dimanche 3 novembre 2013

Louis XIV - Le clergé sous haute surveillance, Calvin, idée de majesté divine


Les églises sous Louis XIV

Bossuet a tracé un parallèle entre les deux routes et chefs de la Réforme, déclarant que « transportés par leurs succès, ils se sont tous deux élevés au-dessus de l'autorité des pères ». Bossuet, évêque catholique du XVIIe siècle, fait référence aux Pères de l'Église, des hommes comme Irénée de Lyon ou Augustin d'Hippone.

Il était évident pour tous les réformateurs que c'était la Bible qui devait avoir la première place, et elle devait être diffusée à grande échelle et être accessible au plus grand nombre - ce qui favorisera l'alphabétisation des pays protestants. Ni Luther ni Calvin ne sont cependant revenus à l'idéal d'une Église séparée de l'État (comme elle existait à l'époque d'Irénée de Lyon ou de Tertullien de Carthage) ; une Église qui, en conséquence, ne prendrait pas la responsabilité de veiller sur les mœurs d'une cité ou qui ne travaillerait pas dans ce sens en liaison avec les souverains temporels. L'idéal d'une Église totalement affranchie des responsabilités temporelles sera incarné par la branche pacifique des anabaptistes, avec des hommes comme Michael Sattler, Balthazar Hubmaïer ou Menno Simons qui ne doivent pas être confondus avec Thomas Münzer et les illuminés de Münster.
                                                                                                                                                  
Comme le montre Bernard Cottret dans sa biographie de Calvin, le réformateur genevois était aussi un homme de son temps : ainsi, il céda à certaines superstitions de son époque, lorsqu'il accusa de sorcellerie certains habitants de la ville, lors de la peste qui ravagea Genève en 1545. Il serait néanmoins incorrect de ne caractériser l'enseignement de Calvin ou de Luther que par leurs déclarations sur la sorcellerie, reflétant des préoccupations héritées du Moyen-âge. Si l'on considère l'ensemble de leurs écrits, Luther et Calvin ont contribué à lutter contre la superstition, amorçant ainsi l'époque moderne. Ainsi, Calvin combat l'astrologie dans son Avertissement contre l'astrologie judiciaire (1548), à la suite de Jean Pic de la Mirandole.

                                                             La théologie de Calvin

Calvin n'est pas un théologien systématique. Il a étudié le droit et s'est plongé dans la science sacrée sur le tard, lors de sa conversion. Il est par contre pleinement un commentateur de la Bible. Ceci explique pourquoi il est difficile d'isoler dans ses écrits des principes directeurs forts sur lesquels il aura construit une doctrine. "Ce qui constitue les points centraux de cette théologie demeure par conséquent un sujet très débattu".

Par ailleurs, dès la mort de Calvin, à la grande époque de la fixation des courants de pensée réformateurs, la théologie calvinienne a été vue comme une alternative ou une option différente de la luthérienne. De nombreux commentateurs ont donc systématiquement surévalué les différences que les deux présentent, et omis ce qui les rapproche.

La double prédestination

Calvin est le tenant emblématique de la théorie de la "double prédestination", selon laquelle Dieu, dans sa toute-puissance, prédestine certains hommes au salut et d'autres à la perdition, prononçant de toute éternité un jugement sur la foi qui aura ou n'aura pas été la leur, et les œuvres qui en découlent. Cette idée n'est pas, comme telle, première chez Calvin, qui la considère sous l'angle presque juridique du droit absolu que le créateur a envers ses créatures et fonde sur elle une exigence de vénération envers Dieu. Cependant, face au catholicisme et à d'autres communautés protestantes ou réformées, cette idée de la double prédestination est ce qui caractérise le calvinisme.

 L'idée de majesté divine ineffable

Un point central de la pensée calvinienne est ainsi que les attributs de Dieu dépassent tout ce que l'entendement humain peut percevoir et comprendre. Calvin ne cesse de montrer les faiblesses des hommes face à la toute puissance divine. Il expose bien que la plus grande intelligence consacrée à la connaissance de Dieu et la plus grande foi destinée tout entière à son adoration ne pourront jamais lui rendre dignement hommage. "Pourrions-nous faire plus grand déshonneur à Dieu, que de vouloir inclure sa puissance à nos sens ? C'est plus que si un homme voulait clore et la met et la terre en son poing, ou la tenir entre deux doigts, c'est une rage plus excessive." 

Le Christ, centre d'une communauté mystique

En vis-à-vis de cette idée d'un Dieu inaccessible, Calvin pose comme deuxième point central l'invitation de la figure de Jésus Christ à participer à une communion mystique. Cette idée donne la possibilité aux fidèle d'une réalité du salut dans la symbiose symbolique avec le rédempteur. Jésus devient ainsi un médiateur, avec lequel il faut s'unir spirituellement pour atteindre le salut de son âme. La foi est conçue comme une communauté d'esprit avec le Christ, sous l'action du Saint-Esprit.  Dans son institution de la religion chrétienne, la deuxième moitié de l'ouvrage est ainsi entièrement consacrée à ses questions. Cette "communauté mystique" n'est pas l'Église au sens où l'entendent catholiques et orthodoxes, à savoir l'Épouse du Christ, une, sainte, catholique (universelle, plénière) et apostolique.

La confiance en Dieu
 
Alors que les deux premiers aspects de la pensée de Calvin ne sont pas très éloignés de ceux de Luther, un troisième le distingue davantage du moine de Wittenberg. Il s'agit de la volonté farouche d'une confiance absolue dans la miséricorde divine. Autant Luther craint en permanence le courroux divin et cherche les moyens de se rendre juste face à Dieu et d'atteindre la grâce, autant Calvin accepte sereinement les aléas du monde et ne cherche pas dans le monde tangible des signes de la bienveillance divine. Pour lui, et cela se retrouve dans nombre de sermons et d'écrits, l'attente des bienfaits de la justice divine ne doit pas accaparer l'attention des chrétiens, mais bien davantage leur volonté permanente d'être simplement juste envers Dieu et leur prochain.

La "danse macabre" est un thème artistique connu et familier qui t'émoigne des préoccupations et des angoisses de l'époque. Ces représentations mettent en scène des personnages de toutes les catégories sociales, témoignant du fait que la mort touche tout le monde, même les rois et les dignitaires de l'église.

La peur de la mort est accompagnée d'une peur du Jugement dernier. Qu'arrivera-t-il après la mort? Paradis ou Enfer? Les populations européennes ont besoin d'être rassurées et elles se tournent alors vers leurs guides spirituels pour se préparer à faire face à l'ultime jugement.

Jean Calvin, de son vrai nom Jehan Cauvin né à Noyon, Picardie, 10 juillet 1509 à Genève, le 27 mai 1564 est un homme de lettres français, théologien protestant.

Alain Laprise 03 novembre 2013 

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