Les
églises sous Louis XIV
Bossuet a tracé un
parallèle entre les deux routes et chefs de la Réforme , déclarant que «
transportés par leurs succès, ils se sont tous deux élevés au-dessus de
l'autorité des pères ». Bossuet, évêque catholique du XVIIe siècle, fait
référence aux Pères de l'Église, des hommes comme Irénée de Lyon ou Augustin
d'Hippone.
Il était évident pour tous les réformateurs
que c'était la Bible
qui devait avoir la première place, et elle devait être diffusée à grande
échelle et être accessible au plus grand nombre - ce qui favorisera
l'alphabétisation des pays protestants. Ni Luther ni Calvin ne sont cependant
revenus à l'idéal d'une Église séparée de l'État (comme elle existait à
l'époque d'Irénée de Lyon ou de Tertullien de Carthage) ; une Église qui, en
conséquence, ne prendrait pas la responsabilité de veiller sur les mœurs d'une
cité ou qui ne travaillerait pas dans ce sens en liaison avec les souverains
temporels. L'idéal d'une Église totalement affranchie des responsabilités temporelles
sera incarné par la branche pacifique des anabaptistes, avec des hommes comme
Michael Sattler, Balthazar Hubmaïer ou Menno Simons qui ne doivent pas être
confondus avec Thomas Münzer et les illuminés de Münster.
Comme le montre Bernard Cottret dans sa
biographie de Calvin, le réformateur genevois était aussi un homme de son temps
: ainsi, il céda à certaines superstitions de son époque, lorsqu'il accusa de
sorcellerie certains habitants de la ville, lors de la peste qui ravagea Genève
en 1545. Il serait néanmoins incorrect de ne caractériser l'enseignement de
Calvin ou de Luther que par leurs déclarations sur la sorcellerie, reflétant
des préoccupations héritées du Moyen-âge. Si l'on considère l'ensemble de leurs
écrits, Luther et Calvin ont contribué à lutter contre la superstition,
amorçant ainsi l'époque moderne. Ainsi, Calvin combat l'astrologie dans son
Avertissement contre l'astrologie judiciaire (1548), à la suite de Jean Pic de la Mirandole.
Calvin
n'est pas un théologien systématique. Il a étudié le droit et s'est plongé dans
la science sacrée sur le tard, lors de sa conversion. Il est par contre
pleinement un commentateur de la
Bible. Ceci explique pourquoi il est difficile d'isoler dans
ses écrits des principes directeurs forts sur lesquels il aura construit une
doctrine. "Ce qui constitue les points centraux de cette théologie demeure
par conséquent un sujet très débattu".
Par ailleurs, dès la mort de Calvin, à la
grande époque de la fixation des courants de pensée réformateurs, la théologie
calvinienne a été vue comme une alternative ou une option différente de la
luthérienne. De nombreux commentateurs ont donc systématiquement surévalué les
différences que les deux présentent, et omis ce qui les rapproche.
La
double prédestination
Calvin
est le tenant emblématique de la théorie de la "double
prédestination", selon laquelle Dieu, dans sa toute-puissance, prédestine
certains hommes au salut et d'autres à la perdition, prononçant de toute
éternité un jugement sur la foi qui aura ou n'aura pas été la leur, et les
œuvres qui en découlent. Cette idée n'est pas, comme telle, première chez
Calvin, qui la considère sous l'angle presque juridique du droit absolu que le
créateur a envers ses créatures et fonde sur elle une exigence de vénération
envers Dieu. Cependant, face au catholicisme et à d'autres communautés
protestantes ou réformées, cette idée de la double prédestination est ce qui
caractérise le calvinisme.
Un point central de la pensée calvinienne
est ainsi que les attributs de Dieu dépassent tout ce que l'entendement humain
peut percevoir et comprendre. Calvin ne cesse de montrer les faiblesses des
hommes face à la toute puissance divine. Il expose bien que la plus grande
intelligence consacrée à la connaissance de Dieu et la plus grande foi destinée
tout entière à son adoration ne pourront jamais lui rendre dignement hommage.
"Pourrions-nous faire plus grand déshonneur à Dieu, que de vouloir inclure
sa puissance à nos sens ? C'est plus que si un homme voulait clore et la met et
la terre en son poing, ou la tenir entre deux doigts, c'est une rage plus
excessive."
Le
Christ, centre d'une communauté mystique
En
vis-à-vis de cette idée d'un Dieu inaccessible, Calvin pose comme deuxième
point central l'invitation de la figure de Jésus Christ à participer à une
communion mystique. Cette idée donne la possibilité aux fidèle d'une réalité du
salut dans la symbiose symbolique avec le rédempteur. Jésus devient ainsi un
médiateur, avec lequel il faut s'unir spirituellement pour atteindre le salut
de son âme. La foi est conçue comme une communauté d'esprit avec le Christ,
sous l'action du Saint-Esprit. Dans son institution de la religion
chrétienne, la deuxième moitié de l'ouvrage est ainsi entièrement consacrée à
ses questions. Cette "communauté mystique" n'est pas l'Église au sens
où l'entendent catholiques et orthodoxes, à savoir l'Épouse du Christ, une,
sainte, catholique (universelle, plénière) et apostolique.
La
confiance en Dieu
Alors que les deux premiers aspects de la
pensée de Calvin ne sont pas très éloignés de ceux de Luther, un troisième le
distingue davantage du moine de Wittenberg. Il s'agit de la volonté farouche
d'une confiance absolue dans la miséricorde divine. Autant Luther craint en
permanence le courroux divin et cherche les moyens de se rendre juste face à
Dieu et d'atteindre la grâce, autant Calvin accepte sereinement les aléas du
monde et ne cherche pas dans le monde tangible des signes de la bienveillance
divine. Pour lui, et cela se retrouve dans nombre de sermons et d'écrits,
l'attente des bienfaits de la justice divine ne doit pas accaparer l'attention
des chrétiens, mais bien davantage leur volonté permanente d'être simplement
juste envers Dieu et leur prochain.
La "danse macabre" est un thème
artistique connu et familier qui t'émoigne des préoccupations et des angoisses
de l'époque. Ces représentations mettent en scène des personnages de toutes les
catégories sociales, témoignant du fait que la mort touche tout le monde, même
les rois et les dignitaires de l'église.
La peur de la mort est accompagnée d'une
peur du Jugement dernier. Qu'arrivera-t-il après la mort? Paradis ou Enfer? Les
populations européennes ont besoin d'être rassurées et elles se tournent alors
vers leurs guides spirituels pour se préparer à faire face à l'ultime jugement.
Jean Calvin, de son vrai nom Jehan Cauvin né à Noyon, Picardie, 10 juillet 1509 à Genève, le 27 mai 1564 est un homme de lettres français, théologien protestant.
Alain Laprise 03 novembre 2013
Aucun commentaire:
Publier un commentaire