ÉDIT DE
FONTAINEBLEAU ( 1685 )
OU
RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES
Pourquoi la Révocation ?
Que dit Louis XIV dans le préambule de l’édit ?
Après avoir rendu hommage à « Henri le Grand, notre
aïeul de glorieuse mémoire», le roi affirme que Henri IV n’a pas pu
«réunir à l’Église ceux qui s’en étaient si facilement éloignés» en raison de
«sa mort précipitée». L’Édit de Nantes étant considéré comme
provisoire, le roi se place dans la continuité de la politique de ses ancêtres.
Profitant d’une période de trêve, «Dieu ayant enfin permis que nos peuples
jouissent d’un parfait repos et que nous-mêmes, n’étant pas occupés des soins
de les protéger contre nos ennemis», Louis XIV accomplissont «grand
dessein», reconstituer l’unité religieuse du royaume.
Nous voyons présentement, avec la juste reconnaissance que
nous devons à Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposés,
puisque la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de ladite R.P.R.(
Religion Prétendument Réformée ) ont embrassé la Catholique. Et
d’autant qu’au moyen de ce l’exécution de l’édit de Nantes et de tout ce qui a
été ordonné en faveur de ladite R.P.R. demeure inutile, nous avons jugé
que nous ne pouvions rien faire de mieux, pour effacer entièrement la mémoire
des troubles, de la confusion et des maux que le progrès de cette fausse
religion a causés dans notre royaume et qui ont donné lieu audit édit et à tant
d’autres édits et déclarations qui l’ont précédé ou ont été faits en
conséquence, que de révoquer entièrement ledit Édit de Nantes .
Nous voyons présentement, avec la juste reconnaissance que nous devons à Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposés, puisque la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de ladite R.P.R.( Religion Prétendument Réformée ) ont embrassé
Et d’autant qu’au moyen de ce l’exécution de l’Édit de
Nantes et de tout ce qui a été ordonné en faveur de ladite R.P.R.
demeure inutile, nous avons jugé que nous ne pouvions rien faire de mieux, pour
effacer entièrement la mémoire des troubles, de la confusion et des maux que le
progrès de cette fausse religion a causés dans notre royaume et qui ont donné
lieu audit édit et à tant d’autres édits et déclarations qui l’ont précédé ou
ont été faits en conséquence, que de révoquer entièrement l'Édit de Nantes .
Que disent les historiens?
Dans la conception de la monarchie absolue de droit divin développée par
l’évêque de Meaux, Bossuet, l’unité de la foi et la conception absolutiste du
pouvoir sont indissolublement liées pour mieux servir Dieu, son Église et le
Roi. L’absolutisme est unanimiste .
En effet, dans une société conçue comme un corps
mystique dont le roi est la tête, le monarque, ministre de Dieu, ne peut se
tromper. Il sait ce qui est bon pour les organes vitaux de ce corps, la
noblesse et le clergé et pour ses bras et jambes, le tiers-état. L’intérêt du
roi et l’intérêt public se confondent.
Le protestantisme qui a introduit la critique d’une partie
vitale de ce corps, le clergé , rompt l’unité garante de l’ordre et la
stabilité du royaume. L’hérésie doit être extirpée car l’hérétique est aussi un
rebelle .
Ainsi, Louis XIV, en supprimant le protestantisme,
sert à la fois ses intérêts et ceux de l’Église. L’État et l’Église se
renforcent. Le roi peut réaliser, comme l’empereur romain Constantin,
l’unité de l’Église et de l’État.
Des raisons politiques : peur du désordre.
Des intendants, comme Marillac et Bâville en Poitou, Foucault en Béarn,
serviteurs de l’absolutisme, pensent que les protestants nuisent à
l’unité du corps social . Peut-être influencés par les jésuites ou par la Compagnie du Saint
Sacrement, ils prennent des initiatives contre les réformés. Ainsi, les
intendants, agents de la centralisation, poussent à la réduction du
protestantisme.
L’influence personnelle de Madame de Maintenon, du Père La Chaize , son confesseur, de
Louvois a joué un rôle dans la révocation. Louis XIV, lui-même n’était pas
hostile aux protestants au début de son règne. Ils les avait remerciés de leur
fidélité pendant la Fronde.
Sa politique s’est donc modifiée au cours du règne, en
fonction des circonstances.
Une conjoncture
extérieure favorable
Fin de la guerre de Hollande ( 1672-1679 ), mais la République de marchands
calvinistes qui est épuisée n’est ni vaincue ni démembrée.
L'ambition de Louis XIV d’être un sauveur de la chrétienté,
comme l’empereur Léopold écrasant les Turcs arrivés aux portes de Vienne en
1683.
Le conflit qui oppose Louis XIV et le pape
Innocent XI dans l’affaire de la régale est dans l’impasse. Le roi de France
perçoit les revenus des évêchés devenus vacants, contre la volonté papale . Il
pense obtenir des concessions en s’attirant les bonnes grâces du souverain
pontife dans son combat contre l’hérésie. Dans cet esprit, il avait
attribué un tiers du montant de la régale à la caisse de conversion qui
fonctionnait depuis 1676.
Quel est le contenu de l’édit?
Défendons à nos dits sujets de la R.P .R. de
s’assembler pour faire l’exercice de ladite religion en aucun lieu ou maison
particulière, sous quelque prétexte que ce puisse être.
Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la religion Catholique, Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume quinze jours après la publication de notre présent édit à peine de galères.
A l’égard des enfants qui naîtront de ceux de ladite R.P.R. voulons qu’ils soient dorénavant baptisés par les curés de la paroisse.
Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la religion Catholique, Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume quinze jours après la publication de notre présent édit à peine de galères.
A l’égard des enfants qui naîtront de ceux de ladite R.P.R. voulons qu’ils soient dorénavant baptisés par les curés de la paroisse.
Faisons très expresses et itératives défenses à nos sujets
de ladite R.P.R. de sortir eux, leurs femmes et enfants, de notre dit
royaume, ... sous peine de galères pour les hommes, et de confiscation de corps
et de biens pour les femmes.»
En résumé
Les pasteurs sont
exilés sans leurs enfants de plus de 7 ans
La célébration du
culte est interdite sous peine de châtiments
Les simples fidèles
n’ont pas le droit de quitter le royaume
Les enfants sont
obligatoirement élevés dans la religion catholique
Les temples restant
sont détruits.
C’est donc la fin de
la législation dérogatoire qui permettait aux protestants d’exercer leur culte
depuis l’édit de Nantes.
C’est la fin officielle du protestantisme dans le royaume de France, sauf en Alsace récemment annexée.
C’est la fin officielle du protestantisme dans le royaume de France, sauf en Alsace récemment annexée.
Des
protestants
Ils sont environ 750 000. Leur nombre a diminué depuis 1598
essentiellement pour des raisons démographiques.
Ils ont perdu leurs privilèges politiques depuis la paix d’Alès en 1629.
Ils sont attachés à leur particularisme religieux dans lequel la famille joue
un rôle essentiel dans la transmission de la foi.
La pratique est vivace et les institutions protestantes ont bien fonctionné jusqu’en 1659.
À partir de 1679, un processus méthodique
d’étouffement se met en place :
Suppression des assemblées locales et du synode national.
Réexamen des droits des temples amenant la destruction d’un
temple sur deux. A partir de 1683, il fallut réserver, dans les temples, une
place pour des catholiques venus écouter le pasteur pour favoriser la délation.
Exclusion des offices dont l’acquisition est
essentielle dans le processus d’ascension sociale des familles protestants,
puis des professions libérales ( avocats, médecins, apothicaires , imprimeurs
et libraires personnages-clés pour la diffusion de la Bible ).
Suppression des chambres de l’édit de Nantes.
Suppression de tous les établissements d’enseignement
au-delà de l’enseignement primaire, ce qui revient à confier l’éducation des
enfants aux catholiques.
Création d’une caisse de conversion pour acheter les
consciences.
Puis, les grandes dragonnades du Midi, 1683-1685, entraînent
des conversions en masse et des départs, tel celui de Pierre Baylé qui va
terminer son dictionnaire philosophique aux Pays-Bas. L’utilisation du logement
des soldats pour contraindre les protestants à se convertir a commencé en 1681,
en Poitou, à l’initiative de l’intendant Marillac.
Des catholiques
Les catholiques, qui forment l’immense majorité des
sujets de Louis XIV, ne se sont jamais résolus à accepter l’existence de
deux religions en France. Pour eux la liberté de conscience est une
faiblesse et une impiété; elle est intolérable. Ils ont d’ailleurs applaudi à la Révocation comme
Bossuet, Fénelon, La Bruyère ,
La Fontaine
, Madame de Sévigné. Très peu , comme Vauban et Saint-Simon la critiquèrent.
Le pape, opposé à Louis XIV dans l’affaire de la régale,
peut attendre du roi très chrétien l’éradication d’une religion qui met en
cause son infaillibilité.
Le clergé constitue un groupe de pression. Son
assemblée demande, à partir de 1660, une application «à la rigueur
» de l’édit de Nantes ce qui contribue à mettre en place progressivement la
législation antiprotestante. Au total, l’édit de Fontainebleau vient couronner
des mesures discriminatoires et des exactions qui ont entraîné des
conversions massives.
Quelles solutions face à la àla
Révocation ?
Abjurer / Partir / Résister
Abjurer
Quelles solutions face à la à
Abjurer / Partir / Résister
Abjurer
Les protestants « NOS ANCÊTRES » doivent non seulement reconnaître leurs erreurs,
renier solennellement la
Réforme , mais aussi se conformer au dogme et aux pratiques
catholiques. Les élites protestantes signent devant un officier du roi, puis le
curé reçoit l’abjuration. Les protestants deviennent officiellement des
nouveaux convertis. La dernière clause de l’édit de Fontainebleau qui laissait
aux reformés la liberté de conscience ne fut pas appliquée. Des nouveaux
convertis étaient contraints d’aller à la messe et même de communier. Partir
200 à 250 000 protestants s’exilèrent vers les Etats protestants d’Europe, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre et même Amérique du Nord et Afrique du Sud. Leurs biens furent confisqués.
200 à 250 000 protestants s’exilèrent vers les Etats protestants d’Europe, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre et même Amérique du Nord et Afrique du Sud. Leurs biens furent confisqués.
Résister
Une minorité résiste, celle qui refuse d’abjurer et se
réunit dans la clandestinité .C’est le culte au Désert Le terme a une
signification géographique - lieu retiré, difficile d’accès - et symbolique car
c’est une épreuve pour les prédicants qui encourent la mort et les fidèles, les
galères à vie. Le Désert a aussi une dimension biblique en rapport avec la
traversée du désert du peuple juif.
Beaucoup de conversions ne sont pas sincères. Malgré la violence de la répression contre les assemblées du Désert, le culte clandestin persiste. Le problème protestant n’est donc pas résolu.
Beaucoup de conversions ne sont pas sincères. Malgré la violence de la répression contre les assemblées du Désert, le culte clandestin persiste. Le problème protestant n’est donc pas résolu.
Pourquoi?
C’est un édit qui émane des milieux juridiques car la
présence des protestants dans le royaume, malgré la Révocation , posait un
problème de droit privé. Comme l'Église avait en charge l’état civil à travers
les registres de catholicité tenus dans les paroisses, les protestants qui
refusaient les sacrements accompagnant les naissances, les mariages, les décès,
n’avaient pas d’existence légale, ce qui posait des problèmes redoutables
pour transmission des héritages . Or, au cours du XVIII siècle, les églises
protestantes ont été restaurées . En 1744, le premier synode national s’était
réuni et les pasteurs enregistraient les premiers baptêmes au Désert . Trente
ans après, c’est toute la communauté protestante qui a basculé au Désert et la
monarchie a dû tolérer un état civil clandestin.
En outre, les mentalités des élites évoluent, sous l’effet de la
philosophie des Lumières, vers plus de tolérance, ce qui n’exclut ni les
tensions entre catholiques et protestants, ni les condamnations pour cause de
religion , le pasteur Rochette est pendu et Calas roué vif
La politique répressive a
échoué.
Quel contenu?
Permettons néanmoins à ceux de nos sujets qui professent une
autre religion que la religion catholique, apostolique et romaine, soit qu’ils
soient actuellement domiciliés dans nos Etats, soit qu’ils viennent s’y établir
dans la suite, d’y jouir de tous les biens et droits qui peuvent ou pourront
leur appartenir à titre de propriété ou à titre successif, et d’y exercer leur
commerce, arts, métiers et professions, sans que, sous prétexte de leur
religion, ils puissent y être troublés ni inquiétés.
L’édit prend acte de l’existence des protestants et
crée un état civil laïque pour les sujets non catholiques du roi . Désormais,
les mariages, les naissances et les décès des protestants pourront être
enregistrés auprès du curé de la paroisse ou d’un officier du roi .
C’est une reconnaissance de la liberté de conscience
mais pas de la liberté de culte.
Louis XIII, Roi de France et
de Navarre
Louis , par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre: à
tous présents et à venir. Salut.
Le Roi Henry le Grand, notre aïeul de glorieuse mémoire,
voulant empêcher que la paix qu'il avait procurée à ses sujets, après les
grandes pertes qu'ils avaient souffertes par la durée des guerres civiles et
étrangères, ne fut troublée à l'occasion de la Religion Prétendue
Réformée, comme il était arrivé sous les règnes des rois ses prédécésseurs,
aurait par son édit donné à Nantes au mois d'avril 1598, réglé la conduite
à tenir à l'égard de ceux de ladite religion, les lieux danslesquels ils en
pourraient faire l'exercice, établi des juges extraordinaires pour leur
administrer la justice, et enfin pourvu même par des articles particuliers à
tous ce qu'il aurait jugé nécessaire pour mantenir la tranquilité dans son
royaume, et pour diminuer l'aversion entre ceux qui étaient de l'une ou l'autre
religion, afin d'être plus en état de travailler comme il avait résolu de faire
réunir à l'Église ceux qui s'en étaient si facilement éloignés.
Et comme l'intention du Roi notre dit aïeul ne put être
effectuée à cause de sa mort précipitée, et que l'exécution dudit édit fût
interrompue pendant la minorité du feu roi notre très honoré Seigneur et Père
de glorieuse mémoire, par de nouvelles entreprises desdits de la Religion Prétendue
Réformée, elles donnèrent l'occasion de les priver de divers avantages qui leur
avaient été accordés par ledit édit.
Louis XIII
Néanmoins notre dit feu Seigneur et Père, usant de la
clémence ordinaire, leur accorda encore un nouvel édit à Nîmes au mois de
juillet 1629, au moyen duquel la tranquilité ayant été de nouveau rétablie,
ledit feu Roi animé du même esprit et du même zèle pour la Religion que le Roi
notredit aïeul avait résolu de profiter de ce repos, pour essayer de mettre son
pieux dessein à exécution, mais les guerres avec les Étrangers, étant survenus
peu d'années après, en sorte que depuis 1635, jusqu'à la Trêve conclue en l,année
1684 avec les Princes de l'Europe, le royaume ayant été peu de temps sans
agitation, il n'a pas été possible de faire autre chose pour l'avantage
de la Religion ,
que de diminuer le nombre des Exercises de la Religion Prétendue
Réformée, par l'interdiction de ceux qui se sont trouvés établis au préjudice
de la disposition des édits, et par la suppression des chambre mi-parties, dont
l'érection n'avait été faite que de provision.
Dieu ayant enfin permis que nos Peuples jouissant d'un
parfait repos, et que nous même n'étant pas occupés des soins de les protéger
contre nos ennemis, ayons pu profiter de cette trêve que nous avons facilitée à
l'effet de donner notre entière application à rechercher les moyens de parvenir
au succès du dessein des Rois nosdits Aïeul et Père, dans lequel nous sommes
entrés dès notre avènement à la
Couronne.
Présentement avec la juste reconnaissance que nous devons à
Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposée, puisque la
meilleure et la plus grande partie de nos sujets de la Religion Prétendue
Réformée ont embrassé la
Catholique. Et d'autant qu'au moyen de ce, l'exécution
de l'Édit de Nantes, et de tout ce qui a été ordonné en faveur de ladite
R.P.R., demeure inutile, nous avons jugé que nous ne pouvions rien faire de
mieux pour effacer entièrement la mémoire
des troubles, de la confusion et maux que le progrès de cette fausse Religion a
causé dans notre royaume, et qui ont donné lieu audit édit, et à tant d'autres
déclarations et édits qui l'ont précédé, ou ont été faits en conséquence, que
de révoquer entièrement ledit édit de Nantes, et les articles particuliers qui
ont été accordés ensuite de celui-ci, et tout ce qui a été fait depuis en
faveur de ladite Religion.
Faisons savoir, que Nous, pour ces causes et autres à ce
nous mouvant, et de notre certaine science, pleine puissance, et autorité
Royale, avons par ce présent édit perpétuel et irrévocable, supprimé et
révoqué, supprimons et révoquons, l'édit du Roi notredit aïeul, donné à Nantes
au mois d'avril 1598, en toute son étendue, ensemble les articles particuliers
arrêtés le deuxième mai en suivant, et les lettres patentes expédiées sur ceux
ci, et l'édit donné à Nîmes au mois de juillet 1629, les déclarons nuls et
comme non advenus ; ensemble toutes les concessions faites, tant par ceux-ci
que par d'autres édits, déclarations et arrêts, aux gens de ladite R.P.R. de
quelque nature qu'elles puissent être, lesquelles demeureront pareillement
comme non advenues : et en conséquence, voulons et nous plaît, que tous les
temples de ceux de ladite R.P.R. situés dans notre royaume, pays, terres et
seigneuries de notre obéissance soient incessamment démolis.
II
Défendons à nosdits sujets de la R.PR. de ne plus s'assembler
pour faire l'Exercice de ladite Religion en aucun lieu ou maison particulière,
sous quelque prétexte que ce puisse être, même d'exercices réels ou de
bailliages, quand bien même lesdits exercices auraient été maintenus par les
arrêts de notre conseil.
III
Défendons pareillement à tous seigneurs de quelque condition
qu'ils soient de faire l'exercice dans leurs maisons et fiefs de quelque
qualité que soient lesdits fiefs, le tout à peine contre tous nosdits sujets,
qui feraient ledit exercice, de confiscation de corps et de biens.
IV
Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne
voudraient pas se convertir et embrasser la Religion Catholique ,
Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume et terres de notre
obéissance, quinze jours après la publication de notre présent édit, sans y
pouvoir séjourner au delà, ni pendant ledit temps de quinzaine n'y faire aucun
prêche, exhortation ni autre fonction, à peine des galères.
V
Voulons que ceux desdits ministres qui se convertiront,
continuent à jouir leur vie durant, et leurs veuves après leur décès, tandis
qu'elles seront en viduité des mêmes exemptions de taille et logement des gens
de guerre, dont ils ont joui pendant qu'ils faisaient la fonction de ministres,
et en outre, nous ferons payer auxdits ministres aussi leur vie durant, une
pension qui sera d'un tiers plus forte que les appointements qu'ils touchaient
en qualité de ministres, de la moitié de laquelle pension leurs femmes jouiront
aussi après leur mort, tant qu'elles demeureront en viduité.
VI
Que si aucuns desdits ministres ne désirent se faire avocat
ou prendre les degrés de docteur ès loi, nous voulons et entendons qu'ils
soient dispensés des trois années d'études prescrites par nos déclarations ; et
qu'après avoir subi les examens ordinaires, et par ceux-ci être jugés capables,
ils soient reçus docteurs en payant seulement la moitié des droits que l'on a
accoutumé de percevoir pour cette fin en chacune Université.
VII
Défendons les écoles particulières pour l'instruction des
enfants de ladite R.P.R., et toutes les choses généralement quelconques, qui
peuvent marquer une concession, quelle que se puisse être, en faveur de ladite
Religion.
VIII
A l'égard des enfants qui naîtront de ceux de ladite R.P.R.,
voulons qu'ils soient dorénavant baptisés par les curés des paroisses.
Enjoignons aux pères et mères de les envoyer aux églises à cet effet là à peine
de 500 livres
d'amende, et de plus grande s'il y échet ; et seront ensuite les enfants élevés
en religion Catholique, Apostolique et Romaine, à quoi nous enjoignons bien
expressément aux juges des lieux de bien tenir la main.
IX
Et pour user de notre clémence envers ceux de nos sujets de
ladite R.P.R. qui se seront retirés de notre royaume, pays et terres de notre
obéissance, avant la publication de notre présent édit, nous voulons et entendons
qu'en cas qu'ils y reviennent dans le temps de quatre mois, du jour de ladite
publication, ils puissent, et leur soit loisible, de rentrer dans la possession
de leurs biens et en jouir tout ainsi et comme ils auraient pu le faire, s'ils
y étaient toujours demeurés; au contraire des biens de ceux qui dans ce temps
là de quatre mois ne reviendront pas dans notre royaume, ou pays et terres de
notre obéissance, qu'ils auraient abandonnés, demeurent et soient confisqués en
conséquence de notre déclaration du vingtième du mois d'août dernier.
X
Faisons très expresses et itératives défenses à tous nos
sujets de ladite R.P.R. de sortir, eux, leurs femmes et enfants, de notre dit
royaume, pays et terres de notre obéissance, et d'y transporter leurs biens et
effets, sous peine pour les hommes de galères et de confiscation de corps et de
biens pour les femmes.
XI
Voulons et entendons que les déclarations entendues contre
les relaps soient exécutées selon leur forme et teneur.
XII
Pourront au surplus lesdits de la R.P .R., en attendant qu'il
plaise à Dieu de les éclairer comme les autres, de demeurer dans les villes et
lieux de notre royaume, pays et terres de notre obéissance, y continuer leur
commerce et jouir de leurs biens sans pouvoir être troublés ni empêchés sous
prétexte de ladite R.P.R. à condition, comme il est dit, de ne point faire
d'exercices ni de s'assembler sous prétexte de prières ou de culte de ladite
religion de quelque nature qu'il soit, sous les peines ci-dessus de
confiscation de corps et de biens.
Si donnons en mandement en nos âmes et nos conseillers les
gens tenant nos cours de parlement, chambre de nos comptes et cours des Aides à
Paris, Baillis, Sénéchaux et autres justiciers et officiers qu'il appartiendra
et à leurs lieutenants, qu'ils fassent lire, publier et enregistrer notre
présent édit, en leur cours et juridictions, même en vacations, et celui-ci
entretenir et faire entretenir, garder et observer de points en points et sans
y contrevenir, ni permettre qu'il soit contrevenu en aucune manière : car tel
est notre plaisir.
Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous
avons fait mettre notre sceau à ces dites présentes.
Donné à Fontainebleau au mois d'octobre 1685. Et de notre
règne le quarante-troisième. Signé Louis.
et sur le repli, visa, Le Tellier, et à côté, par le Roy,
Colbert. et scellé du grand Sceau de cire verte, sur lacs de
soie rouge et verte.
Note :
Le premier paragraphe du dernier article portant le numéro
XII est resté lettre morte et n'a jamais été appliqué.
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