Louis XIV - Les Filles du Roy partie 3
"Si le Roi fait pafser d'autres filles ou femmes venues
de l'Ancienne en la
Nouvelle France , il est bon de les faire accompagner d'un
certificat de leur Curé ou du Juge du lieu de leur demeure qui fafse connaitre
qu'elles sont libres et en état d'être mariées, sans quoi les Ecclésiastiques
d'ici font difficulté de leur administrer ce sacrement, A la vérité ce n'est
pas sans raison deux ou trois mariages s'étant ici reconnus; on pourrait
prendre la même cette année; si Sa Majesté a la bonté d'en faire pafser, auquel
cas il serait bon de recommander fortement que celles qui seront destinées pour
ce pays ne soient aucunement disgraciées de la Nature , qu'elles n'aient
rien de rebutant à l'extérieur, qu'elles soient saines et fortes, pour le
travail de campagne, ou du moins qu'elles aient quelques industries pour les
ouvrages de main, j'en écrit dans ce sens à Mrs. les Directeurs. Trois ou
quatre filles de naifsance et distinguées par la qualité serviraient peut-être
utilement à lier par le mariage des Officiers qui ne tiennent au pays que par
les appointement et l'émolument de leurs terres et qui par la disproportion ne
s'engagent pas davantage.
"Les filles envoyées l'an pafsé sont
mariées, et presque toutes ou sont grofses ou ont eu des enfans, marque de la
fécondité de ce pays.
"Si le Roi fait pafser d'autres filles ou femmes venues
de l'Ancienne en la
Nouvelle France , il est bon de les faire accompagner d'un
certificat de leur Curé ou du Juge du lieu de leur demeure qui fafse connaitre
qu'elles sont libres et en état d'être mariées, sans quoi les Ecclésiastiques
d'ici font difficulté de leur administrer ce sacrement, A la vérité ce n'est
pas sans raison deux ou trois mariages s'étant ici reconnus; on pourrait
prendre la même précaution pour les hommes neufs, et cela devrait être du soin
de ceux qui seront chargés des pafsagers.
Envoyé par Colbert en Nouvelle-France en 1665, l 'intendant Jean
Talon contribua au développement de la colonie en favorisant le peuplement,
encourageant le défrichement et la culture des terres. Le 24 mai 1665, il
quitte la France
pour débarquer à Québec le 12 septembre suivant. Il distribue des terres aux
immigrants, encourage la venue de gens de métiers et d'apprentis, supervise
l'installation des colons et le développement de nouvelles industries. Talon veille,
à même le budget de l'intendance, à pourvoir les filles du roi de « quelques
subsistances et de cinquante livres en denrées propres à leur ménage » et munit
d'une dot les filles destinées à devenir épouses d'officiers.
La fécondité des filles du roi est telle que Jean Talon
pourra écrire à Louis XIV ce mémoire.
Lettre de Jean
Talon au Roi Louis XIV
« Mémoire au Roi adrefsé par M. Talon, sur l'état du Canada
»
Fait à Québec, ce 2 novembre 1671
Sa Majesté pourra voir par l'abrégé des extraits des
Registres de Baptême dont j'ai chargé mon Secrétaire, que le nombre des enfans
nés cette année est de six à sept cents, que dans les suivantes on en peut
espérer une augmentation considérable s'il y a lieu de croire que sans autre
secours des filles de France ce pays produira plus de cent mariages dans les
premières années, et beaucoup au delà à mesure qu'on avancera dans le tems.
J'estime qu'il n'est pas à propos d'envoyer des filles l'année prochaine, afin
que les habitans donnent plus aisément en mariage les leurs aux soldats qui
restent habitués et libres. Il n'est pas non plus nécefsaire de faire pafser
des demoiselles en ayant reçu cette année, 15 ainsi qualifiées au lieu de 4 que
je demandais, pour faire des alliances avec les Officiers ou les principaux
habitans ici ».
Avec l'apport des soldats du régiment de Carignan-Salières
et celui des filles du roi, la population de la Nouvelle-France ,
passe de 3 200, en 1663, à 6 700 en 1672. Il y aurait eu approximativement 835
mariages d'immigrantes dans la colonie pendant la période de 1663 à 1673, dont
774 impliqueraient les filles du roi.
« La plus grande partie des cent cinquante filles que vous y
avés envoyées cette année, ont esté mariées en très-peu de temps; il y à
apparence que le reste sera bien tost pourveu; Monsieur Talon y apporte tous
ses soins, et au reste des affaires qui regardent l'augmentation de la Colonie.
Je vous puis asseurer que je continue dans les mesmes
sentimens de ne rien épargner de mes soins et de mon application pour bannir le
vice et établir les bonnes moeurs dans ce Christianisme dont il à pleu à Dieu
me charger.
Ce ne m'est pas peu de consolation d'apprendre de vostre
part que sa Majesté soit satisfaite de ma conduite au point que vous me
l'escrivés, ie feray tout mon possible pour correspondre aux bons et avantageux
sentiments qu'elle et vous avés conceüs de moy ».
En 1663, la colonie compte beaucoup plus d'hommes que de
femmes et cette proportion aurait pu devenir encore plus élevée si la Couronne n'avait pris des
mesures énergiques pour recruter des femmes immigrantes. C'est pourquoi débute
alors l'un des plus célèbres épisodes du peuplement de la Nouvelle-France :
l'arrivée des filles du roi.
Elles quittent la
France dans l'espoir d'une vie nouvelle avec dans leurs
bagages bien du courage et de la détermination. Elles quittent la ville pour
débarquer dans une bourgade, se marier précipitamment, fonder une famille et,
pour la plupart d'entre elles, défricher et cultiver la terre.
Fils d'un marchand drapier, Jean-Baptiste Colbert débuta sa
carrière au service de Mazarin dont il gérait la fortune personnelle.
Travailleur infatigable, homme d'ordre et de dossiers, il fut nommé contrôleur
des finances du roi Louis XIV en 1665. Après avoir cumulé plusieurs fonctions
dans l'administration publique française, il exerça peu à peu son activité dans
tous les domaines de cette administration. Il la réorganisa et développa, pour
l'uniformiser et la simplifier, le système des intendants. Il fut l'un de ceux
qui favorisèrent le peuplement de la Nouvelle-France.
Elles seront plus de huit cents filles à faire la traversée
de l'Atlantique, à venir fonder une famille et peupler le pays entre 1663 et
1673. Femmes immigrantes dont le départ vers l'inconnu était volontaire, elles
sont envoyées en Nouvelle-France pour répondre aux besoins de peuplement de la
colonie.
« Les filles du roi, tout comme leurs devancières, ont été
des femmes courageuses... Émigrer vers des colonies lointaines, peu sûres et au
climat difficile, était une aventure à tenter pour des hommes, mais fort mal vu
à l'époque pour des femmes. »
Elles sont néanmoins parties, quittant la France pour ne plus
revenir. Elles débarquent dans un pays jeune où tout est encore à faire, où
tout reste à bâtir.
Un peu plus de la moitié de ces filles sont des orphelines,
sans dot et donc sans avenir, et la majorité ont moins de 25 ans. Si la plupart
sont originaires de Paris, les autres proviennent des provinces environnantes
dont la Normandie ,
la Bretagne
et l'Ile de France. Le recrutement se faisait principalement à La Salpêtrière , qui
hébergeait les femmes indigentes et les orphelines. On leur enseignait à lire,
à tricoter, à faire de la lingerie, de la broderie et de la dentelle; on leur
donnait un solide enseignement religieux.
« Une fois embauchées, les "filles du roi" étaient
dirigées vers un port de mer, soit Dieppe, soit La Rochelle , où elles
embarquaient sur des navires en direction du Canada. » Le roi défraie le coût
de la traversée et dote les filles du roi de quelques biens essentiels. Leurs
hardes se composent finalement de bien peu de choses.
Un petit coffre, appelé cassette, destiné à ranger des
bijoux ou de l'argent et quelques vêtements dont une coiffe, un bonnet, une
paire de bas, des gants et un mouchoir. On leur remettait aussi des accessoires
pour la couture : des épingles, des aiguilles, du fil et des ciseaux. À ce
petit bagage s'ajoutaient la somme de deux livres en argent pour la traversée
et généralement une dot de cinquante livres pour leur établissement au sein de
la colonie.
Des femmes et des filles avaient émigré au Canada, de 1608 à
1663, recrutées par des communautés religieuses et des seigneurs, mais en très
petit nombre.
« De 1634 à 1663, plus de 200 filles célibataires viennent s'établir
en Nouvelle-France. Prises en charge par les communautés religieuses, elles
portent le nom de filles à marier. En 1654, c'est la reine Anne d'Autriche,
mère de Louis XIV, qui s'occupe de l'envoi d'une dizaine de filles à la colonie
sous la conduite de religieuses ».
Appelées les devancières, elles se distinguent des filles du
roi parce que le voyage et leur établissement au sein de la colonie n'est pas
financé par le roi de France.
La colonie se vidait de ses forces vives à combattre les
Iroquois. Toute la vie coloniale en était affectée. La traite des fourrures,
assise économique du pays, était quasi tombée, si bien que la faiblesse de la
colonie faisait craindre pour son avenir.
La situation financière de la Compagnie des
Cent-Associés était alors loin d'être florissante.
L'avenir du Canada est désormais assuré, grâce à
l'intervention de trois puissants personnages : Louis XIV, Jean-Baptiste
Colbert, Jean Talon.
En 1656, un édit du roi de France permet l'établissement de
l'Hôpital général de Paris pour le renfermement des mendiants de la ville et
des faubourgs de Paris.
Plus de la moitié des 800 filles du roi sont pensionnaires à
la Salpêtrière ,
dépendance de l'Hôpital général de Paris, avant leur émigration. Ce refuge
abritait 1 460 personnes en 1661; on y recevait des filles de petits nobles
pauvres ou gênés, lesquelles jouissaient d'un traitement particulier. La Salpêtrière accueillait
aussi des filles pauvres sans famille et sans dot et par conséquent sans
avenir. À toutes, on leur procurait un solide enseignement religieux. On leur
apprenait à lire, à tricoter, à coudre, à faire la broderie et la dentelle.
Contre vents et marées, la traversée était longue et
pénible. Les passagers s'embarquaient sur les navires pour une durée
approximative de deux à quatre mois. Bien des passagers périssaient de faim, de
soif et de maladie.
Les filles du roi s'embarquaient sur des navires à destination
du Canada soit de Dieppe, soit de La Rochelle. On confiait la direction de chaque
contingent de ces émigrantes à une femme de France ou de la Nouvelle-France ,
bien recommandée et capable de maintenir les protégées sous une discipline
rigoureuse, dans des vaisseaux peu confortables où elles étaient en contact
avec les matelots, les engagés et les soldats. Seulement quelques noms de ces
accompagnatrices subsistent dans les écrits, dont madame Jean Bourdon, dite
Anne Gasnier, et la demoiselle Élisabeth Estienne.
Anne Gasnier et Élisabeth Estienne ont toutes deux
accompagné des groupes de filles durant la traversée entre la France et la colonie, vu à
leur mariage et tâché de rendre plus facile leur établissement.
Les nouvelles épousées et leurs maris s'établissent sur des
terres boisées, en profitant des secours accordés par le trésor royal. Vivant
dans des maisons de bois rustiques, ils s'attaquent vigoureusement à la forêt
avec des outils primitifs et la force de leurs bras.
Anne Gasnier s'était liée d'amitié avec la confidente de
l'intendant Talon. Elle émigre au Canada dans le but de consacrer sa vie aux
miséreux. Elle épousa le 21 août 1655 le seigneur Jean Bourdon, veuf et père de
huit enfants. Après la mort de son mari en 1668, son dévouement pour les bonnes
oeuvres s'intensifia. Elle s'occupa particulièrement des filles du roi,
effectuant plusieurs voyages en France pour les recruter et leur fournir le
gîte et le couvert lors de leur arrivée à Québec. Elle s'intéressait à ses
protégées tant qu'elles n'étaient pas mariées, et même après si nécessaire.
Quant à la demoiselle Étienne, originaire de Paris, elle
aurait été accompagnatrice lors des voyages de 1670 et 1671. La lettre de Talon
à Colbert indique clairement « qu'elle prendra la conduite de celles qu'on
enverra cette année ». En 1670, elle aurait signé cinquante-deux contrats de
mariage des filles du roi, dont elle veillait attentivement à l'établissement
dans la colonie.
En Nouvelle-France, on se marie pendant la période d'arrivée
des navires, c'est-à-dire du mois d'août au mois d'octobre.
Accueillies à leur arrivée chez les religieuses ou logeant
chez des bienfaiteurs, les filles du roi étaient rapidement mariées. Comme la
population de la colonie était majoritairement composée d'hommes, le choix des
prétendants ne manquait pas pour les nouvelles arrivantes. Elles pouvaient se
permettre de choisir le parti le plus avantageux, le mieux étant d'avoir une
habitation. En 1666, lors du recensement, on dénombre 719 célibataires
masculins âgés de 16 à 40 ans et seulement 45 filles célibataires dans la même
tranche
Mère Marie de l'Incarnation
En 1665, Marie de l'Incarnation écrit :
Les petites choses nécessaires à l'entretien d'une maison :
mais ces premières difficultez étant passées, ils commencent à être à leur
aise, et s'ils ont de la conduite, ils deviennent riches avec le temps, autant
qu'on le peut être dans un païs nouveau comme celui-ci.
Au commencement ils vivent de leurs grains, de leurs légumes
et de leur chasse qui est abondante en hiver. Et pour le vêtement et les autres
ustenciles de la maison, ils font des planches pour couvrir les maisons, et
débitent des bois de charpante qu'ils vendent bien cher. Aiant ainsi le
nécessaire, ils commencent à faire trafic, et de la sorte ils s'avancent peu à
peu.
Contre vents et marées, la traversée était longue et
pénible. Les passagers s'embarquaient sur les navires pour une durée
approximative de deux à quatre mois. Bien des passagers périssaient de faim, de
soif et de maladie.
« Ce païs est riche [...] les bleds, les légumes et toutes
sortes de grains y croissent en abondance. Néanmoins [cela] n'empêche pas qu'il
n'y ait ici un grand nombre de pauvres; et la raison est que quand une famille
commence une habitation, il lui faut deux ou trois années avant que d'avoir de
quoi se nourrir, sans parler du vêtement, des meubles et d'une infinité de
Anecdotes
Le contingent féminin de 1668 comptait 78 Filles du Roy. La plus grande partie du groupe était d’origine française, mais on y trouvait quelques filles issues d’autres peuples. Selon Marie de l’Incarnation, religieuse des Ursulines qui s’occupait de ces Filles du Roy, on y trouvait une sauvagesse de la nation du Brésil ou Maure de nation, née au Brésil et baptisée à Lisbonne sous le nom d’Espérance du Rosaire. Mariée à Simon Longueville en 1668, ils n’eurent jamais d’enfant. On trouve aussi une Hollandaise et une jeune Allemande d’origine noble, âgée de 16 ans et originaire de Hambourg, prénommée Anne-Marie Von Seck, francisé Phansèque ou Fanesèque. Elle fit scandale et fit beaucoup parler d’elle à l’époque.
Le contingent féminin de 1668 comptait 78 Filles du Roy. La plus grande partie du groupe était d’origine française, mais on y trouvait quelques filles issues d’autres peuples. Selon Marie de l’Incarnation, religieuse des Ursulines qui s’occupait de ces Filles du Roy, on y trouvait une sauvagesse de la nation du Brésil ou Maure de nation, née au Brésil et baptisée à Lisbonne sous le nom d’Espérance du Rosaire. Mariée à Simon Longueville en 1668, ils n’eurent jamais d’enfant. On trouve aussi une Hollandaise et une jeune Allemande d’origine noble, âgée de 16 ans et originaire de Hambourg, prénommée Anne-Marie Von Seck, francisé Phansèque ou Fanesèque. Elle fit scandale et fit beaucoup parler d’elle à l’époque.
Arrivée en Nouvelle-France dans des circonstances mystérieuses, elle s’installe
à Ville-Marie ( Montréal). Veuve une première fois et délaissée par son
deuxième époux, un homme ivrogne et très violent, elle mène alors une vie de
débauche qui lui occasionne de nombreux démêlés avec la justice, dont plusieurs
passages en prison et condamnation à des amendes. Seule de sa nation, elle
finit tristement sa vie en 1722, délaissée de ses proches. Elle est l’ancêtre
des Leroux dit Rousson et de plusieurs des Cardinal du Québec.
Mère Marie de l'Incarnation écrit, en parlant des hommes
Mère Marie de l'Incarnation écrit, en parlant des hommes
« Les plus avisés commencent à faire une habitation un an
avant de se marier parce que ceux qui ont une habitation trouvent un meilleur
parti. C'est la première chose dont les filles s'informent, et elles font
sagement, parce que ceux qui ne sont point établis souffrent beaucoup avant
d'être à leur aise ».
La rudesse du climat et de la vie a obligé ces femmes à
délaisser les travaux d'aiguille fins au profit d'un artisanat adapté aux
exigences de la vie dans la colonie.
Marie de l'Incarnation, ursuline (15 filles le 18 juin 1665, le premier
contingent du régiment de Carignan-Salières, ainsi nommé parce qu'il est
commandé par le colonel Salières, débarque à Québec. Ils seront plus de mille
hommes envoyés par Louis XIV pour contrer la menace iroquoise. Ils seront
rappelés en France en 1668 puisque les troupes n'ont plus à intervenir après la
paix avec les Iroquois. Un certain nombre d'entre eux s'établiront dans la
colonie.
Pendant leur présence au Canada, le ministre Colbert avait
donné l'ordre à l'intendant Talon d'inciter les soldats à s'habituer à vivre
dans la colonie. Malgré certaines résistances, Jean Talon réussit à convaincre
plusieurs d'entre eux de prendre des terres et de s'y établir. Ils seront plus
de trois cents hommes et officiers à faire ce choix. Pour renforcer cette
volonté, le roi promet une seigneurie aux capitaines de compagnies qui décident
de s'installer sur les bords du Saint-Laurent. Aux soldats désireux de fonder
un foyer, les autorités accordent une somme d'argent et une terre à défricher.
Ceux qui avaient été expédiés en
Nouvelle-France pour combattre vont largement contribuer à peupler le pays.
Bientôt de nouveaux villages apparaissent le long du Richelieu et du
Saint-Laurent : Chambly, Sorel, Varennes, Verchères...
Le 18 octobre 1667, soeur Marie de l'Incarnation écrit qu'il
est venu de France 92 filles qui sont déjà mariées, pour la plupart à des
soldats (du régiment de Carignan-Salières qui s'établissaient en ce pays) et à
des gens de travail.
« C'est une chose prodigieuse de voir l'augmentation des
peuplades qui se font en ce pays. Les vaisseaux ne sont pas plutôt arrivés que
les jeunes hommes y vont chercher des femmes et dans le grand nombre des uns et
des autres on les marie par trentaine ».
Leurs conditions, leurs choix
Ces vestales se voyaient, pour ainsi dire, entassées les
unes sur les autres dans trois salles différentes, ou les épouseurs
choisissaient leurs épouses comme un boucher choisit ses moutons au milieu du
troupeau. Il y avait de quoi contenter les gouts les plus bizarres dans ces
trois harems; car on y trouvait des grandes et des petites, des blondes et des
brunes, des grasses et des maigres. En un mot chacun y trouvait chaussure à son
pied. Il n' en restait plus une seule à prendre au bout de 15 jours. Je me suis
laissé dire que les plus rondelettes partaient les premières, parce qu' on les
croyait plus résistantes aux rigueurs de l' hiver.
Ceux qui désiraient prendre femme s' adressaient aux
directrices, auxquelles il leur fallait faire savoir ce qu'ils possédaient et
leurs moyen d' existence avant de choisir dans l' une des trois classes la
jeune personne qui leur plaisait le mieux. Toute jeune fille était libre de
repousser un prétendant. Après quoi le mariage se concluait, devant un prêtre
et un notaire, et dès le lendemain le gouverneur général faisait offrir au
ménage un bœuf, une vache , deux cochons, un couple de poulets, deux tonneaux
de viande salée et onze couronnes en espèces sonnantes"C' est à mon avis
une façon des plus sommaire de voire cet événement, même si Jean Talon ou
Jeanne Mace se plaignent du peu de respect qu'il leur est accordé à bord des
navires.
L' Age légale du mariage des Filles à cette époque était de 12 ans.
Filles dite du Roy
étaient-elles toutes orphelines?
Toutes ces filles n' étaient pas obligatoirement envoyées en Nouvelle France et il se trouvait sur les différends ports, des filles en partance pour le Québec; mais aussi en partance pour
Aussi il ne faut pas s' étonner de ne pas trouver certains noms au Québec. Même si elles sont sur des listes retrouvées sur les ports, ou au départ des différentes villes de France. Il serait intéressant de retrouver le lieu ou sont parti les autres filles, mais cela serait encore un travail énorme.
«Entre les filles qu'on fait passer ici, il y en a qui ont de légitimes et
considérables prétentions aux successions de leurs parents, même entre celles
qui sont tirées de l'Hôpital Général de Paris».
Marguerite Bourgeois s’occupa de ses filles et leur enseigna
en premier lieu la religion pour stimuler la piété des colons.
Elles les forment même lorsqu’elles seront mariées aux différentes tâches
ménagères qui les attendent : tissage, couture, cuisine, s’occuper du potager,
de la culture, cuisson du pain, cueillir les plantes médicinales.
Elle ouvre une première école en 1658 à Montréal. Il nait
ainsi un système scolaire non seulement pour les enfants mais pour les mères,
les filles du Roy,. Il se tisse ainsi un réseau d’œuvres sociales.
Voici le nombre de filles du roi arrivées à Ville-Marie ou
parfois en Nouvelle-France, avant de s'établir à Montréal
1663 : 8 (36) - 1664 : 2 - 1665 : 14 - 1666 : 5 - 1667 : 9 (90) - 1668 : 13 (80)
1669 : 3 (132) - 1670 : 15 - 1671 : 5 (115) - 1672 : 2 - 1673 : 2
C’est àla Maison
Saint-Gabriel , achetée en 1668, sur les berges du majestueux
Saint-Laurent, près du fort de Pointe-à-Callière, que Marguerite Bourgeoys
accueille les Filles du Roy.
1663 : 8 (36) - 1664 : 2 - 1665 : 14 - 1666 : 5 - 1667 : 9 (90) - 1668 : 13 (80)
1669 : 3 (132) - 1670 : 15 - 1671 : 5 (115) - 1672 : 2 - 1673 : 2
C’est à
Les filles du Roi sont des jeunes femmes célibataires qui
voulaient immigrer en Nouvelle-France au XVIIe siècle pour s'y marier, y fonder
un foyer et établir une famille pour coloniser le territoire. Le Roi de France
agissait comme un tuteur (leur père) en payant les frais de son voyage ainsi
qu'une dot lors de son mariage. Cette dot était ordinairement de 50 livres . Elles étaient
pour la majorité originaires du nord-ouest de la France , souvent orphelines,
élevées dans des couvents, et d'origine modeste.
À la différence des autres Françaises venues en
Nouvelle-France avant 1700, le recrutement des filles du Roi s'effectue la
pluspart du temps en dehors des réseaux familiaux. L'arrivée des filles du roi
a souvent nourri l'imaginaire. Elles sont représentées en dame de cour,
acceuillies par Mgr. De Laval et Jean Talon, alors que la pluspart sont
d'origines modestes.
Premières à peupler
le Québec
Pour peupler la colonie française d’Amérique de la Nouvelle-France
qui a été, à ses débuts, une colonie d’exploitation du commerce des fourrures,
il a fallu fournir aux cultivateurs célibataires, qui ont immigré, des femmes
pour fonder une famille et avoir des enfants. Elles recevaient une dot du Roi
de France qui comprenait des objets utiles à leur nouvelle vie. En contraste,
la colonie anglaise d’Amérique de la Nouvelle-Angleterre
a été directement, dès ses débuts, une colonie de peuplement avec des familles
entières qui ont immigré, réfugiées politiques, économiques ou religieux. La
colonisation espagnole du sud de l’Amérique a été encore bien différente avec
l’idéologie des conquérants venus pour piller et retourner en Espagne avec le
maximum de richesses.
Orphelines, filles de condition modeste, sans fortune, ces
jeunes femmes arrivent dès le 22 septembre 1663 pour peupler la Nouvelle-France. Celles
établies à Montréal ont été accueillies par Marguerite Bourgeoys. Elles sont
environ 800 à être envoyées en Nouvelle-France. Dix ans plus tard, elles
avaient fait tripler la population.
Envoyées par le roi de France Louis XIV à la demande de l’intendant Jean Talon, ces filles avaient en général entre 15 et 30 ans. Elles venaient pour la plupart des orphelinats des villes côtières telles que Honfleur, Dieppe ouLa Rochelle , des Hôpitaux
généraux de Paris, des hospices où étaient gardés les pauvres, les enfants
abandonnés, etc. Elles débarquaient avec une dot du roi (qui était généralement
une draperie et quelques articles ménagers), qui parfois n’était même pas
versée et, six mois plus tard, ces filles étaient généralement mariées.
Envoyées par le roi de France Louis XIV à la demande de l’intendant Jean Talon, ces filles avaient en général entre 15 et 30 ans. Elles venaient pour la plupart des orphelinats des villes côtières telles que Honfleur, Dieppe ou
Les Filles du Roy: le
premier vaisseau numéro 792 Le Saint-Jean Baptiste
Le 2 octobre 1665 le vaisseau de Dieppe en Normandie
arrive avec 82 tant filles que femmes entre autres 50 d'une maison de charité
de Paris et de 130 hommes de travail, commandé par le capitaine Pierre Fillye.
À marier sous la direction de Madame de Bourbon (Anne
Gasnier) dont Catherine de Baillon. Laurent Poulet, capitaine du navire le
Saint-Jean-Baptiste, signe avec Anne Gasnier au contrat de mariage de Catherine
de Baillon le 19 octobre 1669.
C 'est le seul contrat où signe Laurent Poulet.
Août 1669, plein été sur Québec, depuis que le navire
Saint-Jean-Baptiste ,149 jeunes femmes et jeunes filles, a été annoncé, un
frisson d'attente passe sur la ville. C'est que l'arrivée de ce navire-là veut
dire tout à la fois une chance de bonheur et un hasard de loterie. Aussi,
lorsqu'il se met à grandir contre le ciel, chacun se cherche sans doute un bon
prétexte pour avoir à faire du côté du fleuve. Le voilier met l'ancre, tout
odorant de ces longues semaines de mer, rebondi de passagers, de bêtes et de
marchandises.
Les dots étaient de 300 à1100
livres .( les prix devaient être établit selon le rang et
la ‘’valeur’’ de la fille. Pour les filles de la haute société la dot était de
1000 à 3000 livres
environ.
Les dots étaient de 300 à
Selon l'historien Jacques Lacourcière « De 1634 à 1663, plus
de 200 filles célibataires viennent s'établir en Nouvelle-France. Prises en
charge par les communautés religieuses, elles portent le nom de filles à
marier. En 1654, c'est la reine Anne d'Autriche, mère de Louis XIV, qui
s'occupe de l'envoi d'une dizaine de filles à la colonie sous la conduite de
religieuses. Ces filles se distinguent des filles du roi parce que le
voyage et leur établissement au sein de la colonie n'est pas financé par le roi
de France».
http://www.mcq.org/histoire/filles_du_roi/lettre.html
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