samedi 23 novembre 2013

Arthur Laprise sculpteur de croix à Sainte-Cécile-de-Whitton au mois de juillet 1933

clip_image001 Paroisse Sainte-Cécile-de-Whitton clip_image003Au mois de juillet 1933, un violent orage s'abattit sur la paroisse avec vent et à la stupeur de nos bonnes gens, il tombait des chenilles, pire qu'une épidémie. il s'ensuivit une dévastation des jardins et des potagers en quelques jours, mais ça ne s'arrêta pas là; voilà qu'on s'aperçut que les arbres feuillus fanaient. Les feuilles et même les jeunes écorces se faisaient dévorer. Beaucoup d'arbres ont péri cette année là. clip_image004Devant la gravité de la situation pour chaque cultivateur de la paroisse qui se voyait perdre sa récolte et de ce fait, son moyen de bien nourrir sa famille pour la saison d'hiver qui suivrait,

le curé Ernest Turgeon

leur demanda, le dimanche au prône, de faire le sacrifice de la tempérance et de construire une croix d'au moins deux pieds de haut puis de la planter bien en vue sur chaque terre, tout en bénissant et en demandant à Dieu de sauver les récoltes et de conserver les forêts, sans oublier de le remercier pour le déjà reçu. Je sais que la plupart d'entre-nous travaillent en dehors six jours par semaine; on permet de la fabriquer le dimanche, qu'elle soit en planche ou en branche, pas d'importance; on posa cet acte de foi et le bon Dieu sauva ce qui restait des récoltes. clip_image006C'est ainsi que chacun, quittant l'église, se rendit le jour même planter une croix sur sa terre. Pour plusieurs années, près de la route, on pouvait voir une croix de bois surmonter une digue de roches. Cependant, une seule demeure aujourd'hui; elle a été faite en fer forgé dans une petite boutique par

Arthur Laprise;

il avait décidé de la poser solidement dans la plus grosse roche, où son terrain était le plus élevé. Comme il était tailleur de pierre, il a sculpté dans cette grosse roche un cercle autour du pied de la croix avec points et tranches qui voulaient dire quelque chose qui m'échappe étant trop jeune à ce moment là pour tout comprendre. Sur la petite face, une croix avec un «  M » qui est le même dessin que sur l'envers d'une médaille miraculeuse, tandis que sur la plus grande face, il grava de son mieux cette invocation « Mon Dieu Bénissez Nos Champs ».

  Par un beau matin d'août, étant en promenade chez mon parrain, sa croix étant prête ainsi que la roche, nous montâmes en famille, oncle Arthur Mercier, tante Marie-Ange Trépanier Laprise, Rose-de-Lima Laprise, Émile Laprise , Louis Laprise et moi-même Carment Trépanier dans la carriole tiré par un cheval.

Nous sommes montés jusqu'au cap, à environ deux mille de la maison, sur la côte. Rendu là, il fallait se rendre à pied en traversant une clôture et en marchant environ ( 200 ) deux cents pieds dans le clos de pacage. Je suis resté marqué par la piété avec laquelle il chargea sur son épaule cette croix en fer de ¾ de pouce d'épais et de 36 pouces par 26 pouces pour se rendre la déposer solidement dans son trou, face à la maison. Puis il nous commanda de nous agenouiller tous autour de la croix pour la bénédiction et il remercia Dieu car sa récolte reverdissait.

Arthur Laprise était maintenant convaincu de récolter assez de patates, et autres légumes pour toute sa famille. À sa demande précise à tante Marie-Ange Trépanier Laprise sortit de son tablier un long chapelet que nous avons tous récité à genoux. clip_image008Plusieurs années plus tard, soit en 1959, ma fille, en allant cueillir des bleuets, remarqua une couronne fraîche de lierre sauvage qui était déposée au pied de cette croix et chaque année par la suite, cette couronne fut enlevée, mise par terre et remplacée par une fraîche.

Longtemps on se posa la question, qui vient chaque année refaire cette couronne? Cependant, j'avais remarqué le pèlerinage annuel de son fils Louis Laprise, chaque automne venait faire une marche sur la terre où son père avait été élevé, Louis est décédé le 6 janvier 1979 et en cette année là, plus de couronne. Donc, j'en conclu que c'était bien lui, Louis Laprise qui venait rendre hommage à Dieu et au travail de son père Arthur Laprise.

 Texte de Mme Carmen Trépanier

 Reçu de Lisette Laprise Paloczi

 © Alain Laprise 22 novembre 2013
















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