule présente.
Après huit minutes de convulsions, le médecin de la prison constata le décès.
Prison Winter de Sherbrooke
La prison de Sherbrooke n'allait plus connaître d'autres exécutions semblables avant une quarantaine d'années.
Au début du 19e siècle, il n'existait ni policier ni cour ni prison dans les Cantons-de-l'Est.
La région représentait une lointaine frontière, loin des villes du Bas-Canada. En principe, la loi était appliquée par des magistrats à temps partiel, qui demeuraient dans des hameaux dispersés. Lors d'urgences, les magistrats étaient assistés par la milice locale. Mais il y avait trop peu de magistrats et les seuls cas qu'on leur permettait de juger étaient ceux qui impliquaient des troubles mineurs ou des poursuites n'impliquant que quelques dollars. Avant la création du District de Saint-François en 1823 et d'une cour à Sherbrooke, les cas impliquant des sommes d'argent importantes ou des crimes de tout genre étaient inscrits au rôle des cours de Montréal, Trois-Rivières et Québec.
Lorsqu'un crime était commis, le mandat d'arrêt émis contre le suspect devait être signé par un magistrat. Si on ne pouvait trouver de magistrat, un officier de la milice suffisait. Alors, le suspect devait être appréhendé et amené jusqu'à la prison en ville en attendant le procès. Plusieurs prisonniers s'échappaient en route.
En 1822, William Bowman Felton, un résident bien nanti de Sherbrooke, dressa un sinistre tableau (quoique possiblement exagéré) de la situation, mettant l'accent sur la menace à la propriété privée.
"Les Cantons sont exposés à l'afflux d'une bande de fugitifs et d'immoraux, libérés des geôles des états voisins, s'adonnant à la contrebande ou échappant à leur créanciers ou aux poursuites de la justice de leur pays.
Les gens mal intentionnés jouissent de toutes les facilités pour piller les Cantons-de-l'Est et s'en enfuir.
De tels méfaits se produisent à tous les jours, surtout le vol de chevaux; très souvent, les gens soupçonnés de tels crimes sont libérés par la partie lésée, souvent sans compensation.
L'adoption de semblants de lois se voit fréquemment et représente un scandale auquel on ne prête presque pas attention. Dans presque tous les établissements d'incarcération, les prisonniers s'échappent par les chemins."
Il y a eu 6 pendaisons à la prison Winter de Sherbrooke
Voir les autres documents sur mon blog
Alain Laprise 22 mars 2014
Aucun commentaire:
Publier un commentaire