dimanche 3 novembre 2013

Louis XIII - L'Édit de Fontainebleau ou Révocation de l'Édit de Nantes, Pourquoi la révocation? C'est ce qui se passe au Québec présentement, guerres de religions et d'argents, pouvoirs


ÉDIT DE FONTAINEBLEAU ( 1685 )

OU RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES

 

Pourquoi la Révocation?


Que dit Louis XIV dans le préambule de l’édit ?

Après avoir rendu hommage à « Henri le Grand, notre aïeul de glorieuse mémoire», le roi affirme que Henri IV n’a pas pu «réunir à l’Église ceux qui s’en étaient si facilement éloignés» en raison de «sa mort précipitée».  L’Édit de Nantes étant considéré comme provisoire, le roi se place dans la continuité de la politique de ses ancêtres. Profitant d’une période de trêve, «Dieu ayant enfin permis que nos peuples jouissent d’un parfait repos et que nous-mêmes, n’étant pas occupés des soins de les protéger contre nos ennemis», Louis XIV accomplissont «grand dessein», reconstituer l’unité religieuse du royaume.

Nous voyons présentement, avec la juste reconnaissance que nous devons à Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposés, puisque la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de ladite R.P.R.( Religion Prétendument Réformée ) ont embrassé la Catholique. Et d’autant qu’au moyen de ce l’exécution de l’édit de Nantes et de tout ce qui a été ordonné en faveur de ladite R.P.R. demeure inutile, nous avons jugé que nous ne pouvions rien faire de mieux, pour effacer entièrement la mémoire des troubles, de la confusion et des maux que le progrès de cette fausse religion a causés dans notre royaume et qui ont donné lieu audit édit et à tant d’autres édits et déclarations qui l’ont précédé ou ont été faits en conséquence, que de révoquer entièrement ledit Édit de Nantes .

Nous voyons présentement, avec la juste reconnaissance que nous devons à Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposés, puisque la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de ladite R.P.R.( Religion Prétendument Réformée ) ont embrassé la Catholique.


Et d’autant qu’au moyen de ce l’exécution de l’Édit de Nantes et de tout ce qui a été ordonné en faveur de ladite R.P.R. demeure inutile, nous avons jugé que nous ne pouvions rien faire de mieux, pour effacer entièrement la mémoire des troubles, de la confusion et des maux que le progrès de cette fausse religion a causés dans notre royaume et qui ont donné lieu audit édit et à tant d’autres édits et déclarations qui l’ont précédé ou ont été faits en conséquence, que de révoquer entièrement l'Édit de Nantes .
 
                                                        Que disent les historiens?
 
Dans la conception  de la monarchie absolue de droit divin développée par l’évêque de Meaux, Bossuet, l’unité de la foi et la conception absolutiste du pouvoir sont indissolublement liées pour mieux servir Dieu, son Église et le Roi. L’absolutisme est unanimiste .

En effet, dans une société  conçue comme un corps mystique dont le roi est la tête, le monarque, ministre de Dieu, ne peut se tromper. Il sait ce qui est bon pour les organes vitaux de ce corps, la noblesse et le clergé et pour ses bras et jambes, le tiers-état. L’intérêt du roi et l’intérêt public se confondent.

Le protestantisme qui a introduit la critique d’une partie vitale de ce corps, le clergé , rompt l’unité garante de l’ordre et la stabilité du royaume. L’hérésie doit être extirpée car l’hérétique est aussi un rebelle .

Ainsi, Louis XIV, en supprimant le protestantisme, sert à la fois ses intérêts et ceux de l’Église. L’État et l’Église se renforcent. Le roi peut réaliser, comme l’empereur romain Constantin, l’unité de l’Église et de l’État.

                                         Des raisons politiques : peur du désordre.

Des intendants, comme Marillac et Bâville en Poitou, Foucault en Béarn, serviteurs de l’absolutisme,  pensent que les  protestants nuisent à l’unité du corps social . Peut-être influencés par les jésuites ou par la Compagnie du Saint Sacrement, ils prennent des initiatives contre les réformés. Ainsi, les intendants,  agents de la centralisation, poussent à la réduction du protestantisme.
 
L’influence personnelle de Madame de Maintenon, du Père La Chaize, son confesseur, de Louvois a joué un rôle dans la révocation. Louis XIV, lui-même n’était pas hostile aux protestants au début de son règne. Ils les avait remerciés de leur fidélité pendant la Fronde. Sa politique s’est donc modifiée au cours du règne, en fonction des circonstances.

Une conjoncture extérieure favorable 
Fin de la guerre de Hollande ( 1672-1679 ), mais la République de marchands calvinistes qui est épuisée n’est ni vaincue ni démembrée.

L'ambition de Louis XIV d’être un sauveur de la chrétienté, comme l’empereur Léopold écrasant les Turcs arrivés aux portes de Vienne en 1683.

Le conflit qui oppose Louis XIV  et le  pape Innocent XI dans l’affaire de la régale est dans l’impasse. Le roi de France perçoit les revenus des évêchés devenus vacants, contre la volonté papale . Il pense obtenir des concessions en s’attirant les bonnes grâces du souverain pontife dans son combat contre l’hérésie. Dans cet esprit, il avait  attribué un tiers du montant de la régale à la caisse de conversion qui fonctionnait depuis 1676.


                                              Quel est le contenu de l’édit?

Défendons à nos dits sujets de la R.P.R. de s’assembler pour faire l’exercice de ladite religion en aucun lieu ou maison particulière, sous quelque prétexte que ce puisse être.

Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la religion Catholique, Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume quinze jours après la publication de notre présent édit à peine de galères.

A l’égard des enfants qui naîtront de ceux de ladite R.P.R. voulons qu’ils soient dorénavant baptisés par les curés de la paroisse.

Faisons très expresses et itératives défenses à nos sujets de ladite R.P.R. de sortir eux, leurs femmes et enfants, de notre dit royaume, ... sous peine de galères pour les hommes, et de confiscation de corps et de biens pour les femmes.»

                                                             En résumé


Les pasteurs sont exilés sans leurs enfants de plus de 7 ans

La célébration du culte est interdite sous peine de châtiments

Les simples fidèles n’ont pas le droit de quitter le royaume

Les enfants sont obligatoirement élevés dans la religion catholique

Les temples restant sont détruits.

C’est donc la fin de la législation dérogatoire qui permettait aux protestants d’exercer leur culte depuis l’édit de Nantes.
C’est la fin officielle du protestantisme dans le royaume de France, sauf en Alsace récemment annexée.


                                                        A destination de qui?

                                                           Des  protestants

Ils sont environ 750 000. Leur nombre a diminué depuis 1598 essentiellement pour des raisons démographiques.
 
Ils ont perdu leurs privilèges politiques depuis la paix d’Alès en 1629.

Ils sont attachés à leur particularisme religieux dans lequel la famille joue un rôle essentiel dans la transmission de la foi.

La pratique est vivace et les institutions protestantes ont bien fonctionné jusqu’en 1659.

À partir de 1679,  un processus méthodique d’étouffement se met en place :

Suppression des assemblées locales et du synode national.

Réexamen des droits des temples amenant la destruction d’un temple sur deux. A partir de 1683, il fallut réserver, dans les temples, une place pour des catholiques venus écouter le pasteur pour favoriser la délation.

Exclusion des offices dont l’acquisition est  essentielle dans le processus d’ascension sociale des familles protestants, puis des professions libérales ( avocats, médecins, apothicaires , imprimeurs et libraires personnages-clés pour la diffusion de la Bible ).

Suppression des chambres de l’édit de Nantes.

Suppression de tous les établissements d’enseignement au-delà de l’enseignement primaire, ce qui revient à confier l’éducation des enfants aux catholiques.

Création d’une caisse de conversion pour acheter les consciences.

Puis, les grandes dragonnades du Midi, 1683-1685, entraînent des conversions en masse et des départs, tel  celui de Pierre Baylé qui va terminer son dictionnaire philosophique aux Pays-Bas. L’utilisation du logement des soldats pour contraindre les protestants à se convertir a commencé en 1681, en Poitou, à l’initiative de l’intendant Marillac.

                                                               Des catholiques

Les catholiques, qui  forment l’immense majorité des sujets de Louis XIV,  ne se sont jamais résolus à accepter l’existence de deux religions en France. Pour eux la liberté de conscience  est une faiblesse et une impiété; elle est intolérable. Ils ont d’ailleurs applaudi à la Révocation comme Bossuet, Fénelon, La Bruyère, La Fontaine , Madame de Sévigné. Très peu , comme Vauban et Saint-Simon la critiquèrent.

Le pape, opposé à Louis XIV dans l’affaire de la régale, peut attendre du roi très chrétien l’éradication d’une religion qui met en cause son infaillibilité.

Le clergé constitue un groupe de pression. Son assemblée  demande, à partir de 1660,  une application «à la rigueur » de l’édit de Nantes ce qui contribue à mettre en place progressivement la législation antiprotestante. Au total, l’édit de Fontainebleau vient couronner des mesures discriminatoires et des exactions  qui ont entraîné des conversions  massives.
                                        Quelles solutions face à la  à la Révocation?

                                                    Abjurer  / Partir  /  Résister

                                                                  Abjurer

 

Les protestants « NOS ANCÊTRES » doivent non seulement reconnaître leurs erreurs, renier solennellement la Réforme, mais aussi se conformer au dogme et aux pratiques catholiques. Les élites protestantes signent devant un officier du roi, puis le curé reçoit l’abjuration. Les protestants deviennent officiellement des nouveaux convertis. La dernière clause de l’édit de Fontainebleau qui laissait aux reformés la liberté de conscience ne fut pas appliquée. Des nouveaux convertis étaient contraints d’aller à la messe et même de communier. Partir
200 à 250 000 protestants s’exilèrent vers les Etats protestants d’Europe, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre et même Amérique du Nord et Afrique du Sud. Leurs biens furent confisqués.  
                                                                     Résister

Une minorité résiste, celle qui refuse d’abjurer et se réunit dans la clandestinité .C’est le culte au Désert Le terme a une signification géographique - lieu retiré, difficile d’accès - et symbolique car c’est une épreuve pour les prédicants qui encourent la mort et les fidèles, les galères à vie. Le Désert a aussi une dimension biblique en rapport avec la traversée du désert du peuple juif.

Beaucoup de conversions ne sont pas sincères. Malgré la violence de la répression contre les assemblées du Désert, le culte clandestin persiste. Le problème protestant n’est donc pas résolu.  

                                                                    Pourquoi?

C’est un édit qui émane des milieux juridiques car la présence des protestants dans le royaume, malgré la Révocation, posait un problème de droit privé. Comme l'Église avait en charge l’état civil à travers les registres de catholicité tenus dans les paroisses, les protestants qui refusaient les sacrements accompagnant les naissances, les mariages, les décès, n’avaient  pas d’existence légale, ce qui posait des problèmes redoutables pour transmission des héritages . Or, au cours du XVIII siècle, les églises protestantes ont été restaurées . En 1744, le premier synode national s’était réuni et les pasteurs enregistraient les premiers baptêmes au Désert . Trente ans après, c’est toute la communauté protestante qui a basculé au Désert et la monarchie a dû tolérer un état civil clandestin.

En outre, les mentalités des élites évoluent,  sous l’effet de la philosophie des Lumières, vers plus de tolérance, ce qui n’exclut ni les tensions entre catholiques et protestants, ni les condamnations pour cause de religion , le pasteur Rochette est pendu et Calas roué vif
                                                 La politique répressive a échoué.

                                                                Quel contenu?

Permettons néanmoins à ceux de nos sujets qui professent une autre religion que la religion catholique, apostolique et romaine, soit qu’ils soient actuellement domiciliés dans nos Etats, soit qu’ils viennent s’y établir dans la suite, d’y jouir de tous les biens et droits qui peuvent ou pourront leur appartenir à titre de propriété ou à titre successif, et d’y exercer leur commerce, arts, métiers et professions, sans que, sous prétexte de leur religion, ils puissent y être troublés ni inquiétés. 

L’édit  prend acte de l’existence des protestants et crée un état civil laïque pour les sujets non catholiques du roi . Désormais, les mariages, les naissances et les décès  des protestants pourront être enregistrés auprès du curé  de la paroisse ou d’un officier du roi .

C’est une reconnaissance  de la liberté de conscience mais pas de la liberté de culte.

Louis XIII, Roi de France et de Navarre
 
Louis , par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre: à tous présents et à venir. Salut.

Le Roi Henry le Grand, notre aïeul de glorieuse mémoire, voulant empêcher que la paix qu'il avait procurée à ses sujets, après les grandes pertes qu'ils avaient souffertes par la durée des guerres civiles et étrangères, ne fut troublée à l'occasion de la Religion Prétendue Réformée, comme il était arrivé sous les règnes des rois ses prédécésseurs, aurait par son édit donné à Nantes au mois d'avril 1598, réglé  la conduite à tenir à l'égard de ceux de ladite religion, les lieux danslesquels ils en pourraient faire l'exercice, établi des juges extraordinaires pour leur administrer la justice, et enfin pourvu même par des articles particuliers à tous ce qu'il aurait jugé nécessaire pour mantenir la tranquilité dans son royaume, et pour diminuer l'aversion entre ceux qui étaient de l'une ou l'autre religion, afin d'être plus en état de travailler comme il avait résolu de faire réunir à l'Église ceux qui s'en étaient si facilement éloignés.

Et comme l'intention du Roi notre dit aïeul ne put être effectuée à cause de sa mort précipitée, et que l'exécution dudit édit fût interrompue pendant la minorité du feu roi notre très honoré Seigneur et Père de glorieuse mémoire, par de nouvelles entreprises desdits de la Religion Prétendue Réformée, elles donnèrent l'occasion de les priver de divers avantages qui leur avaient été accordés par ledit édit.
 
Louis XIII 
Néanmoins notre dit feu Seigneur et Père, usant de la clémence ordinaire, leur accorda encore un nouvel édit à Nîmes au mois de juillet 1629, au moyen duquel la tranquilité ayant été de nouveau rétablie, ledit feu Roi animé du même esprit et du même zèle pour la Religion que le Roi notredit aïeul avait résolu de profiter de ce repos, pour essayer de mettre son pieux dessein à exécution, mais les guerres avec les Étrangers, étant survenus peu d'années après, en sorte que depuis 1635, jusqu'à la Trêve conclue en l,année 1684 avec les Princes de l'Europe, le royaume ayant été peu de temps sans agitation, il n'a pas été possible de faire autre chose pour l'avantage de  la Religion, que de diminuer le nombre des Exercises de la Religion Prétendue Réformée, par l'interdiction de ceux qui se sont trouvés établis au préjudice de la disposition des édits, et par la suppression des chambre mi-parties, dont l'érection n'avait été faite que de provision.

Dieu ayant enfin permis que nos Peuples jouissant d'un parfait repos, et que nous même n'étant pas occupés des soins de les protéger contre nos ennemis, ayons pu profiter de cette trêve que nous avons facilitée à l'effet de donner notre entière application à rechercher les moyens de parvenir au succès du dessein des Rois nosdits Aïeul et Père, dans lequel nous sommes entrés dès notre avènement à la Couronne.

Présentement avec la juste reconnaissance que nous devons à Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposée, puisque la meilleure et la plus grande partie de nos  sujets de la Religion Prétendue Réformée ont embrassé la Catholique.  Et d'autant qu'au moyen de ce, l'exécution de l'Édit de Nantes, et de tout ce qui a été ordonné en faveur de ladite R.P.R., demeure inutile, nous avons jugé que nous ne pouvions rien faire de mieux pour effacer  entièrement la mémoire des troubles, de la confusion et maux que le progrès de cette fausse Religion a causé dans notre royaume, et qui ont donné lieu audit édit, et à tant d'autres déclarations et édits qui l'ont précédé, ou ont été faits en conséquence, que de révoquer entièrement ledit édit de Nantes, et les articles particuliers qui ont été accordés ensuite de celui-ci, et tout ce qui a été fait depuis en faveur de ladite Religion.

Faisons savoir, que Nous, pour ces causes et autres à ce nous mouvant, et de notre certaine science, pleine puissance, et autorité Royale, avons par ce présent édit perpétuel et irrévocable, supprimé et révoqué, supprimons et révoquons, l'édit du Roi notredit aïeul, donné à Nantes au mois d'avril 1598, en toute son étendue, ensemble les articles particuliers arrêtés le deuxième mai en suivant, et les lettres patentes expédiées sur ceux ci, et l'édit donné à Nîmes au mois de juillet 1629, les déclarons nuls et comme non advenus ; ensemble toutes les concessions faites, tant par ceux-ci que par d'autres édits, déclarations et arrêts, aux gens de ladite R.P.R. de quelque nature qu'elles puissent être, lesquelles demeureront pareillement comme non advenues : et en conséquence, voulons et nous plaît, que tous les temples de ceux de ladite R.P.R. situés dans notre royaume, pays, terres et seigneuries de notre obéissance soient incessamment démolis.

II

Défendons à nosdits sujets de la R.PR. de ne plus s'assembler pour faire l'Exercice de ladite Religion en aucun lieu ou maison particulière, sous quelque prétexte que ce puisse être, même d'exercices réels ou de bailliages, quand bien même lesdits exercices auraient été maintenus par les arrêts de notre conseil.

III

Défendons pareillement à tous seigneurs de quelque condition qu'ils soient de faire l'exercice dans leurs maisons et fiefs de quelque qualité que soient lesdits fiefs, le tout à peine contre tous nosdits sujets, qui feraient ledit exercice, de confiscation de corps et de biens.

IV

Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la Religion Catholique, Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume et terres de notre obéissance, quinze jours après la publication de notre présent édit, sans y pouvoir séjourner au delà, ni pendant ledit temps de quinzaine n'y faire aucun prêche, exhortation ni autre fonction, à peine des galères.

V

Voulons que ceux desdits ministres qui se convertiront, continuent à jouir leur vie durant, et leurs veuves après leur décès, tandis qu'elles seront en viduité des mêmes exemptions de taille et logement des gens de guerre, dont ils ont joui pendant qu'ils faisaient la fonction de ministres, et en outre, nous ferons payer auxdits ministres aussi leur vie durant, une pension qui sera d'un tiers plus forte que les appointements qu'ils touchaient en qualité de ministres, de la moitié de laquelle pension leurs femmes jouiront aussi après leur mort, tant qu'elles demeureront en viduité.
 
VI

Que si aucuns desdits ministres ne désirent se faire avocat ou prendre les degrés de docteur ès loi, nous voulons et entendons qu'ils soient dispensés des trois années d'études prescrites par nos déclarations ; et qu'après avoir subi les examens ordinaires, et par ceux-ci être jugés capables, ils soient reçus docteurs en payant seulement la moitié des droits que l'on a accoutumé de percevoir pour cette fin en chacune Université.

VII

Défendons les écoles particulières pour l'instruction des enfants de ladite R.P.R., et toutes les choses généralement quelconques, qui peuvent marquer une concession, quelle que se puisse être, en faveur de ladite Religion.

VIII

A l'égard des enfants qui naîtront de ceux de ladite R.P.R., voulons qu'ils soient dorénavant baptisés par les curés des paroisses. Enjoignons aux pères et mères de les envoyer aux églises à cet effet là à peine de 500 livres d'amende, et de plus grande s'il y échet ; et seront ensuite les enfants élevés en religion Catholique, Apostolique et Romaine, à quoi nous enjoignons bien expressément aux juges des lieux de bien tenir la main.

IX

Et pour user de notre clémence envers ceux de nos sujets de ladite R.P.R. qui se seront retirés de notre royaume, pays et terres de notre obéissance, avant la publication de notre présent édit, nous voulons et entendons qu'en cas qu'ils y reviennent dans le temps de quatre mois, du jour de ladite publication, ils puissent, et leur soit loisible, de rentrer dans la possession de leurs biens et en jouir tout ainsi et comme ils auraient pu le faire, s'ils y étaient toujours demeurés; au contraire des biens de ceux qui dans ce temps là de quatre mois ne reviendront pas dans notre royaume, ou pays et terres de notre obéissance, qu'ils auraient abandonnés, demeurent et soient confisqués en conséquence de notre déclaration du vingtième du mois d'août dernier.

X

Faisons très expresses et itératives défenses à tous nos sujets de ladite R.P.R. de sortir, eux, leurs femmes et enfants, de notre dit royaume, pays et terres de notre obéissance, et d'y transporter leurs biens et effets, sous peine pour les hommes de galères et de confiscation de corps et de biens pour les femmes.

XI

Voulons et entendons que les déclarations entendues contre les relaps soient exécutées selon leur forme et teneur.

XII

Pourront au surplus lesdits de la R.P.R., en attendant qu'il plaise à Dieu de les éclairer comme les autres, de demeurer dans les villes et lieux de notre royaume, pays et terres de notre obéissance, y continuer leur commerce et jouir de leurs biens sans pouvoir être troublés ni empêchés sous prétexte de ladite R.P.R. à condition, comme il est dit, de ne point faire d'exercices ni de s'assembler sous prétexte de prières ou de culte de ladite religion de quelque nature qu'il soit, sous les peines ci-dessus de confiscation de corps et de biens.

Si donnons en mandement en nos âmes et nos conseillers les gens tenant nos cours de parlement, chambre de nos comptes et cours des Aides à Paris, Baillis, Sénéchaux et autres justiciers et officiers qu'il appartiendra et à leurs lieutenants, qu'ils fassent lire, publier et enregistrer notre présent édit, en leur cours et juridictions, même en vacations, et celui-ci entretenir et faire entretenir, garder et observer de points en points et sans y contrevenir, ni permettre qu'il soit contrevenu en aucune manière : car tel est notre plaisir.

Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre sceau à ces dites présentes.

Donné à Fontainebleau au mois d'octobre 1685. Et de notre règne le quarante-troisième. Signé Louis.

et sur le repli, visa, Le Tellier, et à côté, par le Roy,

Colbert. et scellé du grand Sceau de cire verte, sur lacs de soie rouge et verte.

Note :

Le premier paragraphe du dernier article portant le numéro XII est resté lettre morte et n'a jamais été appliqué.

 

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