dimanche 3 novembre 2013

Louis XIV Les supertitions, sorcières et empoisonneuses



Sorcières et empoisonneuses

Assis sur un seau renversé, maître Nicolas contemple, accablé, les décombres encore fumants de cette ferme qui, hier encore, faisait son orgueil.  Le feu a tout dévoré, bâtiments, outils, bétail, grains amassés pour l'hiver et semailles. Les efforts des villageois, qui ont lutté toute la nuit contre le fléau, se sont avérés vains. «Des flammes venues de l'enfer, oui-da!» marmonne un paysan au visage noirci.

Et tous de renchérir autour de lui, de rappeler les malheurs qui frappent depuis quelques mois la petite.   Dès qu'un accusé est remis à la justice, il est soumis à la torture, les questionnants afin qu'il avoue ses crimes, réels ou supposés.  Plusieurs supplices successifs lui sont infligés. Les menottes sont l'un des plus douloureux, les mains du prisonnier sont broyées entre des morceaux de bois, que l'on resserre en enfonçant des coins.  La plupart du temps, l'accusé reconnaît tout ce qu'on lui demande; son procès peut alors être instruit. Communauté des vaches ont donné naissance à des veaux mort-nés, le blé a pourri sur pied, un chien enragé, venu d'on ne sait où, a mordu des enfants, morts peu après dans d'atroces souffrances.  Pour ces hommes simples, le doute n'est pas permis: le Malin, le diable est à l'œuvre!

Ils savent que certaines personnes, des femmes le plus souvent, vendent leur âme à Satan, en échange de pouvoirs magiques. Elles peuvent jeter des sorts, empoisonner l'eau des puits, faire mourir par maléfice.  Parfois, ils jurent les avoir vues, à califourchon sur un balai, voler dans les airs pour se rendre au sabbat. Déjà, des suspectes sont désignées: ces vieilles femmes, deux sœurs, qui vivent à l'orée de la forêt. Jamais on ne les voit à l'église et tous ils arrivent, dans les campagnes, qu'une personne suspectée de sorcellerie soit soumise à l'épreuve de l'eau. 

Dévêtue, pieds et mains liés, elle est doucement posée sur l'eau de la rivière la plus proche.  Flotte-t-elle?  est une sorcière, car le diable la soutient. Coule-t-elle? On se hâte de repêcher l'innocente et si le monde sait qu'elles ramassent des herbes, fabriquent des tisanes, des onguents.

Qui n'a pas eu recours  à elles pour guérir une entorse, soigner une fièvre, faire disparaître des verrues?  Les langues, une fois déliées, l'imagination, la peur, la jalousie font leur œuvre. Quelques jours plus tard, les soldats en armes entraîneront avec eux deux pauvres vieilles hébétées.   Jetées en prison, torturées, elles ne tarderont pas à reconnaître tout ce dont on les accuse.  Si elles ne meurent pas des sévices endurés, elles seront livrées aux flammes du bûcher.  De tels procédés sont encore monnaie courante au milieu du xvnc siècle.

En 1670, la Normandie est le théâtre d'une frénétique chasse aux sorcières.  Cinq cents personnes arrêtées, soumises à la question, des dizaines de mises à mort ordonnées par le Par]ement de Rouen.   Mais savants, philosophes, hommes d'église en appellent au Roi.   Louis XIV intervient personnellement, fait casser les jugements.   Le temps des bûchers s'achève.  En France, le dernier est dressé en 1679, pour quatre femmes, à Bouvignies près de Lille.

Alain Laprise 03 novembre 2013

 

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